Macron décide de devenir le premier nationaliste en Europe
Le président français Emmanuel Macron a choqué Berlin et Bruxelles par un cadeau inattendu fait aux nationalistes et eurosceptiques européens. Bien qu'il ait été possible de persuader au moins à moitié le Danemark et les Pays-Bas, Paris est resté inflexible et a bloqué pour l'Albanie et la Macédoine du Nord les démarches pour l'adhésion à l'UE. Mais pourquoi ? Qu'a-t-il pu se produire pour qu'Emmanuel Macron se comporte comme Marine Le Pen ?
Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE ont parlé pendant six heures de l'adhésion de ces deux pays pendant le Conseil de l'UE, sans pour autant tomber d'accord : l'Albanie et la Macédoine du Nord n'ont pas reçu l'autorisation pour mener les négociations sur l'adhésion à la famille européenne.
La démarche de ces trois pays avec Paris en tête a surpris la bureaucratie européenne, avant tout parce que l'ouverture officielle des négociations sur l'adhésion d'un pays à l'UE ne garantit pas à ce pays l'adhésion à l'UE. Elle ne garantit rien du tout, d'ailleurs. Par exemple, la Turquie possède le statut de candidat pour adhérer à l'UE depuis 1999, et les négociations avec Ankara se déroulent depuis 2005, depuis presque 15 ans. Et rien ne semble indiquer qu'elles aboutiront un jour.
Il est clair pour tout le monde que ni Tirana ni Skopje ne sont prêts à adhérer à l'UE, et ils ne seront pas prêts avant un bon bout de temps. La plupart des thèmes les plus douloureux de ces pays sont communs : une corruption exorbitante, le trafic de drogue, la contrebande, la pauvreté et, dans le cas de l'Albanie, le crime organisé extrêmement influent avec des filiales partout dans le Sud de l'Europe.
La décision du Danemark, des Pays-Bas et de la France a surpris tout le monde. Le premier ministre italien Giuseppe Conte a qualifié la réticence de ces trois pays d'"erreur historique" qui "déstabilise la situation dans la région". Il est à supposer que Rome s'intéresse précisément à l'Albanie, qui ne lui est pas étrangère et l'un des derniers éclats de l'ancienne grandeur impériale "à la Mussolini". Dans l'ensemble, même les eurosceptiques d'hier se sont prononcés pour – mais Amsterdam, Copenhague et Paris s'y sont opposés pour une raison qu'on ignore. Mais pourquoi ? Après tout ce ne sont pas du tout des nationalistes qui s'y trouvent actuellement au pouvoir.
Il faut savoir que le Danemark et les Pays-Bas ont été intransigeants seulement envers l'Albanie musulmane, en donnant leur accord pour entamer les négociations avec la Macédoine du Nord. La France a été la seule à bloquer la route en UE aux deux pays.
Etant donné qu'Emmanuel Macron a été élu président en tant que candidat des forces pro-européennes et mondialistes, cela suscite d'autant plus l'étonnement.
Il faut dire qu'Emmanuel Macron s'est montré en tant que président souple et ambitieux. Dans le bureaucrate européen typique s'est réveillé un gaulliste qui veut rendre à la France sa position de leader dans le monde. Dans le contexte de la crise en UE et du déclin de l'influence de la chancelière allemande Angela Merkel, Paris prétend à la fois au rôle de première puissance de l'UE et d'un acteur international à part.
A cet effet le chef de l'Etat français utilise un large arsenal – de la lutte contre les changements climatiques à la promotion de réformes au sein de l'UE. A noter aussi son hyperactivité en politique étrangère – dans le Donbass, en Afrique, sur le dossier russe. Il a même proposé à l'Europe une nouvelle vision géopolitique – bien plus conservatrice et même plus "pro-Moscou" qu'on ne pouvait s'y attendre de sa part.
On ignore ses motivations. Il s'agit probablement d'une somme de facteurs : la nostalgie française de la grandeur d'antan, la peur face à la montée en puissance des nationalistes de Marine Le Pen et l'égo démesuré de Macron lui-même.
Quoi qu'il en soit, le visa sur l'invitation en UE pour l'Albanie et la Macédoine du Nord nuit à ses tâches et à sa nouvelle image de principal concurrent de Berlin pour l'influence sur le continent.
Même si en fin de compte il cédera à la pression, il marchandera forcément quelque chose en échange et rappellera une nouvelle fois que la France n'est pas une annexe à la bureaucratie bruxelloise, mais une grande puissance.
Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1189
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