M. Delevoye, le bourgeois corrompu
Il y a longtemps Marx et Engels écrivaient dans le Manifeste du Parti communiste « Le gouvernement moderne n’est qu’un comité qui gère les affaires communes de la classe bourgeoise tout entière ». Macron et tous ses ministres gèrent les affaires de tous les riches qui les ont installés brutalement au pouvoir. Le gouvernement actuel n'est pas le représentant de toute la société. Macron et son gouvernement ne sont pas au service de tous, mais servent les intérêts privés de quelques uns. Dit autrement, Macron n'est pas le président de tous les français, il est le président des riches. Toute sa politique est menée contre l'intérêt général au profit de l'intérêt particulier, celui de la classe dominante.
Les scandales financiers, les conflits d'intérêts, la corruption, les fraudes en tout genre, les omissions par « oubli », le cumul des rémunérations, tout ce vocabulaire mafieux ne fait, en dernière analyse, que remplacer l'intérêt public par l'intérêt privé. Il permet aux hommes politiques au pouvoir de se servir, en toute impunité, dans les caisses de l'Etat comme s'il s'agissait de leur propre patrimoine. Ainsi la frontière entre deniers publics et revenus privés est effacée et le principe de transparence est nié, méprisé. Les hommes politiques sans scrupules n'aiment pas la lumière, ils agissent dans l'ombre d'une manière occulte et illégale.
Le nombre d'hommes et de femmes politiques impliqués, à un degré ou à un autre, dans les « affaires » est impressionnant. Il est tout simplement impossible d'établir une quelconque liste exhaustive des scandales politico-financiers qui secouent régulièrement la tête de l'Etat. Sans remonter jusqu'aux diamants centrafricains de Giscard, on peut citer à titre d'exemples seulement quelques noms : Edouard Balladur, Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac, Alain Juppé, Jérôme Cahuzac, François de Rugy, Patrick et Isabelle Balkany et maintenant Jean-Paul Delevoye. Et demain ?
Ces « affaires » et ces scandales, toujours minimisés par les médias dominants, sont au cœur de la démocratie bourgeoise. Ils sont intimement liés au fonctionnement même du système capitaliste qui les produit et reproduit de manière permanente. Tous les gouvernements bourgeois, avec des différences de degré et non d’essence, sont corrompus. Rien que sous le Règne de Macron et sans compter l'affaire Delevoye, sept ministres impliqués dans « des affaires » ont été contraints de démissionner :
- Richard Ferrand pour « prise illégale d'intérêts » dans l'affaire des Mutuelles de Bretagne.
- Laura Flessel pour « ennuis fiscaux » (1).
- Sylvie Goulard ministre des Armées pour une affaire liée aux emplois fictifs d'assistants parlementaires au Parlement européen (2). .Par ailleurs, Anticor demande à la justice de se pencher sur les prestations réalisées par l’ancienne ministre pour un groupe de réflexion américain, l’Institut Berggruen, alors qu’elle siégeait au Parlement européen (3).
- François Bayrou ministre de la Justice et Marielle de Sarnez ministre des Affaires européennes impliqués dans l'affaire des emplois fictifs au parlement Européen.
- Françoise Nyssen ministre de la Culture rattrapée par des travaux sans autorisation ni déclaration au fisc dans sa maison d'édition Actes Sud.
- François de Rugy ministre de la Transition écologique et de Solidarité et ses dîners fastueux aux frais du contribuable.
Jean-Paul Delevoye qui a cumulé quatorze mandats avec son poste de ministre a tout simplement choisi, lui, de violer l'article 23 de la Constitution qui stipule que « Les fonctions de membre du Gouvernement sont incompatibles avec l'exercice de tout mandat parlementaire, de toute fonction de représentation professionnelle à caractère national et de tout emploi public ou de toute activité professionnelle » (4).
La Constitution c'est-à-dire la norme juridique la plus élevée interdit formellement à un ministre d'occuper toute activité professionnelle. Mais cela n'a pas empêché M. Delevoye de transgresser la loi avec la complicité du sommet de l'Etat c'est-à-dire du président de la République et du Premier ministre. Car c'est M. Macron qui a nommé Jean-Paul Delevoye « haut-commissaire aux retraites » membre du gouvernement sur proposition d'Édouard Philippe. Or « le secrétariat général du gouvernement était au courant du cumul de rémunérations opéré par le haut-commissaire lorsqu’il était chargé de la réforme des retraites » (5).
Selon l'article 5 de la même Constitution « Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’Etat ». Non seulement cet article n'a pas été respecté, mais Emmanuel Macron a accepté la démission de son ministre « avec regret » !
Depuis la démission du ministre, les langues se délient quant à son comportement concernant son passage comme président du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Il est même accusé dans la presse de « Graves gaspillages d'argent public » (6).
Ainsi fonctionne la démocratie bourgeoise.
Rappelons tout de même que c’est ce même ministre qui mène, au nom du gouvernement et donc de la bourgeoisie, la bataille de la destruction du système de retraite par répartition. Lui, le bourgeois corrompu, qui vit dans l’opulence, exige des salariés de travailler toujours plus pour une pension toujours plus faible. Les salariés doivent encore et toujours fournir des efforts. Les puissants sont insatiables. Il faut travailler jusqu’à 64 ans, travailler le dimanche, le lundi, le mardi et tous les autres jours de la semaine. Il faut travailler jour et nuit. Le temps libre ou libéré du travail salarié se réduit de plus en plus. Les hommes et les femmes (et bientôt peut-être les enfants) sont ainsi réduits à l’état de machine à produire sans trêve du travail.
Le scandale Delevoye n’est pas une affaire de morale, mais le produit d’un système économique dont les intérêts de classes constituent son fondement matériel. Lutter contre les scandales, les affaires, les fraudes etc., en invoquant la morale est une illusion et par dessus le marché une hypocrisie.Toutes ces gesticulations autour de « La moralisation et la transparence de la vie publique » (7) ne sont que des mensonges derrière lesquels la classe dirigeante tente de dissimuler son visage hideux et d'apaiser la colère populaire.
On peut adopter les lois que l’on veut contre la corruption, les affaires et les privilèges, mener toutes les enquêtes possibles, on peut même diminuer et limiter leur importance, mais on ne peut pas les éliminer. Car leur existence et celle du capitalisme sont tellement imbriquées l’une dans l’autre que l’on ne peut supprimer l’une sans éliminer l’autre. Les lois et les mesures prises pour lutter contre la corruption ne sont que des paravents derrière lesquels la bourgeoisie dissimule ses forfaits. Le problème n’est donc pas l’existence de la corruption, des scandales financiers, des affaires et autres privilèges, mais celle du capitalisme qui les engendre. Il y a eu dans le passé des scandales, il y a aujourd’hui des scandales et il y aura dans l’avenir d’autres scandales tant que ce système existe. Le véritable scandale, c’est le capitalisme lui-même.
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(4)https://www.conseil-constitutionnel.fr/le-bloc-de-constitutionnalite/texte-integral-de-la-constitution-du-4-octobre-1958-en-vigueur
(5)https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/12/17/l-indulgence-du-secretariat-general-du-gouvernement-envers-jean-paul-delevoye_6023129_823448.html ?utm_campaign=Lehuit&utm_medium=Social&utm_source=Facebook
(7)https://www.gouvernement.fr/action/la-moralisation-et-la-transparence-de-la-vie-publique
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