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Libérer la croissance : que penser du rapport de la commission Attali ?

Libération de la croissance française, la commission présidée par Jacques Attali vient de rendre son rapport 2010. C’est l’occasion de porter un regard critique sur la manière dont notre pays conçoit son avenir et sur la manière dont ses élites le voit.

 Je renvoie déjà à l’excellent article de Roland Verhille qui produit une analyse que je pourrais reprendre à mon compte. Je voudrais ici aller plus loin encore et dégager quelques idées fortes.

La composition de cette commission est en soi révélatrice. Une majorité d’hommes, quelques femmes, une composition issue essentiellement de l’élite parisienne, pratiquement aucun expert "écologiste", beaucoup de financiers et de chefs d’entreprise, peu de personnes chargée de la "chose publique". On voit mal comment des idées novatrices pourraient émerger d’un groupe aussi "classique". 

On comprend mal, à la lecture du rapport, quels seront les leviers de cette croissance ? L’économie du savoir, revendiquée comme un saint graal, produit-elle assez de richesse pour cela ? On voit mal pourquoi certaines mesures pourraient déboucher sur de la croissance supplémentaire : en quoi, par exemple, faire des directeurs d’école les supérieurs hiérarchiques de leur collègue pourrait dégager de la croissance supplémentaire ?

En matière d’innovation, on ne peut être que déçu par la proposition de taxe carbone, une déjà vieille idée, une mauvaise idée verte comme je l’ai démontré dans de nombreux articles.

Autre problème de ce rapport : il semble lier fortement retour de la croissance et réduction des déficits publics. Ce postulat relève de l’idéologie plutôt que du bon sens. Tout en long de la deuxième moitié du XXème siècle, l’application des idées de Keynes a montré le contraire.

C’est ainsi que l’on y présente les bons élèves. Les exemples de pays choisis (Nouvelle-Zélande, Canada, Suède) sont des pays qui ont réussi à réduire leur déficit sans forcément déboucher sur une croissance libérée ! Il est piquant d’y trouver aussi l’Irlande qui se trouve actuellement dans une situation très difficile !

Si on veut se faire une idée plus juste des facteurs favorisant réellement la croissance, il faut plutôt aller voir ce qui se fait, par exemple, au Brésil.

Le "miracle brésilien" s’explique par trois faits :

  • une consommation importante des territoires et des espaces liée à l’avancée de la "nouvelle frontière" amazonienne. Cette idée de la corrélation entre territoire et croissance est souvent ignorée.
  • une production manufacturée importante, et donc un tissu industriel vivace, investissant dans les secteurs économiques de pointe.
  • la réduction des inégalités sociales entamée par Lula, il y a une décennie, qui a crée un cercle vertueux, consommation, production et croissance s’alimentant mutuellement.

On mesure à quel point le rapport de la commission Attali s’éloigne de ce schéma.

En s’inspirant du modèle brésilien, que faudrait-il plutôt faire en France ?

D’abord, sortir des rigidités idéologiques actuelles obsédées par le taux de croissance et le taux de déficit.

Ensuite, puisque nous avons déjà consommé nos territoires urbains et péri-urbains, travailler à leur densification et à leur transformation en urbanisme durable et auto-suffisant en énergie.

Puis, créer une dynamique industrielle nouvelle autour de l’économie verte, en injectant de l’investissement dans le tissu des entreprises françaises. Cet argent proviendra de l’économie carbonée désuète et coûteuse grâce au mécanisme des contributions incitatives.

Enfin, revoir le modèle social français en choisissant de l’adapter plutôt que de le réduire. En réfléchissant aussi à un nouveau partage du travail qui remettrait dans le circuit des pans entiers de la société pour un coût social faramineux.

Conclusion : contrairement à l’affirmation des auteurs du rapport, c’est l’Europe toute entière et non la France qui a perdu la croissance. Toutes les recettes présentés dans celui-ci ont donc déjà été essayé ailleurs et ont, toutes, montré leur limite. 

Le salut ne proviendra donc pas de quelques mesures faussement novatrices, il ne peut venir que d’une révolution industrielle et économique qui ne peut être que celle de l’économie verte. Le XIXéme siècle a été le siècle de la première révolution industrielle basée sur le charbon et la machine à vapeur. Le XXéme siècle fut celui de la société de consommation de masse appuyé sur la dynamique du taylorisme. Notre XXIéme siècle ne sera pas uniquement celui de l’économie du savoir, il sera aussi celui d’une économie durable et verte. Et comme pour les siècles précédents, il s’agira d’une Révolution et non de réformes fortement ancrées dans de fausses représentations issus de l’"ancien" XXéme siècle.


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10 réactions à cet article    


  • Kalki Kalki 26 octobre 2010 12:20

    David Autor, (professeur en économie au Massachusetts Institute of Technology) a redémontré que la classe moyenne disparaît en grande partie parce que la technologie à rendu des compétences de la classe moyenne obsolètes.[4][5][6]

    Enfin Jamais Cascio, tenant compte du point culminant du progrès technologique connu actuellement (la singularité technologique), a déterminé trois modèles d’économie possible.[7]

    « Les robots ont volé mon travail ! : Vous pensez ne pas pouvoir être remplacé par une machine ? Détrompez-vous[8]. Les robots sont de plus en plus adroits, capables de faire un nombre croissant de tâches exigeant de la précision et de la force, et les systèmes informatiques sont de plus en plus intelligents, capables de s’attaquer aux emplois nécessitant des compétences de reconnaissance[9][10][11] et de créativité[12][13][14]. Le travail des êtres humains est encore moins cher, pour le moment, mais cette avancée technologique exerce une pression pour la baisse des salaires - et la vieille règle selon laquelle les nouvelles technologies ouvrent de nouveaux domaines de travail à l’homme ne sera pas toujours vraie. Des machines plus intelligentes, et plus capables prendront également ces emplois. »

    Aux États Unis d’Amérique, le DARPA, et quatre agences gouvernemental : le National Institutes of Health, le United States Department of Agriculture, le National Science Foundation, et le Department of Homeland Security, lancent la révolution robotique et vont mettre de robots pour tous les travails, dans hospitauxs, remplaçant les chirurgiens, ou les docteurs, les agriculteurs, les ouvriers, les gardiens, etc[15][16][17][18][19][20]. Sander Olson dit [21]"la robotique connaît une nouvelle vague de financement des gouvernements et de sources commerciales. Ce n’est qu’une question de temps avant que les robots deviennent omniprésents, et les pays ne veulent pas passer à côté de la révolution à venir. Nous assistons donc à des programmes de robotique qui se multiplient dans les Etats-Unis, en Europe et en Asie".

    En Europe, EADS ( Impression 3D, ... ), des grandes entreprises, la division Mechatronics du Deutsches Zentrum für Luft- und Raumfahrt e.V. (DLR)[22], Symop[23], et des projets Européen comme AMARSi[24

    Et vous qu’est ce que vous dites de ça ?

    hxxp ://fr.wikipedia.org/wiki/Économie_de_l’abondance


    • obismey [ Against All Authorities ] obismey [ Against All Authorities ] 26 octobre 2010 14:31

      On en dit que c’est de la science-fiction !


    • Triodus Triodus 26 octobre 2010 14:33

      Par contre un robot-Attali, ça sera tout aussi inutile, divertissant et beaucoup moins cher à l’entretien !


    • iris 26 octobre 2010 14:43

      regardez l’année prochaine consultations médecines par internet-bientot caméras dans chaque foyer on pourra envoyer des images de son corps -tous les trous pourront etre explorés -un robot mémorisera les exemples reçus et formulera la réponse adéquate conçue par un médecin au départ-on ira au dépot chercher ses médicaments comme sa nourriture-comme ses journaux ou autre produits


    • Ernester 26 octobre 2010 15:08
      Libérer la croissance : que penser du rapport de la commission Attali ?Hahahaha, belle tartufferie,

      et une prospérité sans croissance ?
      http://www.alternatives-economiques.fr/prosperite-sans-croissance—la-transition-vers-une-economie-durable_fr_art_932_49684.html

      C’est une perspective que votre religion peut envisager ?


      • Rcoutouly Rcoutouly 26 octobre 2010 15:46

        Quelle religion vous m’attribuez ?

        Vous voulez connaître ma religion en matière économique ?

        Et bien lisez !



        • LE CHAT LE CHAT 26 octobre 2010 16:01

          on devrait l’imprimer sur PQ , encore mieux que le trèfle !


          • Marianne Marianne 26 octobre 2010 16:51

            Je trouve vos remarques pertinentes. J’ai parcouru le rapport mais n’ai pas encore eu le temps de le lire et de l’analyser. Donc je reviendrai commenter après ...

            Premières impressions :
            Intéressant diagnostic avec synthèse chiffrée, comparaison avec autres pays,...
            Je ne le trouve pas assez ambitieux (tableau p.34) sur les objectifs 2010 de réduction de la pauvreté et d’échec scolaire.
            En gros, poursuite de la baisse des dépenses publiques, des remboursement santé et allocations familiales, définition d’une stratégie commune avec l’Allemagne de finances publiques et de croissance, augmentation des impôts par élargissement de l’assiette mais sans toucher aux taux ni au bouclier fiscal, TVA sociale, flexsécurité à la française, priorité à l’école primaire et à l’emploi des jeunes ...

            Quelques points injustes (préservation du bouclier fiscal, TVA sociale qui en améliorant la compétitivité des entreprises pèserait sur la consommation des classes moyennes et des plus pauvres, élargissement des assiettes imposables mais pas de nouvelle tranche d’IR,...).

            Rien sur le système bancaire, pas grand chose sur les PME, le développement d’autres formes de financement pour les micro-entreprises (pourtant Attali est spécialiste du microcrédit),

            Rien sur la sensibilité de la dette publique aux marchés financiers, du fait notamment de sa détention au 2/3 par des investisseurs étrangers (nous devrions recommander de faire comme au Japon, la financer à partir de fonds d’épargne domestique, de type livret A ou OPCVM spécialisées dans lequel les Français investiraient facilement leurs économies liquides.


            • Login 26 octobre 2010 17:46
              Désolé. Attali est surement un esprit brillant mais à semer dans la même terreau il produit toujours les mêmes fruits, fruits dont on a pu juger de la saveur. Rien de nouveau, 

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