Liban : un nouveau musée pour réunir art contemporain et patrimoine d’Orient
Au Liban, un musée invite les visiteurs à embarquer dans un voyage dans le temps, de l’Antiquité à nos jours, au moyen d’une centaine d’œuvres d’art qui ont traversé les âges.
J'ai eu le plaisir de le visiter en ce début d'année. Voici un compte rendu de ma visite.
Des œuvres phéniciennes, grecques, romaines et égyptiennes à l’art contemporain. Cette traversée dans le temps a lieu dans le musée Nabu, situé au nord du pays, dans le village d’el-Heri. Des millénaires de travail y sont exposés, avec des œuvres uniques issues de collections privées.
Un projet authentique et novateur
Le musée Nabu se veut promouvoir l’art dans un pays où la culture peine à trouver sa place. Ce projet a vu le jour grâce à l’initiative de trois hommes férus d’arts et d’antiquités. Il s’agit des Libanais Djawad Adra et Fida Jdeed, et du Syrien Badr-el-Hage.
Les œuvres mises en avant dans ce musée sont celles collectionnées par ces trois hommes d’affaires au fil des années. À leurs collections d’antiquités s’ajoutent les créations de quelques artistes contemporains. Le musée présente un savant mélange d’art contemporain et d’œuvres antiques qui revisitent différentes périodes de notre histoire, en partant du 1er siècle après J.-C.
Un musée à l’image de Nabu, le dieu de la sagesse mésopotamien
Le choix du nom « Nabu » est loin d’être le fruit du hasard. À travers ce projet, les fondateurs souhaitent en effet cultiver l’optimisme dans une région ravagée par la guerre. Ils veulent également apporter leur contribution pour le redressement de leur pays après ces années de conflit. Selon eux, la mise en place du musée (et donc la promotion de la richesse culturelle) constitue le meilleur moyen de lui faire honneur.
Ce musée signe donc un nouveau départ pour le pays. Il met en avant une nouvelle image du Liban, où les visiteurs peuvent profiter d’un moment d’émerveillement devant ces œuvres, loin des conflits.
Une exposition d’œuvres inédites
Étant donné que le projet leur tient à cœur, les trois fondateurs n’ont pas hésité à ressortir leurs plus précieuses richesses afin de le concrétiser.
Rassemblées, leurs collections ont rempli le musée de quelque 400 pièces d’œuvres d’art antiques. Une collection rare où l’on peut trouver des pièces qui datent de plus de 3 000 ans.
Les styles retrouvés dans cette collection contribuent également à lui conférer son caractère original. Celle-ci regroupe en effet des œuvres se rapportant à différentes civilisations, celles de la Mésopotamie, du Mashreq ou de la Méditerranée. Le savoir-faire phénicien, grec, romain, égyptien, sumérien ou assyrien est donc à découvrir dans cette collection. Et bien d’autres encore.
En parallèle, le musée abrite une soixantaine d’œuvres signées par des artistes contemporains du monde arabe tels que Moustapha Farroukh, Helen Khal, Ahmad Moualla, Rafic Charaf ou Mustafa Ali.
Toutes ces pièces sont exposées sur deux étages, face à une baie vitrée qui donne sur la mer. Il convient de noter que les collections exposées dans le musée ne représentent qu’une partie des pièces entre les mains des fondateurs. Les œuvres seront remplacées périodiquement afin de pouvoir toutes les exposer.
Un engagement respecté pour le Liban
Le Liban n’a cessé de mettre en œuvre des politiques pour lutter contre le trafic d’Antiquité. Ainsi, fin 2016, les autorités libanaises ont adopté une loi régissant la gestion de ces œuvres antiques, notamment par les particuliers. Dès lors, ces derniers sont tenus de les déclarer auprès du ministère de la Culture.
En 2017, le Liban, en collaboration avec l’UNESCO, a également lancé une campagne visant à protéger le patrimoine national et à lutter contre toutes formes de trafic. La création de ces musées privés s’inscrit dans cette démarche et bénéficie d’un soutien favorable du gouvernement.
Le musée Nabu représente d'ailleurs une initiative parmi tant d’autres. Rappelons que d’autres projets de ce type ont déjà vu le jour ces dernières années. À titre d’exemple, le musée privé Robert Mouawad qui prend place à l’ancienne demeure du collectionneur et homme d’affaires libanais Henri Pharaon. Il met en avant des pièces rares que son père et lui ont réussi à acquérir au travers de leurs voyages dans divers pays.
Dans la périphérie de Beyrouth s’est également installée la Fondation Aïshti, un musée dédié à l’art contemporain. Il est enrichi des collections de son fondateur, Tony Salamé.
Même s’ils ont chacun leur projet, les promoteurs de ces initiatives partagent une ambition commune : se servir de l’art pour dépasser l’image de la guerre.
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