LUXFER : Un crash-test pour le discours d’Emmanuel Macron
« Il nous faudra rebâtir une indépendance […] sanitaire ». Les paroles fortes doivent être suivies d’actes forts. Preuve par l’exemple :
L’usine de fabrication de bouteilles d’oxygène haut de gamme, que LUXFER voulait démanteler.
L’usine que LUXFER voulait démanteler doit être remise en route. D’urgence. Cette usine fabriquait des bouteilles d’oxygène de très haut de gamme pour les hôpitaux et les pompiers, et a toujours été rentable. Le groupe LUXFER a décidé de la fermer, pour privilégier les produits de bien plus faible qualité qu’il produit au Royaume Uni [bientôt hors UE] et en Turquie. Les salariés français ont décidé d’occuper l’usine pour empêcher la mise à la ferraille de l’outil de production par LUXFER.
La réponse d’Agnès Pannier Runacher à l’Assemblée Nationale, fermant la porte à toute action directe de l’Etat pour cette usine qui « ne figure pas sur la liste » des entreprises à nationaliser ne semble pas très appropriée, et sa remarque est tout simplement inacceptable dans le contexte actuel : « Est-ce que c’est stratégique objectivement ? Moi je ne suis pas certaine ».
Il est important de bien qualifier les choses. PSA, Renault sont des entreprises systémiques [si elles s’écroulent, des centaines de milliers de français perdront leur emploi]. Mais de nombreuses PME ou usines, dont celle de LUXFER à Gerzat, sont stratégiques. Cette unité de fabrication haut de gamme dans le domaine médical possède un savoir-faire unique en Europe.
Cela fait plus d’un an que le groupe LUXFER mène l’état et les collectivités locales en bateau. Cela doit cesser. Immédiatement. L’Etat doit reprendre l’emprise foncière de LUXFER via une expropriation en laissant aux domaines le soin de fixer le dédommagement à consentir à l’entreprise. Les machines, elles, doivent être réquisitionnées.
De quoi LUXFER pourra-t-elle se plaindre ? D’avoir été expropriée ? L’emprise foncière lui aura été rachetée au prix du marché. De s’être fait confisquer ses machines ? L’Etat indemnisera l’entreprise au prix de la ferraille. D’avoir un concurrent de plus sur le marché Européen [elle sera moins en mesure d’abuser de sa position dominante sur le marché européen] ? Je ne crois pas qu’une perte d’oligopole soit un motif légitime de demande d’indemnisation auprès d’un tribunal.
Aujourd’hui, nos gouvernants sont obnubilés par la « réputation » de la France à l’étranger. Pas d’acte d’autorité qui pourrait ne pas être bien vu par des groupes étrangers et autres fonds d’investissements. Arrêtons ce concours de beauté. Il faut changer de logiciel de pensée. Stop au capitalisme prédateur. L’argent des LUXFER et autres Honneywel [le groupe qui a détruit les machines de fabrication de masque FFP2 en Bretagne en 2018], n’est pas le bienvenu. Oui à ceux qui investissent pour du long terme. Non à ceux qui ne désirent que mettre la main sur un savoir-faire, ou racheter des parts de marché à bon compte. Résistons. Nos voisins d’outre-Rhin pratiquent un patriotisme économique souvent bien plus fort que le nôtre. On ne peut pas vraiment dire que cela ait porté préjudice au secteur industriel de leur pays.
L’Usine de Gerzat doit être remise en service. Au plus vite. C’est impératif.
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