Ma France
Par les temps qui courent, le combat est rude pour aimer son pays...
Les idéaux universalistes et humanistes de la République sont bafoués, enterrés, pour laisser place à un nationalisme de comptoir, qui voudrait nous faire croire qu'aimer son pays ce n'est pas respecter les siens, mais détester les autres.
A gauche, la bataille des mots à été perdue. Si ce ne sont quelques discrets "Vive la France" placés ça et là dans quelques discours, peut on encore parler de patriotisme, sans se faire montrer du doigt comme étant un populiste, suppôt de l'extrême droite ? Bientôt, il deviendra impossible de brandir les couleurs de la France sans être à un meeting du FN ou dans un stade de foot. Le simple fait que le seul parti qui utilise le drapeau français dans son logo soit le front national me semble assez triste.
Pourtant le patriotisme, ce n'est que le sentiment d'appartenance à une nation, l'adhésion à des valeurs. Qui y a-t-il de choquant là dedans ?
Mme Le Pen n'hésite pas à se considérer comme une "patriote", la seule, la vraie. La présidente du Front National a certainement oublié sur quoi son pays est fondé.
Il était écrit, dans La constitution de 1791 que « sont Français les fils d'étrangers nés en France et qui vivent dans le royaume », de quoi donner la jaunisse à tous les nationalistes.
Notre pays a toujours été le lieu de rencontre de vagues d'immigrations. Sans remonter jusqu'aux Francs et au Romains, n'oublions pas que la France à accueilli en son sein, au cours des siècles passés, de nombreux immigrés venant principalement de pays d'Europe.Vous connaissez certainement une personne ayant un nom de famille italien, polonais,espagnol...
En 2010, 27% des nouveaux-nés avaient au moins un parent ou un grand-parent né à l'étranger ; cette statistique atteintrait un tiers de la population si l'on s'intéressait aux arrières grands parents, et 11% de la population est immigrée, selon l'ONU.
L'histoire de la France, c'est aussi une construction par la conquête de nouveaux territoires, par l'adhésion à ses valeurs par de nouvelles populations : Bretons, Corses, Savoyards, Niçois...
Alors j'aimerais demander à tous ceux qui se disent "français de souche" ce qu'ils veulent dire par là. Jusqu'à quand souhaitent ils remonter ? Pas trop loin j'espère, car je vous rappelle que l'Afrique est le berceau de l'humanité.
Nous avons le multiculturalisme, dans un pays qui compte 27% de mariages mixtes. Reste le sentiment d'appartenance. Je l'ai dit, être français, ce n'est pas s'appeler Durand, boire du pinard et manger du saucisson, mais c'est adhérer à des valeurs républicaines. A partir du moment ou l'on accepte ceci, on peut être français et catholique, français et musulman, français et juif... Cela doit commencer par un effort de la part de tous.
Pourquoi la République a-t-elle abandonné ses enfants dans les cités, et qui en grandissant dans la haine du pays ou ils habitent, deviennent du pain béni pour l'extrême droite ?
La nationalité devrait passer avant la religion, la laïcité devant justement permettre à l'état de composer avec toutes les confessions en les laissant au domaine privé, pour à la place, valoriser le simple fait d'avoir une carte d'identité française. Les musulmans, qui ont remplacé les juifs dans le rôle du bouc émissaire, sont assez grands pour suivre leur culte de manière privée, sans remettre en cause la sécurité nationale, non ?
Il y a à peine 50 ans, dans nos anciennes colonies, on enseignait encore aux petits algériens que leur pays, c'était la France (nos ancêtres les gaulois, tout ça...) et aujourd'hui, on rejette ceux qui veulent l'être à part entière ? Ce n'est pas l'islam qui est incompatible avec les valeurs de la République : c'est le nationalisme.
Il serait cependant malhonnête de rester aussi manichéen. Bien sur, la France ne s'est pas faite en un jour, et elle n'a pas intégré d'un seul coup toutes les populations qui la composent. Il y a un siècle encore, des ouvriers français lynchaient des ouvriers italiens accusés de leur voler leur travail, et des affiches fascistes prônaient la mise au pilori du "métèque". L'histoire a une malheureuse tendance à se répéter.
Et il y a bien sur, comme toujours, des agitateurs, ceux que le front national met sur ses affiches. Vous savez, ces dealers et ces "racailles" qui sortent la nuit pour brûler des voitures. Tout d'abord il est bon de répéter encore une fois qu'une centaine d'imbéciles ne sont pas représentatifs de quartiers de plusieurs milliers d'habitants, même si ce sont ceux que l'on voit le plus, et que ceux qui travaillent dorment la nuit, comme tout le monde.
Nous ne devons pas nous complaire dans la résignation : La France sera bientôt la première population d'Europe, et nous devons nous tenir prêts à accueillir ces nouveaux enfants. Car nos compatriotes ont du talent, et pas besoin d'avoir des parents français pour cela : peuvent en témoigner Zola, l'italien, Aznavour, l'arménien, Debbouze le marocain...
Construisons des écoles, engageons des professeurs pour leur donner envie à notre jeunesse d'être française, ne forçons pas les gens à le devenir, car cela ne fait qu'attiser la haine.
Peut-être cette idée de la France paraît-elle aujourd'hui être une utopie. Ou peut être cela a-t-il toujours été une utopie. Mais j'ai la conviction que la France est plus forte avec ses différences, et son peuple de râleurs arrogants et protestataires.
Votre franchouillard, Ostpolitik.
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