• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Loin des poncifs médiatiques, le vrai bilan des européennes

Loin des poncifs médiatiques, le vrai bilan des européennes

Quels enseignements peut-on tirer des élections européennes de dimanche dernier ?

* Le chiffre le plus marquant est celui de l’abstention, 60%. Un nouveau record est battu.
Les enquêtes réalisées le jour du vote nous montrent que beaucoup d’électeurs n’ont pas évité le piège du Système en choisissant de rester chez eux pour exprimer leur mécontentement. 20% des abstentionnistes en effet n’ont pas voté pour montrer leur opposition à l’Europe, et 30% par opposition aux partis politiques (enquête TNS Sofres). Soit au total une réserve immense de 30% de voix insatisfaites du système actuel, et de ses choix politiques.
La réaction des partis dominants et des médias après l’élection nous confirme que l’abstention était bien un piège, dans la mesure où ce taux de 60% a très vité été oublié, et que les commentaires se focalisent sur l’expression des 40% de votants. Certains abstentionnistes s’élèvent déjà contre cet oubli, qui était pourtant parfaitement prévisible. Cela a été dit et nous le répétons, le système pourrait très bien s’accomoder d’une abstention même égale à 90%. L’abstention et la subversion ne vont pas de pair. Espérons donc pour l’avenir que l’immense réserve des mécontents, qui le sont à juste titre, s’exprimera dans les urnes ;

* Le deuxième enseignement est bien sûr le score de l’UMP, 28%. Ce taux élevé, s’il est déformé par la sur-participation des électeurs âgés, bastions de l’UMP, et des cadres supérieurs, révèle cependant que beaucoup de Français n’ont pas encore pris la mesure de l’enfumage sarkozyste, des échecs du président et de ses mensonges permanents. Nous continuerons donc notre oeuvre, avec d’autres, pour expliquer que la rupture dont le pays a besoin n’a pas eu lieu en 2007, et que Nicolas Sarkozy est d’abord expert en manipulation de l’opinion avant d’être au service des Français et de son pays ;

* Nous pouvons en revanche nous réjouir de l’échec foudroyant du PS, ramené à moins de 17% des voix. Son incapacité à profiter de la crise et de son statut d’opposant privilégié est un très bon signe, qui démontre qu’échec après échec, il ne parvient plus à tromper.
Partageant les mêmes orientations idéologiques que l’UMP, le parti socialiste n’a plus de raison d’être. Les Français le lui font comprendre de plus en plus fortement, et c’est tant mieux. Ne misons pas cependant sur une disparition rapide, à laquelle les notables du parti n’ont aucun intérêt. Trop attachés à leurs postes et aux avantages qui en découlent, ils feront tout pour retarder l’inévitable implosion de ce parti inutile ;

* Le succès d’Europe écologie s’explique par l’échec du modem et la faiblesse structurelle du PS. Les 16% de la liste menée par Daniel Cohn Bendit seront sans lendemain. Ils n’empêcheront pas les écologistes de faire 2 ou 3% à la présidentielle en 2012.
Ce score en effet récompense une belle capacité à communiquer, sans s’encombrer des sujets qui fâchent. Les divergences fondamentales entre José Bové, opposé à la Constitution européenne, et son colistier Cohn Bendit, farouche défenseur du même texte, ont tout simplement été mises sous le tapis, au profit de slogans aussi creux que fédérateurs.
Le vote Europe écologie est un vote dépolitisé, qui tourne généralement autour de 10% aux européennes, et qui cette fois a pu s’envoler grâce à un effet de mode en toute fin de campagne, porté par la diffusion du film militant "Home", à une heure de grande écoute sur France2 48 heures avant l’élection. Le vote Europe écologie est un vote "coup de coeur", non structuré idéologiquement, chouchou des médias, qui a pour principal intérêt de démontrer la fragilité du Modem.
Au sujet du mouvement démocrate, il est assez drôle d’entendre les commentateurs avisés de la politique française accuser François Bayrou de tous les maux alors qu’il y a seulement 10 jours (oui, 10 !), les mêmes nous prédisaient une brillante troisième place pour ce parti et peut-être même un score plus élevé que celui du parti socialiste...Le Modem finalement échoue, et c’est tant mieux. L’imposture n’est pas infinie.

* Les autres listes, antieuropéistes et antisystème, ont largement souffert d’une abstention qui touche prioritairement les classes populaires et les jeunes. Elles font ensemble un score équivalent à celui de 2004 (environ 26%).

Parmi ces listes, le Front national arrive en tête, à 6,3%. S’il reste modeste, ce score est en net redressement par rapport aux législatives et aux municipales, ce que peu de médias ont vu. Dans certaines régions, on assite même à un retour en force assez spectaculaire : Picardie, Nord-Pas-de Calais, Haute-Normandie (là où se présentait Marine Le Pen), mais aussi Corse, Languedoc-Roussillon, et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Si cette dynamique se confirme, les régionales de l’an prochain pourraient réserver quelques surprises.

Le Front de gauche est à 6%. Il s’agit d’un score honorable, qui démontre la nécessité de l’union de la gauche de transformation si elle veut peser. L’échec relatif du NPA d’Olivier Besancenot (4,5%) devrait militer en ce sens également.

Enfin, les débuts du mouvement de Nicolas Dupont-Aignant méritent d’être mis en lumière.
Avec 1,8% des voix pour Debout la République, il ne s’agit pas d’un succès, mais d’un score supérieur à celui de Lutte ouvrière, qui devra trouver sa place au sein d’une famille nationale unie s’il souhaite peser un jour.


=> Les forces de changement véritables bénéficient de réserves très importantes, à condition que celles-ci veuillent bien s’exprimer. Nous oeuvrerons en ce sens, en expliquant la réalité des clivages, en soulignant les échecs du Système, ses manipulations, et en proposant avec d’autres une voie de sortie libre et enfin différente.

Le Vrai Débat


Moyenne des avis sur cet article :  4.43/5   (7 votes)




Réagissez à l'article

3 réactions à cet article    


  • saint_sebastien saint_sebastien 10 juin 2009 14:57

    "Les forces de changement véritables bénéficient de réserves très importantes, à condition que celles-ci veuillent bien s’exprimer"
    Non , les forces de changement ne bénéficient d’aucune réserve , car ceux qui veulent vraiment le changement s’expriment et vont voter.
    Ceux qui ne s’expriment pas sont ceux qui n’en n’ont rien à faire ou qui ne comprennent en rien les enjeux actuels , donc 60% des inscrits.
    L’abstention n’a rien à voir avec le fait que les gens ne croient plus ou ne veulent plus de l’europe , car pour les anti européens , les listes répondant à leur attentes étaient nombreuses.
    On a juste tout une génération de gens qui pensent que voter ne sert à rien , une génération de sous citoyens qui sont les premiers à se plaindre quand tout va mal , mais dès qu’il faut faire le minimum pour exprimer son mécontentement , désertent la cité.

    Bref , un pays ou 60% des inscrits ne votent pas devrait directement se transformer en une dictature car la démocratie c’est trop bien pour ceux qui s’abstiennent, ou les plus intelligents asservissent les 60% qui n’ont rien dans le crane, car leur avis ne compte pas, genre le Gabon de feux Bongo.


    • Geneviève Confort-Sabathé Geneviève Confort-Sabathé 10 juin 2009 15:56

      Les abstentionnistes, dont je suis, sont de deux ordres. Ceux qui ont fait savoir, bien en amont du scrutin, par voie de pétition, pourquoi ils n’iraient pas voter et ceux qui n’ont rien exprimé, ni leur vote, ni leurs idées. En ce qui concerne ceux qui ont voulu marquer un coup d’arrêt à la dérive antidémocratique de l’Europe (faux référendum du TCE- vraie manipulation du Traité de Lisbonne- vrai-faux fonctionnement des institutions européennes etc.), je les comprends, ils recommenceront tant que l’Union Européenne sera ce lamentable marché de maquignons. Ceux qui ont voulu également marquer leur désapprobation devant les divisions de la gauche radicale, je fais mieux que les comprendre, je les approuve. Ce spectacle déplorable n’incite à aucune indulgence.
      Maintenant, je voudrais répondre sur la dictature. Dans un pays où un référendum est passé par pertes et profits et remplacé par une mascarade parlementaire, nous sommes déjà en dictature. Dont acte.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès