Liberté d’expression politique ou liberté d’expression sociale pour les militaires ?...
" La liberté d'opinion et d'expression que l'on peut définir comme « la possibilité d'exprimer librement ses opinions sans en être inquiété par autrui » est l'une des premières libertés politiques et plus généralement libertés fondamentales." Source : Wikipedia
On a eu trop tendance à penser que cette liberté d'expression n'est dédiée qu'à une critique politique. C'est d'ailleurs ce qui a freiné son développement dans l'Armée, en tentant de faire croire que toute critique était une trahison à la discipline militaire.
L'évolution de la société française, mais aussi la professionnalisation des militaires dans un contexte d'Armée de métier a modifié ce postulat.
Mais la libre expression dans l'Armée a deux aspects : politique mais aussi et surtout sociale.
Un grand nombre de militaires, essentiellement des sous-officiers, revendique à juste titre une égalité de traitement en ce qui concerne l'expression sociale. Ils n'ont aucune conviction partisane, et c'est bien cela qui les rend honorable car ils ont une idée bien claire de leur fonction régalienne, et du danger du mélange des genres.
Les réformes récentes dans le ministère de la Défense, le mépris exprimé sans complexe par certaines personnalités politiques mais aussi parmi quelques officiers n'ont fait qu'accentuer leur envie d'émancipation et d'intégration dans la société française.
Certains officiers, comme le Général Desportes, revendiquent une liberté d'expression politique, mais à la question de Mme Sanchez (secrétaire de l'association Militaires et Citoyens) :
« Dans une interview récente vous utilisez le terme de féodal pour qualifier les rapports hiérarchiques dans la société française il est certain que cette féodalité est particulièrement aiguë en bas de l'échelle, pour le soldat du rang.
Est-ce que le droit d'expression du soldat ne passe pas obligatoirement par le droit de former des associations professionnelles ? »
Il répond qu'il est opposé à la création d'associations professionnelles. Sorte de « faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais ».
La situation est d'autant plus risible qu'il parle de discipline dans les Armées, là où lui se permet d'outrepasser ses obligations de Général 2ème section pour exprimer son point de vue en se camouflant derrière son CV d'expert défense.
La remontée des problèmes sociaux des subordonnés doit d'après lui absolument passer par la hiérarchie et ceux-ci ne seront entendus que dans ces conditions.
On comprend donc les limites de son raisonnement et le manque d'objectivité de ses convictions.
Ce qui me dérange le plus, c'est qu'il a tendance à « surfer » sur un mécontentement des subordonnés pour justifier une liberté revendiquée au nom de tous mais dont la jouissance ne sera limitée qu'à une caste de Saint -Cyrien.
J'ai une toute autre vision de la démocratie sociale, sûrement moins ancrée dans la féodalité à une pseudo « élite », mais plus proche des réalités de terrain, moins intéressée par son petit pouvoir, mais plus honnête et solidaire.
La représentation des militaires, avec ses diversité sociales, géographiques, culturelles, religieuses, philosophiques et politiques ne peut pas être confiée à des femmes et hommes qui n'ont que peu de liens et peu de réalités du quotidien de leurs subordonnés (leurs subordonnés et non « leurs hommes » : ce terme a une connotation de propriété et ajoute une notion d'esclavagisme), le danger réside dans la confiscation des intérêts sociaux de tous par (mais aussi pour) la prolifération de doctrines politiquement contestables au profit d'une haute hiérarchie, elle aussi contestable et contestée.
Il n'y a nul doute que les sous officiers et les militaires du rang ne se reconnaîtraient pas au travers des propos d'un Général, tout comme ils ne se reconnaissent pas dans ces simulacres de consultation catégorielle que sont les Conseils de la Fonction Militaire.
Le monopole d'une « élite » militaire sur les idées géopolitiques et économiques ainsi décrit par le Général Desporte est particulièrement dangereux.
N'oublions pas que notre sacrosaint neutralité est la garante de notre dévotion à la Nation.
Confondre liberté d'expression et lobbyismes militaires est extrêmement périlleux, c'est pourtant par ce tour de passe passe que certains Généraux tentent d'ouvrir une voie très glissante vers une expression politique « des élites militaires » en se voulant être maitre chez eux.
Cette perspective est à l'antipode d'une représentation sociale égalitaire et elle serait un retour en arrière de plusieurs décennies !
Ne laissons pas certains s'accaparer ce qui leur appartient pas !
L'ensemble des personnels militaires ne sont ni leur faire valoir, ni leurs terreaux à ambition.
Ouvrons la porte de la liberté d'expression sociale pour tous et non la parole politique pour quelques opportunistes aux dents bien aiguisées !
Quelques liens intéressants pour approfondir ou dialoguer sur les sujets militaires :
Forum Militaires et Citoyens, l'association de défense des droits des militaires (ADEFDROMIL), La Grogne en Gendarmerie
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