Lucky Luke vote pour Mélenchon et milite à SOS racisme
Politiquement correct, quand tu nous tiens. La réalité dépasse désormais la fiction en matière de rééducation des masses par la culture populaire, afin de formater de bons militants du vivre-ensemble, de la diversité et du mondialisme. Comme en URSS et en RDA il y a quelques décennies, nos élites culturelles ont l'obligation de produire des oeuvres à message humaniste. Il est vrai qu'il y urgence, puisque les inombrables attentats (bombes, mitraillettes ou au coûteau) sont de nature à réveiller les français qui commencent à comprendre qu'on les prend pour des imbéciles depuis les années Mitterrand et le "touche pas à mon pote" antifasciste.
Pour cela, rien de tel que la propagande par le rap et le cinéma. Comme cela ne suffit pas, la bande dessinée est associée au projet universaliste. Le dernier album de Lucky luke en est le parfait exemple : intitulé Un cow-boy dans le coton cette BD est un chef d'oeuvre de poncifs anti-esclavagistes et anti-racistes. Son auteur, le très médiocre Jul qui n'arrive pas à la cheville de René Goscinny, détourne la légende du cow-boy solitaire pour en faire un Robin des bois antifa. Il fallait oser.
Car c'est plutôt un cow-boy dans le potage qui aurait convenu comme titre. Lucky Luke hérite d'une plantation de coton en Louisiane, redistribue la terre aux noirs et affronte le Ku Klux Klan (avec l'aide des Dalton pour faire bonne mesure !). Tout y passe, les blancs sont méchants et racistes, les femmes noires se prennent pour Angela Davis et Assia Traoré (bonjour les anachronismes nombreux dans l'album), le cow-boy a pour ami un shérif noir (en clin d'oeil au western débile et pervers de Tarantino Les 8 salopards) et bien sûr Lucky Luke ne fume plus de cigarette, prend bien garde à mettre en valeur les femmes et limite sa consommation d'alcool. Il ne manque qu'une scène LGBT pour compléter ce catalogue de militant de La France insoumise, encore que la proximité récurrente avec Bass Reeves (le shérif noir) peut laisser supposer des liens intimes entre les deux héros.
C'est un véritable détournement d'une oeuvre pour imposer des opinions. Lucky Luke, dans ses premiers albums, est un héros patriote, solitaire, qui vit au Kansas, au Nevada ou au Colorado. Les terres de conquête, et non celles des plantations. Il est viril, fume, défend la veuve et l'orphelin selon la morale puritaine en vigueur dans l'ouest américain du XIXème siècle. Les femmes sont des mères au foyer respectables, les hommes blancs travaillent et les seules valeurs que Goscinny et Morris auraient mises en avant sont le courage, le don de soi, la loi du talion et l'intégrité. Dans l'esprit des westerns, toujours conservateurs dans leur morale à la John Wayne. Concernant la réalité historique, la vision antiraciste actuelle de l'esclavage des noirs est très discutable. Pas un mot sur leur sort dans les états du nord, où ils étaient livrés à eux-mêmes, sans ressources, et dormaient dans des hangars. Aucune réflexion sur les mécanismes d'exploitation de l'homme par l'homme, juste des bons sentiments et de l'émotionnel.
Après Astérix reconverti en féministe, c'est donc au tour de Lucky Luke de s'engager aux côtés des anti-racistes et des antifas. En attendant les nouveaux albums de Tintin au pays de la gay pride, des Schtroumpfs roses, de Buck Danny contre l'OAS et de Spirou contre les chemises noires, nous profiterons du confinement pour faire redécouvrir aux plus jeunes les premiers albums de Tintin et d'Astérix, amusants et sans arrières-pensées idéologiques. L'école belge de la bande dessinée, dont Lucky Luke est issue, n'a jamais eu la prétention de rééduquer les masses. Hormis Tintin au pays des soviets écrit par un Hergé alors fasciné par le jeune rexiste Degrelle, ces fictions n'avaient pour autres buts que de divertir et d'amuser le public jeune et tenu à l'écart des débats politiques.
Ces amalgames entre culture et poltique, qui rejoignent ceux du sport et les campagnes anti-racistes dans le football, sont malsains. Tout cela suppose que le peuple serait naturellement raciste et haineux. Or, cela est faux, n'en déplaisent à Mélenchon et ses sbires. Ce sont les terroristes, les trafiquants et les délinquants d'origine extra-européenne qui nourrissent les préjugés qui deviennent du coup des certitudes. D'ailleurs, quand notre ami Jul consacrera-t-il un album de BD à la lutte anti-islamiste ? Est-il capable d'y associer des caricatures du prophète dans l'esprit Charlie-hebdo ? C'est peu probable. Ces auteurs sans courage, dans la lignée des illustrateurs des journaux de la collaboration, conformistes et dociles, ne font que renforcer les idées reçues et les poncifs (les blancs contre les noirs, les femmes contre les hommes). Ils ne font que détourner les lecteurs de BD classiques vers les mangas japonais, qui culminent depuis vingt ans en tête des ventes, avec leur rhétorique traditionnelle du héros viril qui agit sans donner de leçon de morale. Le nouvel opus de Lucky Luke est donc une tartufferie idéologique, un détournement, qui ne servira pas la cause de la bande dessinée francophone en plein déclin. On comprendra pourquoi.
Billy the Kid ou Lucky Luke éducateur des cancres qui jouent les caids, bien loin des nouvelles pédagogies post-soixantuitardes (fesser un délinquant lui vaudrait des poursuites pénales aujourd'hui en France) :
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