Libye, gangrène de l’Europe du Sud ?
Au lieu de se mêler du bourbier qui étouffe l’Ukraine, histoire peut-être de dégonfler, sur les conseils – ou les ordres - de l’Oncle Sam, les muscles du russe Poutine (« la Russie a un gros potentiel atomique » aurait dit le tsar, en réponse à une éventuelle intervention armée des occidentaux), au lieu de reluquer avec obstination du côté de la Syrie (n’est ce pas « the frenchie aux cheveux rares » Fabius) ou s’occuper de l’Irak et de l’Afghanistan et fermer les yeux sur les exactions d’Israël, l’Union Européenne (qui n’a de volonté que le mot Union) ferait mieux de faire gaffe, sur son flanc Sud, à la Libye qui pourrait très bien y exporter sa « gangrène ».
Car là bas, juste en face de Malte, l’Italie, de la France et de la Grèce, à quelques lieues seulement en Mer Méditerranée, le volcan vomi sa bave meurtrière sur le peuple. Exactement depuis qu’il a été soi-disant « libéré » par l’inénarrable duo de l’inconscience, les fumeux Sarkozy et BHL. Avec à la clé, une distribution incohérente et massive d’armements multiples entre toutes les mains. Le terrorisme, presque souvent religieux, s’y est installé en masse et tout récemment encore une quinzaine de soldats d’une armée libyenne famélique ont payé de leur vie des affrontements près d’un aéroport non loin de Benghazi.
Les « combattants islamistes » de Fajr Libya (Eclatons la Libye) sont les plus actifs et les plus redoutables. Participant à de violents combats dans la région de Benghazi et après avoir conquis l’aéroport de Tripoli ainsi que contrôler la ville, ils ont diffusé le 31 août, une vidéo, occupant symboliquement les locaux de l’ambassade américaine « afin d’éviter tout pillage » ont-ils dit. L’ambassadrice Deborah Jones, refugiée à Malte depuis l’évacuation de son personnel, a confirmé l’authenticité des images qui montrent des hommes armés autour de la piscine du territoire diplomatique US, se baignant, tournant en dérision l’Etat américain.
De son côté, le gouvernement libyen, démissionnaire le 28 août après deux mois d’existence, exilé à Tobrouk, à l’est du pays, à 1600 kilomètres de Tripoli, a annoncé dans un communiqué publié et relayé par les médias tunisiens, dans la nuit du dimanche au lundi 1er septembre 2014, qu’il ne contrôle plus les institutions de l’Etat, désormais sous l’emprise des milices armées de Fajr Libya. « Les sièges des ministères et des services publics à Tripoli ont été occupés par des milices armées. Celles-ci empêchent, sous la menace, les fonctionnaires d’y accéder… En attendant la formation d'un nouveau gouvernement, nous tentons d’assurer la continuité de ces services en gardant le contact avec les responsables des ministères et des services de l’Etat », indique le communiqué.
Ce chaos libyen n’et pas sans inquiéter la Tunisie toute proche. Ce petit pays a été contraint de dispatcher l’exil de dizaines de milliers de citoyens libyens et étrangers et de lutter militairement (en payant un lourd tribu humain) dans sa bande frontalière avec son voisin mais aussi dans sa propre région montagneuse du sud face à des groupes sanguinaires composés de terroristes locaux ainsi que de libyens infiltrés et algériens. Mais voilà que son rôle de président de l'ensemble de la commission de l'Union africaine des pays du voisinage de la Libye depuis sa création au dernier sommet de Guinée, l’oblige à participer et coordonner le rétablissement de la paix en Libye en compagnie de l’Algérie et de l’Egypte et avec l’aide, bien entendu parallèle et souterraine, du principal intéressé qu’est l’Occident (USA et France, surtout, aide financière et des forces spéciales) mais aussi depuis peu de la…Russie.
Cette dernière a décidé « d’assister la Tunisie dans la lutte contre le terrorisme en lui fournissant à brève échéance du matériel militaire et sécuritaire (jumelles de vision nocturne, gilets pare-balles), outre l’éventuelle organisation de sessions de formation dans ce domaine, tout en offrant une aide de 500 millions de dollars » En contre partie il a été convenu d’accroître les exportations tunisiennes de denrées agricoles vers la Russie (huile d’olive, poisson, poulet, légumes, fruits, notamment), à la suite de l’embargo russe sur les importations alimentaires en provenance des pays de l’Union européenne..
Côté américain, en visite en Tunisie pour la deuxième fois consécutive depuis qu’il a pris le commandement pour les Etats Unis d’Amérique de l’Africom en 2013, le général Rodriguez a estimé dans un long communiqué « que la Tunisie et les USA font face à une menace commune que représentent Al-Qaïda et les organisations qui y sont affiliées, lesquels font usage de la violence et du terrorisme. » Rappelant que les Etats-Unis avaient accordé à la Tunisie « depuis 2011 plus de 100 millions de dollars US sous forme d’assistance à l’armée tunisienne, une rallonge de 60 millions de dollars US supplémentaires seront versés en en 2015. »
Les aides accordées à la Tunisie, a-t-il indiqué, concernent de nouveaux secteurs prioritaires « dont la formation, le matériel de détection et de neutralisation des mines, les embarcations pour la marine destinées à la surveillance côtière, outre des manœuvres conjointes avec les forces de l’armée tunisienne pour la lutte contre le terrorisme. » Il est bon de rappeler que la première aide s’était soldée par un lot important de matériel militaire lourd « rapatrié » d’Irak.
Après avoir ainsi bien armé les tunisiens, peuple réputé depuis toujours pour être si peu belliqueux, l’étoilé yankee, au sujet de la Libye a mis l’accent sur « l’impératif de faire prévaloir une solution pacifique …la violence n’est pas une solution » avant de révéler que les « USA sont en concertation avec la communauté internationale pour trouver une solution pacifique, affirmant la volonté de mettre en place une stratégie pour protéger les citoyens libyens. » Il en est vraisemblablement de même avec la France, dont les multiples voyages effectués en Tunisie par le Ministre des Affaires Etrangères (il y était encore « en villégiature » fin aout à Madhia) ont été accompagnés d’un mutisme pourtant loquace question conseils, aides voire même désirs et qui sait injonctions dites « amicales ».
En droite ligne de la politique actuelle de l’Empire. Pour notre propre intérêt, on engage les autres à se faire tuer par des ennemis que nous avons-nous-mêmes crées. Comme en Ukraine, Irak, en Afghanistan et, Syrie, Egypte, et même en Israël (pourquoi pas ?)… puis donc en Libye où pourtant USA et France s’étaient opposés au choix du gouvernement le 25 juin dernier, les français préférant un chef au passé islamiste (conseillé par le trublion BHL)...
Avec des élections législatives et présidentielle proches et menacées par la mouvance islamiste (un député profondément laïc a subi à Kasserine il y a 48 heures une tentative d’assassinat), la « pauvre » Tunisie alliée de l’Occident depuis si longtemps, pièce maîtresse de l’Afrique du Nord francophone et européenne, n’a surtout pas à supporter seule une telle tâche, celle de libérer la Libye de l’obscurantisme comme elle est en passe de le réussir chez elle.
18 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON