Lettre ouverte des vétérans de Stalingrad à Madame la Chancelière Angela Merkel [antifascisme]
Madame Merkel,
Soixante-dix ans après la victoire sur les nazis nous sommes là, nous, les anciens combattants de cette terrible guerre, et les participants à cette monstrueuse bataille, prenant conscience qu’en Europe un fantôme erre, le spectre de la peste brune.
Cette fois, c’est l’Ukraine qui sert de foyer à l’idéologie nazie, qui est la source d’une idéologie ultranationaliste, antisémite et barbare, dans le rejet des autres cultures, la violence physique, l’élimination des opposants et le meurtre pour des motifs ethniques haineux
Nous avons devant nous des images connues : défilés aux flambeaux, voyous en uniforme avec des symboles nazis, la main droite levée pour le salut hitlérien, processions fascistes des habitants de Kiev sous la protection policière et, pour finir, les déclarations de hauts représentants du gouvernement ukrainien nous appelant sous-hommes.
Nous l’avons déjà vu, et nous savons où cela mène.
Cette plaie brune sommeille en Ukraine depuis une décennie et elle a débouché sur une guerre civile. Des groupements à tendance nazie comme le Secteur Droit (Praviy Sector), la soi-disant Garde nationale, de nombreuses troupes non officielles mais bien armées comme le bataillon Azov, détruisent la population d’Ukraine orientale avec le soutien de l’armée régulière ukrainienne par ses frappes aériennes et ses tirs d’artillerie lourde.
Ils tuent des innocents pour la seule raison que ceux-ci veulent parler leur propre langue, ont une autre idée de l’avenir de leur pays et ne veulent pas vivre sous le gouvernement des partisans de Bandera.
Ces Bandéristes sont des partisans de l’Armée ukrainienne de libération [UPA, NdT]. Cette armée, comme vous devez le savoir Madame Merkel, s’est battue aux côtés de la Wehrmacht pendant la Seconde Guerre mondiale, avec l’appui de la division SS Galicie, et s’est distinguée par l’assassinat de nombreux juifs soviétiques.
Aujourd’hui, ils mettent en avant l’idéologie de leurs ancêtres en changeant les noms des rues pour les remplacer par ceux de criminels de guerre !
Le pire de l’Histoire du XXe siècle se déroule sous nos yeux à tous. Il n’est pas étonnant que les Bandéristes actuels – avec un relent de fanatisme que nous, les vétérans du front de Stalingrad, n’avons que trop connu – appellent à balayer le Donbass de la surface de la terre et à brûler les citoyens de la partie orientale de leur propre pays au napalm !
Il existe des preuves documentées que des personnes ont été tuées au seul motif d’avoir un ruban de St George [Ruban de Saint-Georges, symbole de la victoire soviétique sur le fascisme, NdT].
Voilà la vérité, Madame Merkel. En Ukraine, en ce moment, il y a une émulation entre les fascistes pour savoir lequel sera le plus digne des héros, le plus brutal. Il ne s’agit pas seulement de quelques remarques antisémites au parlement de Kiev [la Rada, NdT], ou de citations sur la supériorité d’une race sur les autres. Il s’agit véritablement de crimes sanglants dont les victimes se comptent par milliers.
Mais l’Occident prend une très étrange attitude, que nous ne comprenons pas. Cette position peut être interprétée comme de l’indulgence envers l’Ukraine nazie. Sur place, cette position européenne d’indulgence s’impose lentement à la population ukrainienne ainsi qu’en Russie. Et nous aimerions connaître l’opinion du peuple allemand à ce sujet, compte tenu de sa propre expérience historique.
Il est important pour nous de comprendre votre vision, de connaître le point de vue du dirigeant d’un grand peuple, qui sous la peste brune a dû souffrir de terribles sacrifices, mais qui s’en est remis. Nous sommes conscients du combat que votre pays mène contre la résurgence du nazisme et, croyez-nous, nous savons l’apprécier. C’est pourquoi nous nous demandons, au vu de tous vos efforts dans la lutte contre l’émergence du nazisme dans votre propre pays, pourquoi vous ne semblez pas plus consciente du danger d’embrasement dans un autre pays d’Europe.
Pourquoi les dirigeants européens marchent-ils pour soutenir les caricaturistes français assassinés par des terroristes islamistes, et non pas contre le fascisme en Ukraine ? Pourquoi un chef d’État qui ordonne la destruction d’une partie de sa population participe-t-il à cette marche ? Pourquoi douze victimes françaises attirent-elles plus l’attention que des milliers de victimes ukrainiennes russophones ?
Savez-vous combien d’enfants à l’est de l’Ukraine ont été assassinés par les criminels porteurs de symboles nazis sur leurs uniformes ? Voulez-vous le savoir ? Nous allons vous donner la réponse – si vous ne l’avez pas déjà. Pourquoi les peuples d’Europe, immobiles, acceptent-ils cette violence massive en Ukraine ? Cela vient-il du fait que leurs médias n’en parlent pas, quelle que soit l’horreur des faits ? Quelle que soit la vérité ? Quel est le vrai but de ces sanctions économiques ? Affaiblir la Russie en tant que puissance ? Soutenir le fascisme en Ukraine ? Ou pour que nos retraites, à nous vétérans de la guerre, soient détruites ?
Madame Merkel,
La sombre Histoire du XXe siècle nous a donné quelques leçons
La réécriture de l’Histoire : premier pas vers le nazisme
Tous les régimes européens fascistes des années 1920 et 1930 ont commencé de cette façon : réécrire l’histoire. C’est ce qui se passe aujourd’hui en Ukraine : réécriture des livres scolaires et destruction des monuments soviétiques. Le comble du révisionnisme a été atteint par la déclaration du premier Ministre ukrainien Iatseniouk à la télévision allemande : « L’Union Soviétique a envahi l’Allemagne et ensuite Ukraine ! » Nous aimerions savoir ce que vous en pensez,vous qui dirigez un pays dans lequel la négation de l’Holocauste mène à la prison.
La recherche de boucs émissaires
Les régimes fascistes rejettent la faute de leurs échecs et de leurs erreurs sur d’autres groupes ethniques, sociaux ou religieux. Autrefois, c’étaient les juifs et les communistes. Dans l’actuelle Ukraine, les boucs émissaires, ce sont les Russes, la Russie et les russophones. [NDLR : de fait les communistes sont directement visés avec une répression féroce, et la tentative d’interdiction du parti communiste d’ukraine, l’arrestation de nombre de ses membres]
Le nazisme s’étend comme la peste
Quand le nazisme prend le pouvoir dans un pays, il veut se répandre dans le monde entier. On ne peut pas approuver le nazisme dans un pays, en croyant qu’il restera à l’intérieur de ce pays. Les vagues nazies se répandent un peu partout par-delà les frontières du pays. C’est pourquoi on l’appelle aussi la peste brune. Le nazisme doit se combattre dès qu’on en voit les germes, pas seulement quand il est devant la porte de la maison.
Le nazisme ne peut être ignoré
Il faut lui résister. Si quelqu’un pense qu’il peut être ignoré en Ukraine, il se trompe énormément. Il est dans la nature du nazisme de croître dans l’ombre, c’est là même toute sa force. Le nazisme n’est jamais en un seul lieu ; les racines s’étendent, souterraines. La seule méthode efficace contre lui est un combat actif et amer.
La principale arme contre le nazisme est la vérité, dès le début.
La vérité sur l’absence d’humanisme, qui est dans la nature du nazisme, l’essence inhumaine de son idéologie, le comportement de ses adeptes, doit servir à lutter contre la banalisation du nazisme. La vérité historique est la meilleure protection contre le nazisme. Si le gouvernement ukrainien lui-même ne cachait pas l’histoire du pays et de son peuple à la jeunesse, alors il y aurait, en Ukraine, moins d’adhérents nazis. Les vrais médias de masse jouent un grand rôle, ils peuvent contribuer au nazisme par leur indifférence ou bien le combattre.
Madame Merkel
Nous avons en Russie, en tant que successeur de l’Union Soviétique, un devoir particulier et une mission historique. Il y a soixante-dix ans, nous les avons assumés aux prix de millions de victimes dans la guerre contre le nazisme en Europe. Nous avons personnellement, tous à Stalingrad, avec des sacrifices surhumains, non seulement changé notre Histoire, mais aussi celle de l’Union Européenne, oui, l’Histoire du monde. Et nous ne pouvons pas rester indifférents devant cette résurgence du nazisme. Certainement pas à côté de chez nous ! Nous avons lutté, nous allons lutter, et nous vous invitons à vous battre avec nous !
Dans un très célèbre film chez nous en Russie, l’acteur principal, un archétype du chef fasciste déclare : « Dès que vous ne nous saluerez plus par Hallo, mais par Heil !, nous saurons que vous nous attendez, et nous sommes prêts pour commencer avec vous notre grand renouvellement. »
Madame Merkel,
Partout en Ukraine, on entend Heil !, ouvertement, avec un soutien officiel. Il est temps pour l’Europe de bannir ce fléau. Nous espérons que le peuple allemand et toute l’Europe, ensemble avec la Russie, extirpent ces racines de la haine, la tige et la souche.
Remarques de la rédaction de RT :
1. La lettre originale complète en russe est visible ici.
2. La question a été posée au secrétariat de la Chancellerie pour savoir si la lettre avait été remise à la Chancelière, et comment elle envisageait réagir, nous n’avons pas les réponses à ce jour.
Traduit par Toma, relu par jj et Diane.
Le 2 février 2013, à l’initiative du PRCF s’est tenu place Stalingrad à Paris la seule commémoration en France de la victoire de la Stalingrad, avec un réel succès populaire.
lire le compte rendu :
« Stalingrad, on n’oublie pas ! Stalingrad, on continue l’ combat ! »
GRAND SUCCES du MEETING du 70e anniversaire de la victoire de STALINGRAD, le 2 février 2013 à PARIS
ainsi que le dossier spécial d’initiative communiste consacré à Stalingrad (cliquez ici)
Ci-après, la lettre du Conseil des Anciens Combattants de Stalingrad adressée lors de la commémoration des 70 ans de la battaille de Stalingrad, l’année dernière à Paris par le PRCF
Conseil des anciens combattants de la ville de Volgograd sur les 70 ans de Stalingrad
LETTRE DU CONSEIL DES ANCIENS COMBATTANTS DE LA VILLE DE VOLGOGRAD
Lue par M. Alexandre ORLOV, ambassadeur de Russie à Paris
Mesdames et Messieurs ! Chers amis !
Nous les participants de la bataille de Stalingrad, nous vous adressons nos amitiés et nous saluons tous ceux qui se sont rassemblés aujourd’hui sur la place de Stalingrad à Paris.
Hélas, l’état de santé et l’âge vénérable (plus de 90 ans, ce n’est pas rien !) ne nous ont pas permis de nous rendre à Paris pour participer personnellement à cette belle manifestation dédiée au 70e anniversaire de la victoire dans la bataille de Stalingrad. Nous exprimons pourtant notre reconnaissance à tous ceux qui l’ont organisée. Aujourd’hui, le 2 février 2013, nos pensées sont avec vous !
Sachez qu’en ce moment, nos cœurs battent à l’unisson ! Comme vous, nous nous inclinons aujourd’hui devant la mémoire des défenseurs de Stalingrad. Nous nous souvenons de cette grande victoire qui fut le début de la libération de l’Europe du nazisme.
La bataille de Stalingrad tient une place particulière dans le cœur de chacun qui vit sur son sol. Notre peuple a payé cette victoire au prix fort. Il n’y a pas une famille à Stalingrad qui n’a perdu, lors de ces 200 jours de feu, l’un des siens.
Les habitants de Volgograd sont sensibles et reconnaissants à la France moderne de ne pas oublier cet exploit des soldats soviétiques. 77 lieux et endroits portent en France le nom de la ville légendaire de Stalingrad, et nous vous en remercions.
Tirant des leçons de l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, nous nous souvenons aussi du rôle important qu’a joué, dans notre victoire, la Résistance française.
Ce mouvement patriotique a joué un rôle majeur dans la libération de la France des occupants nazis, dans la chute du régime fasciste, le retour et l’épanouissement des droits et libertés démocratiques. Il a largement facilité les opérations des Alliés sur les fronts.
Ensemble, nous avons écrit les pages héroïques de la Deuxième Guerre mondiale, ensemble nous avons forgé notre victoire !
Ce jour glorieux, nous voulons adresser à tous ceux qui se sont rassemblés, ici, nos meilleurs vœux de santé, de la prospérité à vos familles, de la paix et du bonheur pour de longues années.
Vive Paris !
Vive Volgograd !
Vive la Paix dans le monde entier !
A. STRUKOV, Président du Conseil des anciens combattants de la ville de Volgograd
A. KOZLOV, Président de la section « anciens combattants de la bataille de Stalingrad » du Conseil des anciens combattants de la ville de Volgograd
29 janvier 2013
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