Macron est-il fasciste ?

Historiquement, non, Macron n’est pas fasciste. Et ses laudateurs s’insurgeront qu’il a été porté au pouvoir par un front anti-fasciste. Oui, aujourd’hui, même la droite est anti-fa.
Le fascisme, c’est la violence organisée, le parti de masse puis le parti unique, le culte du chef, le viol des foules par propagande politique...
La violence est encore à venir, mais elle viendra.
Le reste est déjà là, même la tendance de « La République En Marche » à devenir un parti unique. Ce nouveau nom, c’est un détournement de Zola. Mais cette idée de « marcheurs » traîne avec elle depuis le début des souvenirs de « grande marche », de « marche sur Rome », et des « marcheurs blancs » de Game of Throne.
Quant au « chef », dans une grande tradition de dictateurs ou d’apprentis dictateurs, il s’est affiché sans vergogne avec sa moitié indissociable : Brigitte, c’est un peu Eva Peron et beaucoup Cécilia et Carla, les compagnes successives de ce Sarkozy qui est, après Hollande, l’autre modèle de Macron.
Mais tout cela ne fait qu’un fascisme d’opérette. Le capitalisme a su utiliser le fascisme réel quand il lui était utile pour contenir ou détruire le mouvement ouvrier ; il a su s’en débarrasser quand il devenait trop coûteux.
Les années trente dont on nous rebat les oreilles, disant qu’elles reviennent, il faut préciser qu’elles reviennent en farce sous l’apparence du Front National. En revanche, les méthodes des fascismes (allemand, italien et japonais), comme celles d’un prétendu « communisme » (russe ou chinois), ont été reprises dans la gestion des entreprises, et des « ressources humaines » que sont aux yeux des « managers » les populations laborieuses.
La bonne conscience humaniste qui règne en Occident dénonce, sous le nom de « systèmes totalitaires », les « dictatures fascistes » qui ont sombré en 1945 et les « dictatures communistes » qui se sont écroulées en 1989. Mais ces « systèmes totalitaires » ont survécu, et pas seulement en Chine où la « culture chinoise » a réussi la synthèse remarquable d’un capitalisme dirigée par un parti communiste. Ils ont survécu aussi dans les grandes entreprises dont « le management des ressources humaines » s’est inspiré grandement des méthodes de propagande, de contrôle des esprits, d’obtention de l’assentiment et de la servitude volontaires. Qui n’a pas remarqué, dans la publicité commerciale et la propagande d’entreprise, l’emploi convulsif de la notion de « révolution culturelle » ?
Le « management », ce n’est pas seulement des méthodes de gestion de ressources, humaines et inhumaines. C’est aussi une idéologie qui règne dans le « monde entrepreneurial » : le « totalitarisme démocratique », que parfois l’on nomme « gouvernance ».
Comme les méthodes du totalitarisme politique étaient passée dans le monde de l’entreprise après la seconde guerre mondiale, les méthodes managériales sont passées dans les « démocraties » à partir des années septante. On y a considéré les nations comme des entreprises, les populations comme des ressources humaines à qui il fallait arracher un assentiment au changement.
L’Union Européenne a été pionnière en ce domaine. En 2005, les gouvernements qui ont choisi de soumettre un nouveau traité à référendum l’ont fait à la manière des « consultations d’entreprises ». L’assentiment seul était raisonnable et possible aux yeux des gouvernants. C’était ce que disait déjà Margaret Thatcher en 1985 : « There is no alternative ».
En France, la dernière séquence électorale, commencée en 2007 et qui vient de se terminer, est une autre manifestation de cette « démocratie totalitaire ». Macron est bien le digne héritier de la sarkhlollandie.
https://networkpointzero.wordpress.com/2017/03/08/macron-cible-par-la-cia/
Le Front National tient le rôle du repoussoir nécessaire dans cette opération. Sarkozy se flattait de s’être fait élire en piquant les voix de Le Pen : ces langues qui se déliaient pour exprimer la xénophobie et le la peste identitaire. Les gazettes lui en savaient gré. Dix ans de politique antisociale ont abouti à faire progresser année après année le vote « protestataire » et « populiste » porté par ce Front National. Les « gestionnaires » estampillés PS ou UMP ont convenu aisément qu’il leur était impossible de se succéder les uns aux autres sans le « secours » de ce « parti d’extrême droite », dirigé désormais par la fille de son fondateur. Il était nécessaire que La Pen La Peste soit qualifiée au second tour en 2017,pour y être opposée soit au remède raisonnable, soit Macron, soit Fillon.
Quand une autre option s’est dessinée à la gauche, non pas de la gauche, mais de la droite LSD (Libérale, Sociétale et Démocratique), née dans le PS et représentée désormais par Macron, il a fallu intervenir d’urgence. Mélenchon semblant pourvoir perturber ce jeux à trois, il a été dénoncé comme un Choléra aussi grave, voire plus grave, que la Peste.
Les candidats sélectionnés pour le second tour sont ceux qu’avaient choisis la banque, Gattaz, Hollande et la plupart des gazettes. Sachant pertinemment que l’élection était jouée, ils ont fait donner l’artillerie médiatique, non pas pour faire barrage à un invraisemblable danger fasciste, mais pour assurer à leur messie un score de plus de 60%. Ils ont proclamé sans vergogne qu’il fallait mettre dans l’urne un bulletin Macron, même si l’on ne soutenait pas son programme.
Une fois, la chose acquise, les courtisans n’ont pas eu des pudeurs de gazelle, comme ce Bourlanges qui sur France Inter, dès le lundi matin, enfilait perles, insultes et contre-vérités :
« deux électeurs sur trois... le meilleur pourcentage jamais obtenu depuis Jacques Chirac en 2002 »
« les ordonnances, c’est prévu par la constitution...... c’est une procédure normale pour l’élaboration des lois en période d’urgence quand on doit faire des choses »
« Là nous avons quelqu’un qui est particulièrement bien élu. »
« Les gens qui se sont abstenus n’étaient pas contre Mme Le Pen. »
« L’élection négative, ça serait vrai s’il avait été élu à 55%, mais il a été élu à 66%. »
https://www.franceinter.fr/emissions/le-7-9/le-7-9-08-mai-2017
Macron n’aura peut-être pas la majorité « La République En Marche » qu’il semble souhaiter. Mais la souhaite-t-il vraiment ? Une majorité de droite « Repus » pourrait mettre en œuvre une politique de régression sociale en lui laissant le loisir de poser comme un modérateur.
Pour reprendre une expression d’Emmanuel Todd, on pourrait dire de cette élection a été un « flash totalitaire ». Mais cela ne devrait pas surprendre. Depuis longtemps déjà, aux Etats-Unis, le taux moyen d’abstention tourne autour de 45%. C’est une façon pour les classes possédantes de rétablir le vote censitaire, puisque ce sont les classes défavorisées qui, majoritairement, renoncent à voter.
En France, le discours tenu sur l’abstention a été particulièrement pervers. Elle a été confortée, valorisée, ainsi que le vote blanc, pour le premier tour, au motif que l’offre aurait été insuffisamment diversifiée. Au second tour, l’abstention comme le vote blanc ont été stigmatisés par les mêmes commissaires politiques. Les populations défavorisées qui se sont déplacées, parfois deux fois, pour voter ont des raisons de se sentir abusées et de se tourner vers des solutions violentes.
Le « hold-up » opéré par Macron n’est pas celui dont se repaissent les journaux et dont auraient été victimes un sinistre Fillon ou un PS en décrépitude. C’est celui dont ont été victimes une fois de plus les oubliés de la mondialisation heureuse qui se sont vu confisqué leur vote. Il y quelque chose d’Arturo Ui chez le président élu.
https://www.franceinter.fr/politique/emmanuel-macron-ou-le-hold-up-du-siecle
Le « flash totalitaire » risque de se poursuivre dans les urnes en juin, puis dans la rue. Et cette fois, la répression policière aura l’assentiment de la population, si elle a donné à ces deux droites (« LSD » et « Repus ») la majorité nécessaire.
29 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON