M. Plenel, je vous propose un projet d’opéra
Votre journal Médiapart a probablement quelques mérites sur certains points mais n'est pas bien marrant. A chacune de vos apparitions sur le petit écran, les modestes télespectateurs que nous sommes sont parcourus d'horribles frissons. Tel l'accusateur public des tribunaux révolutionnaires, vous déroulez votre argumentation jusqu'au réquisitoire implacable tout en rêvant d'une démocratie populiste combattante illusoire et d'un gouvernement révolutionnaire utopique, pur et sans reproches. N'exagérons rien ! Nos élites ne sont pas aussi corrompues que vous le dites. Notre société est loin d'être aussi sanguinaire que celle de Robespierre et que celle où les princes francs s'assassinaient à tour de bras. Plût au ciel qu'elle ne le redevienne pas !
Ne vaudrait-il pas mieux écrire un opéra, comique ou tragique, à votre choix, comme cela s'est fait par le passé ?
Par exemple, j'aimerais entendre la belle voix de ténor du grand argentier chargé des comptes du royaume.
Première scène. En solo d'abord lorsqu'il reçoit les riches présents que lui apportent sur des plateaux d'argent les très humbles gouverneurs de province, puis les distribuant aux grands serviteurs du roi tandis que le choeur des élus entonne l'alleluia de Haendel. Rideau !
Deuxième scène. En duo avec le ténor du second rôle. Pujadas jouant les contre-basses. Arrive Plenel en justicier dans le grand air des trompettes d'Aïda. Le héros déchu, les vêtements en lambeaux, est chassé par le choeur des vierges effarouchées. Rideau ! L'orchestre enchaîne par la Walkyrie de Wagner.
Troisième scène. Paysage sombre et tourmenté. Le héros se lamente sur son honneur perdu. Il évoque sa part d'ombre qui, durant toute son existence publique, lui a sans cesse torturé son âme.
Entr'acte. Petit menuet pour détendre l'atmosphère. Les aventures du roi Pausole.
Deuxième acte, première scène. L'élixir d'amour de Gaetano Donizetti. Le marchand de tableaux arrive avec sa roulotte. Nus pieds et pauvrement vêtus, paysans et paysannes admirent les oeuvres et accueillent avec ferveur les images pieuses qui leur sont distribuées. Plenel arrive en justicier. De sa belle voix de basse, le marchand de tableaux entonne le célèbre air de la calomnie du Barbier de Séville, etc...
Bon ! Tout le monde a compris que ces deux affaires m'indiffèrent totalement. Mais cette courte introduction me permet de revenir à mon précédent article pour le compléter. http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/aux-origines-de-la-chanson-des-135168 ?
Car ces situations plus rocambolesques les unes que les autres ont existé de tout temps. Elles n'ont rien d'extraordinaire. Elles ont mis le peuple en joie, en colère, ou l'ont fait pleurer. Elles ont inspiré les poètes et ont donné naissance à de véritables chefs-d'oeuvre, comiques ou tragiques.
C'est le cas de l'Anonyme qui, au Vème siècle, a "pondu", comme la cigale au son écaillé, ce très court chant de Walther, très court et pourtant génial, que j'ai évoqué dans mon précédent article. http://remacle.org/bloodwolf/historiens/anonyme/waltarius.htm
Tellement génial qu'il a été suivi par la célèbre chanson des Nibelungen, par toute la littérature chevaleresque du Moyen-âge et jusqu'à aujourd'hui, par les épopées du cinéma avec ses films aux mystérieux trésors et aux anneaux mystiques.
Connaissez-vous l'origine littéraire des bracelets d'or rouge ? L'explication se trouve dans ce chant.
Nous sommes à l'époque des grandes invasions. Placées sous l'autorité du préfet romain installé à Metz, si l'on se fie à l'auteur, les légions gardent la frontière du Rhin, le fameux limes. Pour les Romains, ce terme signifie qu'il s'agit d'une barrière pour défendre l'intérieur de l'Empire romain . Chaque frontière était également suivie en parallèle sur toute sa longueur par une route avec un intervalle régulier des forteresses de légionnaires (castra), des forts (castella), des forts auxiliaires, ainsi que des tours (turris) et des zones d'observation (stationes).(d'après Wikipédia).
Comment s'opérait le passage ? Clandestinement, bien sûr, mais il y avait un risque. Ou bien en soudoyant le chef de poste. A quel prix : un bracelet ? Peut-être. En revanche, pour passer une troupe relativement importante, il fallait très certainement s'adresser à l'échelon supérieur : 100 bracelets pouvant être le prix raisonnable de la transaction. C'est bien ce que le Goth Walther, candidat à l'immigration, propose au roi franc salien qui garde une partie de la frontière avec ses troupes fédérées : je lui remettrai, répond Walther à l'envoyé, cent bracelets d'or, par égard pour son titre de roi. L'envoyé revient avec cette réponse, et va raconter aux nobles Francs ce que le Goth a proposé... Là-dessus le Franc Hagen dit à son roi : « Acceptez le présent que l'on vous offre ; avec cela vous pourrez, ô père, honorer votre suite, et surtout retirer la main que vous avanciez pour combattre... » (traduction Adrien Vendel). Mais le cupide roi, bien renseigné par son service de renseignement, veut tout le trésor que Walther emporte avec lui (celui qu'il a volé aux Huns avant de partir), en particulier tous les bracelets couleur d'or... et de sang.
Nous avons donc là, dénoncée par l'auteur, en exemple, une tentative de corruption au plus haut niveau de la hiérarchie franco-romaine. Une corruption que le Franc Hagen trouve même avantageuse, mais que le roi franc rejette, non pas pour des raisons morales, mais parce qu'il espère en récupérer bien plus en massacrant la bande à son passage.
Telle est la véritable origine des trésors de l'époque des Nibelungen : des tributs que le vainqueur ou le puissant exigeait et qu'il conservait précieusement dans ses contre-forts de l'époque... mais qui pouvait changer de mains suite aux hasards de la guerre et des conflits.
Que cela ne vous empêche pas de rêver en écoutant Wagner !
L’ anneau des Niebelungen : Siegfried ou le Crépuscule des Dieux. Poursuivi par l’anathème après avoir dérobé un anneau maléfique, Siegfried portera le poids de ses erreurs jusqu'à sa mort.
M. Edwy Plenel, vous dites que le simple citoyen a la possibilité de faire connaître son information sur le réseau internet. C'est exact. Cela fait trente ans que j'explique, aguments à l'appui, où se trouvaient les anciennes capitales de Bibracte et de Gergovie. Médiapart s'est-il intéressé à cette question où la vérité historique a été bafouée ? En dépit de mes avertissements, absolument pas ! Votre journal a préféré continuer dans le sens des erreurs officielles. Vous êtes un journal comme les autres journaux.
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