Lori & Lokita : Make Esclavage Great Again
Dès le VIe siècle avant Jésus-Christ, en Grèce, on se préoccupa d’émanciper les esclaves. Louis X tenta aussi de le faire en France déjà en 1315. Mais il fallut du temps entre Empires et guerres de sécession, pour que l’abolition de l’esclavage s’impose chez tous… ou presque tous.
Le Bénin est un petit pays d’un peu plus de 10 millions d’habitants niché entre le Nigeria et le Togo. La langue officielle est le Français, ses dirigeants ont adopté un temps l’idéologie marxiste-léniniste comme cadre officiel. Les religieux se partagent entre christianisme, islam et vaudou. Lori avait perdu sa mère tout jeune, on lui en imputa la faute, il avait le mauvais œil, donc a priori malfaisant quoi qu’il fasse. Il dû être éloigné de ses proches et intégré à une famille d’accueil. C’est là qu’il rencontra une adolescente un peu plus âgée que lui, Lokita. Il est impossible d’extirper tout espoir en chacun, les deux enfants en avaient donc gardé un : gagner la France, la Belgique, n’importe où, pour pouvoir devenir riche, pour pouvoir aider une vieille mère qui devait de toute façon rester au village. Cette idée n’avait pas germé toute seule, des « religieux » allaient de village en village en leur promettant non pas le paradis, ce qui aurait été leur mission si ce n’est leur pouvoir, mais les mille fastes entrevus sur les écrans devenus omniprésents partout même en brousse. Mais ce n’était pas gratuit. Les voies du seigneur sont semées de péages auxquels on doit bien contribuer. Personne n’avait évidemment de quoi satisfaire l’appétit des passeurs, mais ceux-ci se chargeaient de tout, même des prêts nécessaires : « on » remboursera avec les sommes gagnées dans les pays de cocagne où on travaillera.
Des marches à travers rien ou n’importe quoi, des camions quelquefois, des campements toujours précaires, des coups quelquefois, l’indifférence toujours, une embarcation à la tombée de la nuit, des gens qu’on pousse à la hâte, la fin d’un enfer, le début d’un autre.
Après un court séjour en Italie, Lori et Lokita étaient finalement parvenus à destination, chez un vendeur de pizzas, au nord de Liège. Le commerce de pizza permettait de recruter des clients pour celui d’héroïne plus lucratif, plus sûr en quelque sorte. C’étaient eux qui faisaient les livraisons. Le salaire était maigre et irrégulier, il dépendait de l’humeur imprévisible du patron. Il suffisait à peine car il fallait aussi prévoir le remboursement contracté auprès de l’église. Lokita était sans cesse sollicitée pour accorder ce qu’on appelle des faveurs à une nuée d’hommes en rut, elle les leur accordait avec ou sans compensation financière. On ne peut choisir que lorsqu’on a le choix. Elle économisait cependant elle voulait devenir aide-ménagère, on lui avait dit que c’était possible. Alors Lori pourrait aller à l’école.
En France, approximativement sept cent mille enfants sont dans cette situation. Vous pouvez les apercevoir à la sortie du métro vendant des bananes pour trois fois rien… ou au commissariat pour un quelconque délit. Il ne s’agit pas de déterminer combien d’esclaves et sous quelles conditions on doit les accepter, il s’agit de se demander dans quel état on a construit notre monde pour permettre la renaissance d’un fléau. Les solutions existent et sont bien documentées pour que les Droits de l’Homme ne servent pas uniquement de cache-sexe à la cupidité et à la goinfrerie.
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