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Accueil du site > Tribune Libre > Machiavel face à Don Quichotte...

Machiavel face à Don Quichotte...

Ou... l’Etat israélien face au petit peuple palestinien.

Et pour ne plus y revenir...

Tentative de reconstitution d’un monde qui gît épars, tel un puzzle dont les pièces ne seront jamais rassemblées puisque son image a été volontairement égarée.

Tentative... d’une seule traite et dans un seul souffle !

Israël est un allié.

Soit !

Mais alors... il ne peut s’agir que d’un allié dont les pratiques appartiennent désormais à cette région du monde qui n’a de cesse de cultiver une incapacité au pardon et à la compassion envers quiconque ne possède pas les mêmes attributs religieux, ethnique ou politique : refus d’assumer ses responsabilités ; énergie redoublée quand il s’agit de pleurer ses morts comme pour mieux ne jamais interroger les causes ; fermeture ; propension à toujours trouver assez de corde pour se pendre ; donner un os à ronger aux populations arabes - toujours le même : Israël ! Et Israël de donner, en retour, un os à ronger aux Israéliens - toujours le même : l’antisémitisme et les Etats arabes (et, de temps à autre, l’Europe). Désignation sans fin de boucs émissaires qu’on ira chercher chez soi ou bien hors de ses frontières ou bien encore hors de sa région : Etats-Unis, Europe, demain la chine et bientôt l’Inde - les chasseurs de boucs émissaires se déplaçant à la vitesse de la lumière.

Toute une région donc, tout un monde auquel l’Etat israélien appartient aujourd’hui, sans l’ombre d’un doute, par son mode de pensée et, par voie de conséquence, par son mode de fonctionnement et d’action. De cette région, il en a épousé toutes les mœurs.

Israël est une démocratie.

Certes !

Des élections libres sont régulièrement organisées, même si l’on est bien en mal de trouver une opposition digne de ce nom ; opposition qui s’est diluée à force d’incessants allers et retours entre majorité, opposition, majorité d’opposition et opposition de majorité. Les débats contradictoires vont bon train, les uns n’étant pas dans l’obligation d’écouter et d’entendre les autres.

Si Israël est une démocratie, on ne pourra pas s’empêcher de penser qu’il s’agit là d’une démocratie dont le modèle serait la France des années 50 : Etat démocratique entre deux montées dans le Djebel et, pour ne pas en être redescendus les mains vides, deux séances de torture dans les caves d’Alger.

***

Rebonds et échos ! (avec effet Larsen)

En France, tensions communautaires sans nombre, vampirisassions par la question israélo-palestinienne de tous les débats touchant de près ou de loin à l’unité et à l’histoire nationales d’hier, d’aujourd’hui... et de demain.

Dépérissement de nos capacités de raisonnement et - par voie de conséquence - d’analyse ! Impossibilité d’identifier toute cause susceptible d’engendrer des effets indésirables et contre lesquels - pourtant - des actions doivent être menées : les uns, ne voyant que les effets, les autres, que les causes.

Quête identitaire incessante, au questionnement alambiqué, voire... labyrinthique, partagée par tous les acteurs en présence : "Qui suis-je, là où je suis ? Et quand j’y suis... y suis-je vraiment et avec qui ? Chez moi ou bien, chez eux ? Puis-je opter pour une sortie en douce chez un chez moi qui ne serait pas chez eux, mais chez nous ?"

Tout le monde est tenu de se prononcer et de se positionner : l’extrême gauche, les alter-mondialistes, les tribunaux, les rappeurs, les tribuns obscurs aux revendications si peu compréhensibles dans leur exposition ; et les intellectuels dont certains d’entre eux choisissent de se replier - parjure suprême - sur leur appartenance religieuse, ethnique ou bien, politique et qui, de ce fait, cessent d’être des intellectuels pour revêtir les habits de propagandistes (la gauche socialiste et la droite de Bayrou à Sarkozy sont hors-jeu dans cette affaire et l’extrême droite s’est prononcée, il y a longtemps déjà).

Et, pour couronner le tout, la fin justifiant les moyens : culpabilisation, rackets moral et intellectuel, chantage à l’antisémitisme des uns, chantage au racisme des autres dans un labyrinthe infernal de règlements de comptes de toutes sortes, coups tordus, cris d’orfraie, mauvaise foi caractérisée, tartuferie à peine déguisée, pompiers pyromanes en tous genres ; et nombreux sont les cas qui relèvent plus de la médecine de l’âme (psychiatrie et psychanalyse), que d’un positionnement idéologique et politique, quel qu’il soit.

***

Et puis là-bas encore, loin mais… tout près d’ici : l’Etat israélien et son armée, toujours à battre le pavé, vaillante, le cœur à l’ouvrage, accompagnée de ses sbires-mercenaires que sont les colons, le Hezbollah et le Hamas.


Le Hezbollah qui poursuit ses propres objectifs au détriment de l’unité libanaise et des Palestiniens (et ce faisant, renforce la politique de l’Etat israélien) et dont les membres se lèvent chaque matin avec une seule idée en tête : lancer un missile sur Israël (missile bricolé dans l’arrière-cour de leurs habitations et puis, parce que... faut bien occuper ses journées !).


Le Hamas qui remplit magnifiquement le rôle que l’Etat israélien lui a confié. Un Hamas qui – soit dit en passant – se contenterait bien d’un Etat palestinien en Cisjordanie seule, pourvu qu’il en soit à sa tête, tout en se gardant de le faire savoir publiquement pour ne pas démotiver ses troupes de choc.


Les colons que l’on déplace comme du bétail et qui suivent le mouvement : ligne rouge, ligne verte, devant, derrière, Nord, Sud, Est, Ouest…

Et les autres colons, armés jusqu’aux dents, ceux-là, et qui ne bougeront pas ! (Boucliers humains, les colons ?)

L’Autorité palestinienne qui n’a d’autorité que le titre, ménageant, telle une chèvre à son piquet, le loup et l’agneau dans sa propre bergerie ; Autorité dont les dirigeants sont le plus souvent dans l’obligation de dormir à la belle étoile, en attendant qu’une place se libère, l’Etat israélien lui donnant, de temps à autre, un petit coup de pouce lorsque le Hamas outrepasse sa mission que ce même Etat lui a confiée.

Et les morts qui tombent des mains de tout ce beau petit monde, sans discrimination aucune, tout le monde étant la cible de tout le monde, alternativement, successivement : un contre un, deux pour un et puis, finalement, tous contre tous pour effectuer le sale boulot de cet Etat qui prospère sur le dos du peuple israélien (qui tente de vivre à l’intérieur des frontières reconnues par l’ONU) et, plus grave encore, sur le dos du plus faible et du plus exposé : le petit peuple palestinien.

Oui ! Le petit peuple palestinien ! Celui qui n’a que faire des jeux de ping-pong et de yo-yo de l’Etat israélien et des fantasmes de ceux qui rêvent, dans le meilleur des cas, d’un Etat binational – vieille lune anti-sioniste –, ou bien, dans le pire... "Pas d’Etat du tout pour Israël !", mais un Etat dans l’Etat des Etats-Réunis au sein d’une gigantesque République islamiste qui s’étendrait du pôle Nord au pôle Sud ! Parce que... The more the merrier… pour un vaste hôpital psychiatrique en guise de monde !

Jamais, dans l’histoire récente, un peuple n’a eu à faire face à une telle "coalition" rassemblée dans le cadre d’un tournoi, pour un jeu de massacre allègre, sous le patronage de cette machine infernale qu’est l’Etat israélien.

Et avec quel brio !

***

Machiavel... que l’Etat israélien a lu dans le texte, entre les lignes aussi, en long, en large et dans les marges, allant jusqu’à compléter son œuvre de quelques chapitres supplémentaires pour une réactualisation qui s’avérait urgente : en effet, le Prince a revêtu les habits de la démocratie...

Machiavel est hilare : l’élève a dépassé le maître.

Oui ! Hilare Machiavel ! Face au petit peuple palestinien incarné, pour l’occasion, dans la personne de Don Quichotte avec son espoir illusionné d’un avenir qui semble continuellement lui faire face, mais… de dos, quand il trouve encore la force de se retourner, pour mieux le voir disparaître, cet avenir, la littérature chevaleresque des Accords d’Oslo ne lui étant plus d’aucun secours.

Halluciné, ce petit peuple palestinien, son rêve en poche : pouvoir jouir un jour de la protection et de la compétence d’un Etat ; rêve qui est devenu aujourd’hui une nécessité absolue si ce peuple doit continuer d’exister dans des conditions que l’on qualifiera d’humaines. Un Etat debout sur ses deux jambes, dans toute sa plénitude pour offrir à chacun d’entre eux - chacun selon ses ambitions, ses aspirations et ses capacités - un environnement et un climat propices à un épanouissement qui leur permettra de s’ouvrir à l’infinité de tous les possibles.

***

A vouloir organiser le pire pour les autres, on finit toujours par organiser le pire pour soi-même (était-il nécessaire de le rappeler ?)

Quand cet Etat qui, depuis plus de trente ans, refuse obstinément d’être adulte et responsable, aura mené la société israélienne à un point de non-retour, la boucle bouclée – société à bout de souffle, isolement, dépérissement, atrophie – avec un mur pour la circonscrire et un couvercle pour la recouvrir, en boomerang d’une politique autodestructive car aucune société moderne, dont l’Etat pratique un tel jeu, ne peut y échapper...

Qu’à cela ne tienne ! A tout malheur une chose est bonne !

Ce jour-là, l’Europe sera au rendez-vous ! Oui ! L’Europe se fera une joie d’accueillir les meilleurs d’entre eux (ironie de l’histoire – retour à la case départ) pour leur permettre de développer ce génie dont ils ont su faire preuve tout au long des siècles car, comme par le passé, cette Europe saura offrir à ces femmes et à ces hommes ce que l’Etat israélien n’a jamais été capable de leur donner depuis 1967.

Pour sûr, on les bichonnera ! On en fera des prix Nobel. Et on sera gagnants ! Imaginez un peu : plus de philosophie, plus de peinture, plus de musique, plus de science, plus de littérature pour l’Europe !

Alors... laissez venir à nous les Spinoza, les Marx, les Freud, les Levinas, les Arendt, les Chagall, les Mahler, les Schoenberg, les Einstein, les Kafka, les Proust ! Mais... de grâce ! Epargnez-nous, de grâce ! Gardez pour vous... tous ceux qui depuis 1967 n’ont eu de cesse d’organiser le malheur et le pire pour les autres et pour eux-mêmes, à savoir : la classe politique de cet Etat, les généraux de son armée et ses colons installés sur une terre sur laquelle la communauté internationale ne leur reconnaît aucun droit (la Cisjordanie), trouvant tout naturel d’y travailler, de s’y marier et d’y élever leurs enfants, une arme à la ceinture, sous la protection d’un barbelé, d’une jeep et de ses soldats.


 

Dans un monde moderne (n’en déplaise à Machiavel !),

Le plus fort n’a qu’un devoir : rendre justice au plus faible, et plus encore lorsque ce dernier est abandonné par ceux qui – issus de ce même peuple –, n’ont ni l’intelligence et/ou l’amour nécessaires pour mener à bien cette entreprise – leurs objectifs chimériques, fantasmés à satiété, passant avant tout autre considération.

Le plus fort restant le plus fort dans le cas de figure qui nous occupe, dans un monde moderne...

Le plus fort s’interdit d’attiser la haine et d’encourager toute attitude susceptible de condamner le plus faible à ne jamais voir la fin de son calvaire.

Ce n’est pas seulement une question de justice, c’est aussi une question d’HONNEUR !

Mais... que le plus fort se rassure car il en sortira plus fort encore, y trouvant là son salut (et accessoirement, un vrai projet pour sa propre société et la région),

Et le peuple palestinien, une voie et un avenir souverain qu’il n’appartiendra qu’à lui de construire avec, s’il le désire, l’aide de l’Europe et de toutes les bonnes volontés - et pourquoi pas : celles de l’Etat israélien !?


Serge Uleski

Cet article, rédigé par un saint, est destiné à des anges. L’auteur renvoie le lecteur au film de Carl Dreyer : Ordet et à La Passion selon saint Jean.


 

PS : au sujet de la revendication d’un Etat binational – revendication formulée le plus souvent par des individus qui vivent en dehors de la région concernée.

 

Cette revendication, qui n’est qu’une manière détournée de "détruire" l’Etat israélien de l’intérieur, n’a aucune légitimité puisque, dans cette région, elle n’est formulée par aucun de ceux qui sont directement concernés par la création d’un Etat palestinien, à savoir : le peuple palestinien, les Etats arabes qui reconnaissent l’Etat d’Israël en tant qu’Etat juif (et les autres Etats arabes qui attendent de pouvoir le faire une fois que l’Etat israélien se sera retiré de la Cisjordanie ) ; et l’Autorité palestinienne qui n’a qu’un souhait : un Etat qui lui soit propre (même le Hamas se contenterait bien d’un Etat en Cisjordanie seule ; à condition, il est vrai, qu’il soit assuré de le diriger).

 

Alors, à quoi bon être plus royaliste que le roi, à savoir : le peuple palestinien, ses représentants et les Etats arabes de la région ?

 

 

 


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2 réactions à cet article    


  • Syrius Syrius 13 septembre 2008 10:56

    Bon article critique, éclairé et équilibré. Rare.
    Dans un conflit, la paix n’a pas de camp, sinon un qui lui est propre. Il est possible de soutenir ou de critiquer, sans en faire un axiome.


    • zarathoustra zarathoustra 16 septembre 2008 18:23

      merci pour votre article qui s’éleve au dessu des crachats haineux et stériles de cette basse coure qu’est le proche orient et moyen orient ,comme vous je suis triste de ce qu’est devenut le peuple juife lui qui étais le sel de la terre est transformer pour son malheur et pour celui qui doit le subir en un état triste haineux revanchard médiocre bas vile mesquin menteur inique et pourquoi je vous le demande pourquoi pour fair ?pour etre comme les autres avoir son petit drapeau planté dans sa boite craniene alors que le monde est si beau et la vie ci douce a vivre pour les hommes et femmes de bonne volontées !

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