Lettre ouverte aux syndicats signataires de l’accord sur la modernisation du marché du travail : CFDT, Force ouvrière, CFTC, CGC
Il vous a fallu 4 mois de négociation pour signer un accord dit de modernisation du marché du travail qui en fait instaure le début d’une « fléxisécurité » à la française.
C’est soi-disant un accord donnant-donnant :
§
davantage de souplesse lors de l’embauche et du
licenciement pour l’employeur ;
§ pour le salarié, la possibilité de conserver tout ou partie de ses droits, indépendamment des ruptures de contrat, au cours de sa vie professionnelle.
Car à la lecture de l’accord, nous constatons que la flexibilité l’emporte sur la sécurité...
Il est vrai que l’Élysée a pesé
sur vos discussions et que vous aviez
un calendrier très serré...
Il est vrai que vous avez signé cet accord pour éviter que le gouvernement ne se substitue aux partenaires sociaux pour imposer sa propre modernisation du marché du travail et ne durcisse sa position par rapport aux salariés.
Mais, par vos signatures, vous avez fait la preuve de votre inefficacité pour enrayer la déréglementation du droit du travail que vos prédécesseurs ont construit avec force et conviction...
Depuis des années, vous acceptez des accords qui demandent aux salariés de plus en plus de souplesse et d’adaptabilité pour permettre aux employeurs d’être plus efficaces, plus compétitifs et relancer ainsi le marché du travail.
Force est de constater que c’est l’inverse qui se passe : précarisation par la multiplication des contrats à durée déterminée, d’intérim, du sous-emploi par le temps partiel subi, des licenciements pour faute, voire faute grave pour éviter de payer les indemnités de licenciement ou d’avoir à mettre en œuvre des procédures de licenciement pour motif économique, augmentation du nombre des chômeurs et du sous-emploi, bref la création d’une France qui se paupérise qui galère pour survivre...
Tous les arguments que vous avez mis en avant pour légitimer vos signatures sont des arguments politiciens qui sonnent faux.
Mais, un jour, il faudra bien que se pose la question de votre représentativité car celle-ci est exorbitante par rapport aux prérogatives importantes que vous avez en termes de responsabilités normatives par la signature des accords qui modifient le quotidien du monde du travail.
-
vous représentez MOINS DE 10 % des effectifs des
entreprises ;
-
les femmes, les jeunes,
les précaires restent en marge de vos syndicats car ils ne se reconnaissent pas
dans vos combats de maintien d’avantages alors qu’ils n’en possèdent aucun du
fait de leur précarisation ;
- vos adhérents comme vos permanents syndicaux sont éloignés des catégories les plus exposées et des chômeurs que vous devriez davantage soutenir.
D’une manière générale, votre représentativité ne se pose pas seulement en termes d’effectifs, mais également de proximité concrète et idéologique avec les salariés.
Le monde du travail n’est pas dupe ; vous vous êtes décrédibilisés à leurs yeux en cautionnant un accord déséquilibré qui accentue encore une fois les risques de précarisation sans apporter de réelles contreparties aux salariés.
Tous vos discours n’y changeront rien.
Réveillez-vous, soyez inventifs, secouez vos vieilles structures, car un jour vous risquez d’être débordés par des mouvements de citoyens excédés par ce carcan que vous leur imposez sous le regard satisfait du patronat.
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