Macron fait le ménage en bas de chez vous (sur commande)
Potemkine construisait des villages en carton, pour présenter sous un jour favorable à la tsarine russe son pays à l'abandon. C'était au XVIIIème siècle, dans la lointaine et arriérée Russie impériale.
De nos jours, dans la France moderne, libérale et républicaine, ce n'est pas le premier ministre mais le président en personne, Emmanuel Macron, qui utilise le camouflage pour cacher cette misère que le bon peuple ne doit pas voir. Ainsi, on nous apprend que la cité Bassens de Marseille a bénéficié d'un traitement de faveur pour la venue du premier citoyen qui s'est engagé à renover enfin la cité phocéenne, en injectant des sommes colossales pour réparer écoles, services publics et quartiers laissés à l'abandon depuis des lustres.
Il est vrai que les grecs qui ont fondé Massalia seraient très surpris en découvrant ce qui est advenu de leur cité. Potemkine lui-même repartirait illico avec ses cartons sous les bras. Car aujourd'hui, la deuxième ville de France ressemble plus à une jungle qu'à une cité civilisée. Loi des trafiquants, bandes de jeunes, réglements de compte sanglants quasi-quotidiens, chômage de masse, communautarisme, quartiers populaires non entretenus et livrés aux caids, écoles délabrées : il faudrait commencer par juger les démagogues et les escrocs qui ont engendré cette situation avant d'envisager des solutions.
A défaut de mobiliser une armée d'hoplites ou la cavalerie du tsar pour chasser la marée de délinquants qui occupe Marseille, notre président va envoyer quelques policiers supplémentaires et faire poser quelques caméras pour tenter d'impressionner des lascars qui doivent déjà rire des mesurettes gouvernementales. Pas un mot sur la prison des Baumettes surchargée, l'expulsion éventuelle des délinquants étrangers (pas de "fascisme" svp) ou les vraies solutions au fléau des trafics et du banditisme qui consisteraient à rouvrir le bagne de Cayenne ou chasser les voyous au sud-Sahara (c'est juste une question de volonté politique).
Notre président en campagne électorale est donc venu parader, dialoguer, se montrer et faire des selfies avec des jeunes inconscients que les politiques libérales menées depuis des années ont détruit possibilités d'insertion, emplois qualifiés et services publics, au point que les cages d'escaliers des immeubles ne sont même plus entretenues :
Or, et c'est BFM-TV qui nous l'annonce, la cité de Bassens a eu droit à un nettoyage en règle pour préparer la venue présidentielle. Certains habitants nous annoncent que c'est la première fois en dix ans qu'un paysagiste intervient pour raser les mauvaises herbes. Plus pittoresque, les poubelles sont enfin ramassées (!) (photo d'illustration de l'article). C'est que M.Macron ne veut pas salir ses chaussures à cinq cents euros la paire en s'aventurant chez les gueux...
Rappelons qu'il y a quelques temps des rats étaient signalés dans les écoles primaires de la ville aux murs délabrés, mettant en danger les enfants dont les ainés ont compris qu'ils n'avaient rien à attendre du système ; d'où la suite (délinquance, islamisme). Qui a géré cette ville ces dernières années ? Quels sont les brigands qui ont coupé le budget scolaire ? Comment peut-on laisser pourrir la situation à ce point dans une grande ville française ?
Chacun aura remarqué le délabrement des trottoirs dans sa commune de résidence, l'herbe qui n'est plus arrachée dans les bordures, le ramassge des poubelles de plus en plus coûteux (voyez votre taxe sur les ordures ménagères et le racket de certaines sociétés de nettoyage). Quand l'état se retire, le privé ne prend la relève qui s'il y a rentabilité. Or, Marseille est une ville de prolos, souvent déracinés, donc non rentable : les pauvres doivent donc rester dans leur crasse, à moins qu'un prince ne vienne à leur rencontre pour montrer sa compassion par quelques largesses. Toute la logique d'un capitalisme pur et dur : hiérarchisation des quartiers, remplacement des populations locales syndiquées et éduquées par des illetrés de culture étrangère corvéables à merci, dont les enfants ne prendront pas les places des bourgeois. Contrairement aux âneries diffusées depuis les années Mitterrand, ce n'est pas l'ultra-droite qui vous le dit mais Karl Marx dans Le capital. On saluera au passage le discours enfin sensé d'un Fabien Roussel (PCF), témoin d'une gauche autrefois ouvrière qui se réveille enfin.
Massalia, autrefois port antique prospère, est donc devenu le totem de notre banquier-président. Pourtant idéalement situé, avec des paysages magnifiques (j'ai visité le coin il y a quelques années), le site a été détruit par la démagogie, la corruption, le manque de courage et l'incompétence économique. Ce qui finalement ne surprendrait pas les grecs, dont les philosophes mettaient déjà en garde contre la fausse démocratie (le mot démagogue est d'ailleurs d'origine grecque). Phocée et la Moscou tsariste étaient certainement mieux gérées que nos communes aux mains des arrivistes et des beaux-parleurs.
La sortie marseillaise du président nous aura au moins appris une chose : si vous avez un soucis d'entretien de votre quartier, n'hésitez-pas à contacter l'Elysée plutôt que le conseiller municipal ou le gérant (s'il y en a un) de votre immeuble. C'est manifestement plus efficace. Et d'ailleurs logique, puisqu'il n'y a plus d'agents de l'état pour entretenir les quartiers (suppressions de postes obligent), il est normal que le premier d'entre eux se déplace. Hélas, ce ne sont ni lui ni ses semblables qui balaieront les trottoirs, mais des prestataires payés pour l'occasion avec l'argent public. Amis phocéens, revenez, et délivrez-nous des démagogues !
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