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Accueil du site > Tribune Libre > Lobbies, conflits d’intérêts : le scandale des perturbateurs (...)

Lobbies, conflits d’intérêts : le scandale des perturbateurs endocriniens

Connaissez-vous les perturbateurs endocriniens ? Si oui, vous êtes sans doute un consommateur avisé car beaucoup de français n’en ont jamais entendu parler. Pourtant, leur utilisation dans l’industrie est généralisée, on les trouve quasiment partout : les cosmétiques, l’alimentaire, les médicaments, les détergents, les pesticides, les plastiques etc.

Ce sont des composés chimiques qui confèrent aux produits industriels certaines propriétés :

On utilise par exemple les phtalates pour assouplir les plastiques, les parabènes pour éviter les moisissures dans les cosmétiques, le téflon comme imperméabilisant ou antiadhésif.

Ce sont au total plus de 500 molécules utilisées dans la fabrication des produits du quotidien comme le dentifrice, les peintures, les déodorants, les crèmes, les jouets et la liste et non exhaustive…

En quoi les perturbateurs endocriniens (PE) sont-ils dangereux ?

Comme son nom l’indique, ces molécules perturbent notre système endocrinien, c’est-à-dire notre système hormonal. Elles interfèrent avec nos hormones et trompent notre organisme. Elles sont assimilées par voies cutanée et orale.

Les conséquences peuvent être graves pour la reproduction humaine, ce sont surtout nos chers bambins et leurs descendants qui risquent de payer le prix fort puisqu’il y a un risque cumulatif sur plusieurs générations.

Et ce n’est pas tout, ces substances sont également accusées de causer des cancers, des troubles neurologiques ainsi que des malformations de l’appareil reproducteur.

Bien, alors exigeons leur interdiction !

Plus facile à dire qu’à faire. Après ces dangereuses molécules, un autre accusé entre en scène : la commission européenne. Cela fait 15 ans que la commission en charge du dossier, traîne des pieds pour résoudre ce problème de santé publique.

Alors me direz-vous, 15 années n’ont pas suffi à interdire ces molécules ? Non !

Ce sont 15 années pour seulement établir « les critères de définition des risques des perturbateurs endocriniens » qui n’ont pas suffi !

Vous ne rêvez pas, depuis 1999, la commission n’a toujours pas établi les critères de définition des risques et elle a attendu le 6 juin dernier pour rendre publique sa feuille de route.

Mais les tractations des lobbies industriels (j’y reviendrai par la suite) ont permis de réduire cette feuille de route à une modeste énumération des potentiels critères.

Chose étonnante, les discussions concernent seulement les pesticides et les biocides, les autres utilisations, pourtant très nombreuses, passent à la trappe. Aucune mesure n’est prévue concernant les cosmétiques, les détergents, les produits alimentaires et autres produits de la vie courante.

http://www.actu-environnement.com/ae/news/definition-perturbateurs-endocriniens-course-contre-montre-21974.php4

Pourtant en juillet 1999, la commission semblait plus ambitieuse à en croire cet extrait sur sa stratégie concernant les PE :

« Les objectifs […] consistent à identifier le problème, […] ses causes et ses conséquences, ainsi qu’à définir une politique d’action sur la base du principe de précaution afin de répondre rapidement et efficacement au problème »

Il faut dire que suite au scandale de corruption qui toucha la commission et qui provoqua sa démission 8 mois auparavant, ceci s’ajoutant à la crise de la vache folle en 1997 (où la gestion de la commission fut incriminée), les membres de la nouvelle commission se devaient de maîtriser leur communication.

Or il a fallu attendre les années 2011 puis 2013 pour voir enfin les premières mesures adoptées. Le Bisphénol A (BPA) fut interdit dans la fabrication des biberons en 2011, puis dans les contenants alimentaires destinés aux nourrissons en 2013.
Un petit pas pour les industriels, un grand pas pour les bébés ? Pas vraiment, qu’en est-il des « contenus alimentaires » ??

Et qu’en est-il des autres substances nocives ? Rappelons que plus de 500 molécules sont concernées.

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Mais alors que s’est-il passé depuis 1999 ?

C’est une véritable bataille d’influence qui se joue à Bruxelles.

Les lobbies nombreux et très actifs exercent des pressions non seulement auprès des institutions européennes mais également au sein de la communauté scientifique.

Tous les coups sont permis car les enjeux sont trop cruciaux pour les industriels et les scandales se succèdent.

En 2013, scandale au sein de la communauté scientifique. 

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Dix-huit toxicologues ont manifesté dans plusieurs revues scientifiques leur désaccord sur les mesures en discussion à Bruxelles qu’ils estiment trop « contraignantes » pour les industriels. Les précautions sur les perturbateurs endocriniens seraient « scientifiquement infondées » et « sans conséquences à des doses très faibles ».

Les dix-huit signataires, menés par le toxicologue Dr Dietrich (Allemagne), parlent du problème des « intentions dissimulées qui s’est accentué en même temps que s’est accrue la capacité de la science à peser sur la régulation des polluants et que la recherche académique dépend de plus en plus du soutien financier de l’industrie ».

Dénoncés par des membres de la communauté scientifique pour leur manque de transparence et suite à une enquête du Environmental Health News, on apprend que dix-sept des dix-huit signataires sont en conflit d’intérêts puisqu’ils entretiennent des liens financiers avec des industriels.

En effet les uns reçoivent des financements d’associations industrielles quand les autres sont consultants ou conseillers auprès d’industries de la chimie, du tabac, de la cosmétique ou de la pharmaceutique.

Le Dr Dietrich est consultant pour le centre européen de toxicologie des produits chimiques (ECETOC) dont le président est un scientifique chez BASF (Leader Mondial dans la Chimie).

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Ce centre basé à Bruxelles, semble être un relais d’influence dissimulé puisqu’il compte six lobbyistes et ne pratique pas la transparence d’après l’observatoire des lobbies européens, LobbyFacts.

 

A noter également que l’EFSA (agence européenne de sécurité des aliments) en charge d’aider la commission européenne à se prononcer sur la définition des critères d’évaluation des risques était elle aussi pointée par un rapport de 2013 révélant que 59% de ses experts étaient en conflits d’intérêts.

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La procrastination de la commission européenne

La commission a annoncé qu’elle souhaitait qu’une étude économique soit réalisée avant de statuer sur la définition des critères des PE. Cette étude de l’impact économique est devenue une priorité. Décidément, au sein des institutions européennes, l’argent passe souvent devant la santé.

Cette décision inattendue est entre autres le résultat du travail de lobbying de Bayer, un autre géant de la chimie.

En décembre 2013, une « fuite » est arrivée aux oreilles des industriels sur le contenu de la feuille de route sur les critères des PE, ce qui a eu pour effet de retarder à nouveau le processus de 6 mois.

La commission avait par ailleurs reporté tout avancement avant l’échéance des élections européennes de 2014.

Tous les prétextes sont bons pour repousser davantage l’échéance. Des scientifiques divisés, des fuites, des échéances électorales, quelle sera la prochaine ruse de la commission ? A en croire la députée Michèle Rivasi (EcologieLesVerts), ce sera le traité transatlantique ! Les Etats-Unis,en négociation secrète avec l’UE sur l’accord de libre-échange, refuseraient de converger vers une remise en cause des perturbateurs endocriniens.

Le principe de précaution non respecté

Selon la définition de l’Union Européenne, le principe de précaution « permet de réagir rapidement face à un possible danger pour la santé humaine » et si « les données scientifiques ne permettent pas une évaluation complète du risque » il permet « d’empêcher la distribution ou même de retirer du marché des produits susceptibles d’être dangereux »

Mais certains industriels voient d’un mauvais œil l’application de ce principe et font pression sur les institutions pour définir des « doses de toxicité ». Pourtant cette notion est rejetée par de nombreuses études car non-applicable aux PE dont l’accumulation dans l’organisme provoque un « effet cocktail ».

Le rapport reconnu du Pr Andreas Kortenkamp (Grande-Bretagne) en 2011 conclu que ce n’est pas la dose qui fait le poison, mais la période d’exposition.

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Nous assistons là à une mascarade politico-juridique et scientifique à des fins économiques au détriment de la santé et de la démocratie, car jusqu’ici les citoyens ne sont ni consultés ni informés.

Ces interminables discussions bafouent le principe de précaution qui prévoit d’empêcher la distribution ou de retirer du marché ces substances. L’UE ne respecte pas ses propres règles !

Pour tenter de presser la commission, une centaine de chercheurs internationaux de haut niveau ont présenté en 2013 une déclaration commune sans précédent, sommant les décisionnaires de tenir compte des dangers avérés des substances très utilisées notamment pour la fabrication des solvants, isolants ou pesticides.

 Que peut faire la France ?

La France a peu d’alternatives puisqu’elle doit respecter le droit européen. L’interdiction unilatérale de produits ou substances chimiques sur son territoire serait contraire à la règle de « libre circulation des marchandises », elle risquerait alors des poursuites ainsi que des amendes lourdes, comme ce fut déjà le cas avec l’OGM MON810.

A l’horizon 2015, l’interdiction du bisphénol A s’étendra à tous les contenants alimentaires dans l’Union Européenne. Cette annonce va dans le bon sens mais c’est l’arbre qui cache la forêt. C’est en tout cas une bonne nouvelle pour Ségolène Royal, ministre de l’écologie, qui s’est délectée d’une mesure dont elle n’est pas à l’initiative (d’après mes recherches, elle ne se serait jamais prononcée sur le bisphénol avant juin 2014). Nos ministres en sont réduits à faire des opérations de communication, comme c’est le cas ici dans un supermarché Carrefour :

Le constat est alarmant, la commission européenne non-élue, concentre les pouvoirs décisionnels, le parlement n’a qu’un rôle consultatif. On assiste à une large victoire des lobbies industriels qui depuis 15 ans, travaillent à éviter une législation. Leurs méthodes de pression sont redoutables puisque les OGM, la viande clonée, la viande surgelés non-étiquetés continuent de circuler en Europe malgré les réticences croissantes des populations.

Pour terminer, voici quelques liens pour vous protéger ainsi que vos proches :

http://reseau-environnement-sante.fr/wp-content/uploads/2012/04/Brochure_PE_RES_2012.pdf
http://www.noteo.info/
http://www.natura-sciences.com/sante/limiter-perturbateurs-endocriniens672.html


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12 réactions à cet article    


  • sylvie 6 octobre 2014 18:22

    Vous savez sans doute que Jean Rostand en parlait déja dans les années 1950, c’est très connu.


    • rhea 1481971 7 octobre 2014 10:03

      Les perturbateurs endocriniens féminise les hommes, masculinise les femmes, l’évolution mentale des humains qui inconsciemment veulent des successeurs les poussent à chercher d’autres modes de reproduction, peut être sentent-ils que dans un avenir proche seules les tribus perdus au fin fond de l’Amazonie seront encore capables de pratiquer la reproduction sexuée de l’espèce.


      • Lisa SION 2 Lisa SION 2 7 octobre 2014 10:47

        Bonjour,
        « Les dix-huit signataires, menés par le toxicologue Dr Dietrich (Allemagne), parlent du problème des « intentions dissimulées...  » intentions dissimulées, n’est ce pas la la définition parfaite du caractère principal des lobbys ? . Pilotés par des institutions uniquement commerciales en vue de diminuer voire d’eugéniser l’humanité. Évidemment dissimulées parce que ne pouvant être dites.
        «  Les Etats-Unis,en négociation secrète avec l’UE sur l’accord de libre-échange, refuseraient de converger vers une remise en cause des perturbateurs endocriniens. » Les autorités pilotes étasuniennes ont généré une population complètement obèse et droguée au quotidien, et c’est devant ce constat alarmant qu’ils organisent l’eugénisme lent par le nouvel ordre mondial.
        A ce propos, dans mon bar, j’ai inventé une nouvelle marque qui marche très fort : le COCA STOP, ici, tu viens avec ta cannette vide, je te la remplis d’eau de mon puits, te pose une capsule plastique écolo, et tu repars avec...et c’est complètement gratuit ! je cherche d’ailleurs le producteur qui pourrait me fournir en capsules merci.
        Buvez COCA STOP ! A votre santé. L.S.
         


        • lsga lsga 7 octobre 2014 11:28

          ça fait deux ans qu’avec ma femme on essaie d’éliminer le Bisphénol A, et donc tous les plastiques (car c’est loin d’être évident de savoir lequel en contient ou non).

           
          Conclusion : le plastic est vraiment partout. Dans les boutiques bio, 99% de leurs produits « Bio » sont conditionné en contact direct avec du plastic... Pour les sacs en papier, les gros conteneurs en Self Service sont certainement en Bisphénol (leur plastic ressemble à celui des bonbonnes d’eau ).... bref, c’est impossible d’acheter des produits Bio n’ayant pas été en contact avec des perturbateurs endocriniens. 

          à quand des produits Bio vendus dans des conteneurs en verre ? en carton, en papier non plastifié ? 

          Pour l’insant, les consommateurs et les producteurs Bio n’ont pas conscience du problème. Inutile d’aller chercher un complot judéo-européo-homosexuel. C’est le simple Capitalisme : il est simple et bon marché d’utiliser des emballages toxiques. 

          • politzer politzer 7 octobre 2014 16:46

            bonjour


            A l appui du texte j invite les Français dont l application du tafta ( réglementation yankee) menace leur art de vivre et la bouffe stérilisée à l américaine, à venir faire un tour aux Philippines . Jamais vu un pays où il y a tant de « ladyboys » nom donné ici aux homos . On en voit absolument partout . Et ce n est pas parce qu ils y seraient plus visibles qu ailleurs en raison d une plus grande tolérance sociale , non !J en ai discuté avec l un ( une ) d entre eux et à ma grande surprise de la part d’un garçon presque sans instruction ( payante ici le public ne valant pas un clou !) et pauvre , il en était arrivé à la même conclusion que moi : les saloperies incorporées dans les aliments tels que la viande, le poisson d élevage ( bcp moins cher que le marin) les oeufs , le poulet , etc sont responsable de ces anomalies sexuelles massives . Il faut savoir qu ici réglementation = galéjade et que donc les perturbateurs endocriniens et les hormones sont utilisés sans limite ni contrôle dans un pays colonisé  par l impérialisme yankee. C est ce qui nous pend au nez à terme !

            • lsga lsga 7 octobre 2014 18:42

              les ladyboys existent en Asie depuis des siècles, mais bon...


              Sinon, le poulet lavé au chlore n’est pas plus mauvais que nos poulets à la dioxine ou que nos vaches folles (il est même moins toxique en fait).

              Le point n’est pas à tout prix d’empêcher les produits américains d’entrer sur un territoire donné, mais de permettre à tout le monde de directement participer à l’organisation de l’appareil de production. Cela commence bien sûr par donner l’information. On a le droit de savoir comment les poulets ont été élevés et tués. Dans le Capitalisme, cela permet déjà au moins de choisir ce que l’on achète. 

              Un autre exemple que le poulet au chlore, et qui touche directement le problème des hormones dans l’eau du robinet, provient de la pilule contraceptive (le pipi des femmes contient des hormones de synthèse). Pour y faire face, il faut séparer les eaux des toilettes du reste du tout à l’égout. C’est vrai de presque tout : il faut créer différents circuits d’égouts.

              Quand vous faites de la mécanique, une vidange par exemple, et que vous vous lavez les mains ensuite, vous balancez des tas d’hormones de synthèses dans le tout à l’égout, hormones qui reviendront dans l’eau du robinet, et feront pousser de petits seins magnifiques à votre nièce de 8 ans. Peut-être faites vous partie du complot homosexuel ?

              Séparer les cycles de recyclage de l’eau, et nettoyer les hormones, c’est très compliqué, très cher, et personne ne veut le faire. A part les fameux « bobos », bien entendu, cela va avec le niveau d’étude. Vous par exemple, vous allez continuez à utiliser un lave vitre à la con pour le parbrise de votre voiture, et de vous lavez le camboui au robinet. 



            • zic_quili 7 octobre 2014 20:04

              vous balancez des tas d’hormones de synthèses dans le tout à l’égout, hormones qui reviendront dans l’eau du robinet


              waaohhhh !!! quelle blague, champion du monde !

              Tu n’es pas au courant ,Isga, que les eaux usees ne finissent pas recyclees en eau potable qui sortent de nos robinets, mais sont evacuees dans la nature, pour l’irrigation par exemple ?

              Ben voila. Tu le sais maintenant. C’est peut-etre bon parfois de se renseigner avant d’ecrire n’importe quoi. 

            • zic_quili 8 octobre 2014 20:59

              ? ??


              Euh, tu sais par exemple, le jus de merde ca peut etre un bon engrais.
              En revanche, au robinet c’est moyen.

              Juste une image simple, pour que tu visualises bien la difference.

              Apres, si tu penses encore que deverser les eaux usees retraitees dans des canaux de repartition (par exemple pour l’irrigation) ou la faire boire directement au robinet c’est pareil, he bien, cher ami, comment dire ... je ne peux plus rien pour toi.

            • lsga lsga 9 octobre 2014 17:16

              zic, tu devrais apprendre le fonctionnement des stations d’épuration. 


            • zic_quili 10 octobre 2014 10:49

              Voila.


              Superbe exemple d’une personne qui a ecrit une ineptie par manque de connaissance, ineptie on ne peut plus facile a verifier (2 ou 3 clics sur un moteur de recherche), mais qui nie l’evidence et continue dans son erreur.

              Toi, la mule, continue dans la betise.
              Les autres lecteurs, au cas ou vous douteriez, 1mn de recherche suffit.

            • Ruut Ruut 8 octobre 2014 07:32

              C’est quoi le lobby qui défend les consommateurs a Bruxelles ?


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