Contexte : Jean est un jeune Français qui a vécu en Roumanie. Il a été surpris de rencontrer de nombreux Roumains passionnés, encore, par la langue et la culture françaises. Au cours de multiples conversations, Jean s’est rendu compte que ses interlocuteurs étaient très curieux de la vie qu’on mène en France... A son retour définitif à Paris, il décide d’écrire, un mois après, pour tenter de donner ses impressions de citoyen français revenant de Roumanie à son très cher ami Mihaï, qui a l’intention de venir poursuivre ses études universitaires.
Je suis à Paris depuis un mois, et j’ai beaucoup souffert à mon retour : la vie en France, et plus particulièrement à Paris, n’est pas aussi rose que tu le crois !
A propos des logements à Paris, il en faut du temps pour trouver un appartement. Que de tracasseries administratives ! Des dossiers à compléter, des preuves de ta bonne foi et du sérieux de ton compte en banque.
Et en plus, ils m’ont demandé de leur faire parvenir des lettres de garanties de tes parents, des preuves de ta nationalité, et de tes capacités linguistiques en français.
On m’a même souvent répété : " Vous êtes sûr qu’il n’est pas plombier polonais ? "
Et si ce n’était que cela. Il m’est arrivé d’attendre dans une queue de cinquante personnes et de me faire dire au bout d’une heure et demie d’attente que ce n’était plus la peine d’attendre, l’appartement était déjà loué depuis une heure. Ils auraient pu avoir la décence de nous prévenir plus tôt.
Paris est plus grand que Tirgu Jiu : les immeubles sont si hauts qu’on jurerait qu’ils ne sont habités que par des astronomes. Tu vois bien qu’une ville construite de cette manière, qui a des tours abritant dix à quinze étages les uns sur les autres, est extrêmement peuplée ; et que, quand tout le monde est dans la rue, il y a de tels embouteillages que la pollution automobile produit une atmosphère par moments irrespirable.
Tu ne le croiras peut-être pas, mais depuis un mois, je n’ai vu que des gens pressés, qui passent leur temps à se disputer la priorité, le passage, et les rapports entre les piétons, les cyclistes, les motocyclistes sont devenus des conflits presque guerriers.
Il faut donc te reparler des cyclistes et de leurs comportements.
Ici, pas de respect pour les sens interdits et les feux rouges. Tu peux donc imaginer l’anarchie régnante.
De plus, la nuit, ces cyclistes prétendus écologistes citoyens circulent sans aucun feu de signalisation, et comme ça personne ne peut les voir.
Je suis vraiment étonné qu’on ne parle pas plus de leur inconscience et du réel danger qu’ils représentent pour les autres. Surtout que j’assiste souvent à des scènes invraisemblables, où ces mêmes cyclistes passent devant la maréchaussée, alors que celle-ci semble ignorer complètement les infractions commises.
Ne parlons pas des piétons qui déboulent à tout instant au milieu des rues et traversent en dépit des feux tricolores au rouge !
Et le fin du fin, cela se passe dans le métro. J’enrage comme jamais : passe encore qu’on me passe devant en me coinçant contre les couloirs ; mais je ne peux pardonner les coups de coude, que je reçois régulièrement et périodiquement. L’autre jour, je me suis fait tellement bousculer par des gens qui me croisaient sans arrêt, que je n’avais pas fait cent pas que je ne me sentisse plus exténué que si j’avais marché dix kilomètres dans la plaine du Banat.