Leur programme commun novateur : pareil qu’hier mais avec suppression de la redevance, une heure de sport en primaire...
Électeur, sache qu’on ne change pas une politique qui ne marche pas. On essaie encore ! En la boostant avec des propositions avant-gardistes : supprimer la redevance télé, une heure de sport en primaire, faire travailler quelques heures les bénéficiaires du RSA, construire des centrales électriques nucléaires, renforcer les frontières. Surtout ne pas rétablir l’ISF et avoir le « courage » de reculer l’âge de la retraite. Le programme commun de Macron à Hidalgo avec quelques nuances.
Macron, Pécresse, Le Pen, Zemmour, Dupont Aignan, préconisent le même programme économique, rivalisant seulement sur le niveau des réductions de la dépense publique, la diminution du nombre de fonctionnaires, la baisse des impôts... et tout l’assortiment des « réformes » et mesures appliquées depuis des décennies, finalement totalement inefficaces à en juger par le piteux état de la France aujourd’hui. Et Jadot comme Hidalgo, à la suite de Hollande, proposent d’avoir une démarche compatible avec ça.
D’où ces grands stratèges tiennent-ils leur science économique ?
Des conseils de présumés experts en libéralisme ou néolibéralisme, stipendiés pour répandre l’unique bonne parole économique et l’insuffler dans la tête des pauvres gens crédules parce que désinformés.
Actuel ministre de l’économie, seulement titulaire comme garantie de son expertise … d’un bac économie, ce n’est pas un Bruno Le Maire qui a pu élaborer une telle politique depuis cinq ans. Ou alors voilà une explication de la catastrophe.
C’est la même antique doctrine « libérale » vieille de trois siècles, appliquée en France depuis des décennies, sauf en 1936, 1945, 1981-1982, sur laquelle l’économiste Élie Cohen se vante d’avoir écrit le programme de Hollande puis de Macron qui une fois élu l’a ignoré.
Leur mantra : l’économie est corsetée, par le « coût » du travail prohibitif, par trop d’impôts, trop de prélèvements, trop de dépenses publiques - aides sociales trop prodigues, indemnisation chômage trop généreuse le fameux « pognon de dingue » -, trop de règlementations - droit du travail trop contraignant, justice prudhommale trop complaisante, indemnisation chômage trop tolérante -, trop de normes - standards, codes, protocoles -, services publics trop dispendieux et inefficaces, etc.
Bridée sauf pour les très riches qui engrangent toujours plus de richesses.
Aussi pour eux, il n’y a qu’une politique possible : baisses des dépenses publiques, des cotisations sociales, des impôts (surtout ceux profitables aux plus riches et grosses entreprises, ISF, Flat-tax, exit-tax), stagnation de la masse salariale (sauf pour les grands patrons et des stars du football), réduction des droits sociaux, « libéralisation » des lois travail, chômage, retraite, santé, concentration des services publiques, privatisations, etc.
Pour quel résultat ?
Désindustrialisation, dette publique, déficits du budget, de la balance commerciale, persistance du chômage, baisse du pouvoir d’achat, précarisation des emplois, ubérisation, inégalités sociales abyssales, déclin des services publics, effondrement de l’hôpital, affaissement de l’enseignement, de la recherche, captation des richesses par une infime minorité, inaction contre la crise écologique, etc.
Effondrement des recettes de l’État par « optimisation », évasion, fraudes fiscales, par baisse des impôts des riches et des grosses sociétés, par déluge de subventions stériles CICE, CIR, etc. !!!
Stupéfiant !
Stupéfiant : ils ne se demandent jamais si un pareil échec n’est pas dû justement à leur politique et qu’il vaudrait mieux en changer.
Ça me rappelle une plaisanterie de mon père plombier quand je me trompais en bricolant : « c’est un apprenti qui explique à son patron : "ça fait trois fois que je recoupe ce tube et il est toujours trop court". »
Et le plus incroyable c’est que les français, victimes naïves de cet entêtement, acceptent de continuer à le subir : « nous sommes au bord du précipice mais nous allons faire un grand pas en avant. Super ! Bravo ! »
Ils prétendent qu’ailleurs ça marche.
Prenons l’exemple qu’ils mettent toujours en avant, le cas de l’Allemagne.
Niveau de vie moyen élevé. Balance commerciale très positive. Dette publique réduite. Excédents budgétaires continus. Réserves solides.
Mais.
Réussite au prix du maintien des régions de l’est en grande difficulté, de l’explosion des mini-jobs (geringfügige Beschäftigung) payés au maximum 450 euros ce qui explique le faible taux de chômage, de 14 millions de pauvres, de l’exploitation de la main d’œuvre des pays voisins est-européens et de délocalisation dans ces pays, d’un système social moins favorable - retraite, chômage, pas de SMIC avant 2015 -, d’une infrastructure délabrée, routes, ponts, d’une dette publique effacée en 1950, de faibles dépenses militaires, pas d’interventions armées extérieures, pas d’arme nucléaire.
Grâce aussi à : présence des salariés dans les conseils d’administration des entreprises, syndicats puissants, production de produits de grande qualité plus chers mais plus commercialisables, formation continue performante, pas de régime présidentiel donc gouvernance plus démocratique et politique européenne soumise aux intérêts du pays soit, refus d’harmonisation sociale, politique de l’euro fort pour une inflation basse et libre concurrence bien sûr à l’avantage du plus fort c’est-à-dire l’Allemagne.
Au passage, les mini jobs allemands, ne serait-ce pas faire travailler quinze à vingt heures les bénéficiaires du RSA, dernière proposition de la droite, Macron compris ? Toujours aussi innovants !
Comme ailleurs où s’applique cette politique économique, Italie, Grande Bretagne, États-Unis, France, le bilan présente les mêmes inégalités sociales et régionales qui font que certains vivent bien ou très bien quand d’autres connaissent des grosses difficultés avec une part importante de pauvres. Peut-être avec moins d’acuité en Allemagne côté ouest. Mais partout la tendance est au déclin.
La situation n’est meilleure que dans les pays qui présentent un caractère proche du paradis fiscal, Luxembourg, Hollande, Suisse…
Ce déclin est pourtant élucidé par de nombreuses études : caractéristiques, causes, conséquences et remèdes. (En France études compilées par Ariell Reshef et Farid Toubal. 1) Le processus mis en évidence est nommé polarisation de l’emploi.
Ça a l’air savant mais ça ne l’est pas.
L’emploi est réparti en professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) selon la nomenclature suivante : propriétaires d’entreprises, postes de direction et professionnels hautement qualifiés ; technies ; profession de niveau intermédiaire ; travailleurs des services ; employés de bureau ; ouvriers qualifiés ; ouvriers non qualifiés.
À ces catégories correspond un niveau de revenu et donc un niveau de vie plus ou moins dit favorisé. Et cela forme les différentes classes sociales dont les fameuses classes moyennes dites inférieure, intermédiaire ou supérieure. La majorité des français s’y trouve.
Les études ont mis en évidence une polarisation de l’emploi. C’est-à-dire que l’emploi se concentre de plus en plus sur des types peu qualifiés ou au contraire, très qualifiés et diminue au niveau intermédiaire, ouvriers peu qualifiés, employés de bureau et similaires, soit les emplois des classes moyennes inférieure et médiane en partie.
En simplifiant un peu.
Cette polarisation est due pour une part aux améliorations techniques, logiciels, robot, réseaux, intelligence artificielle, appareils de haute technologie qui exigent des professionnels hautement qualifiés pour les manipuler, les concevoir, les entretenir. Ces évolutions détruisent les emplois qu’ils remplacent. Si les agents touchés n’ont pas un niveau d’instruction suffisamment élevé, il est difficile de les reconvertir dans ces nouveaux métiers.
Cette polarisation est due pour une autre part à la mondialisation où la recherche des coûts de production les plus bas conduit à des délocalisations engendrant une désindustrialisation. Le commerce par internet détruit les emplois de la vente en magasin. Une perte certes compensée par la création de postes dans la logistique mais beaucoup moins bien rétribués.
En conséquence, pour ceux qui baissent de catégorie d’emploi, une diminution du niveau de vie assortie d’une précarisation du travail se produit. L’augmentation en nombre des emplois très qualifiés n’équilibrera pas ce phénomène et concernera une population différente, plus jeune et surtout mieux formée.
Pour pallier cette évolution que peut-on faire d’efficace que nos candidats ne proposent pas parce qu’ils l’ignorent ou font semblant de l’ignorer ?
Donner aux jeunes le niveau de formation le plus élevé possible. D’une part pour leur permettre une entrée dans la vie professionnelle dans les secteurs de haute technologie d’avenir et en forte croissance. D’autre part pour leur préserver la capacité de se reconvertir en fonction de l’évolution des besoins ou des techniques.
Malheureusement, aujourd’hui l’éducation nationale n’atteint ces objectifs que pour une partie des élèves seulement. C’est insuffisant pour assurer un emploi satisfaisant et durable à chacun mais aussi pour assurer la réussite économique du pays.
Assurer une formation continue de haut niveau pour les salariés en perte d’emploi ayant un niveau exploitable de connaissances générales.
Éducation, formation, les investissements nécessaires et suffisants doivent être faits et pour reprendre le slogan macronien, « quoi qu’il en coûte ». Le suffisant sera atteint quand il y aura concordance quantitative et qualitative entre la demande et l’offre d’emplois. Ce n’est pas un coût, c’est un investissement rentable.
Développer à l’extrême la recherche et l’innovation pour hisser la technologie et la qualité de la production nationale au rang de leader mondial.
S’engager dans la transition écologique vers les nouvelles technologies et les nouveaux emplois mais aussi pour assurer l’adaptation aux nouvelles normes environnementales voire la reconversion des anciens secteurs d’activité et la préservation de leurs emplois.
L’État doit investir sans lésiner.
Quant aux emplois moins qualifiés mais pourtant indispensables, ceux dits des « premiers de corvée », il faut en faire des métiers bien rémunérés, reconnus et avec des conditions de travail supportables. L’État doit y pourvoir en apportant le financement complémentaire nécessaire pour y parvenir.
Surtout que les études montrent que c’est dans ce secteur d’emploi que les besoins vont devenir prépondérants et donc qu’une grande partie des salariés vont y être employés, voire la majorité.
Investir, investir, subventionner : l’État finance par quels moyens ?
Par une nouvelle fiscalité juste, équitable, efficiente, réduisant l’optimisation fiscale et faisant revenir dans les recettes budgétaires, le trop plein d’argent capté par les plus riches. Cet argent devenu stérile et improductif pour la nation et sans doute même pour ses propriétaires saturés de richesses.
Par une lutte résolue et opiniâtre contre l’évasion et la fraude fiscales.
En subventionnant les seules entreprises qui améliorent la compétitivité et/ou la qualité et/ou la technicité, et/ou l’innovation, l’impact environnemental, l’emploi, le pouvoir d’achat, les conditions de travail, celles qui n’ont pas pour unique objectif la rétribution d’actionnaires voraces, et cette fois, quoi qu’il en coûte aux… salariés.
Pas les entreprises comme Renault qui reçoit 138,7 millions au titre du Crédit d’Impôt Recherche (CIR) et qui va transférer en Espagne et Roumanie un de ses pôles moteurs, 900 salariés concernés. Ou comme Sanofi qui ferme son site Recherche & Développement de Vitry-Alfortville, après avoir reçu 110 à 130 millions d’euros en 2020 justement pour la recherche et le développement !!!
Enfin, en activant une redistribution solidaire forcément immédiatement réinvestie dans la consommation des biens de première nécessité, souvent de production nationale donc profitable à l’économie marchande nationale et aux finances de l’État par les taxes sur la consommation.
Toutes ces réformes ne contredisent pas les règles européennes et ne dérogent pas aux contraintes des accords internationaux que Macron a eu l’imprudence de signer. Il suffit donc qu’elles soient approuvées en France. Elles sont immédiatement applicables.
Au lieu de ça, Macron, Pécresse, Le Pen, Zemmour, Dupont Aignan, et sournoisement Hidalgo et Jadot proposent de continuer dans ce qui n’a pas marché. Que pourraient-ils faire de plus, de pire : privatisation de la santé, des écoles, des prisons, des retraites, suppression des protections pour les salariés ?
Qu’est-ce qui est proposé de différent ?
Repousser l’âge de la retraite à 65 ans au moins alors que 70 % des plus de 60 ans sont sans emploi !
Ça va changer l’état de la France et le sort des français, ça.
Mais Électeur, c’est de ta faute aussi !
Au lieu de réagir « grégairement » aux chimères du ni de droite ni de gauche, du surtout pas de politique, du tous pourris, du « c’est la faute aux profiteurs chômeurs, pognon de dingue pour les pauvres », du travailleur trop payé, trop protégé, de la faute à l’Europe, de la France aux français, de l’islamisation galopante, de l’invasion maghrébine, du grand remplacement, toutes ces fallacieuses mauvaises raisons du déclin de la France, informe-toi, identifie le vrai du faux, l’efficace de l’inopérant, le sincère du spécieux.
Électeur, crois-moi, tu as un cerveau et tu as le droit de t’en servir pour observer, analyser et prendre une décision fondée sur une vraie conviction éclairée.
Électeur, pendant que les ultra-riches te font croire à tout leur baratin avec leur media partisans et propagandistes, eux ils accumulent subrepticement sans mérite et sans efforts les richesses qui font tellement défaut à la nation et à nous tous pour combattre l’injustice, la misère et la menace de l’extinction de l’humanité.
Électeur tu ne dois plus subir ça.
Et toi abstentionniste devient cet Électeur lucide et clairvoyant pour être utile, actif et peser démocratiquement toi aussi.
1 Ariell Reshef, directeur de recherche au CNRS, associé à l’École d’économie de Paris ;
Farid Toubal, professeur d’économie à l’École normale supérieure, membre du Conseil d’analyse économique.
Tous les deux sont conseillers scientifique au Centre d’études prospectives et d'informations internationales.
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