Macron l’Africain ou « Là : FRIC ! Hein » ?
Le président français entame un périple de trois jours sur le continent africain - au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Ghana - avec pour objectif de donner un coup de jeune aux relations franco-africaines en les recentrant sur l’entreprenariat, l’éducation et la jeunesse. Mais au son des grenades...
Macron innove en s’entourant d’un « Conseil présidentiel pour l’Afrique » composé principalement de jeunes entrepreneurs binationaux en lien étroit avec leurs pays d’origine, qui lui apportent une autre vision de l’Afrique que les réseaux diplomatiques traditionnels de ses prédécesseurs.
Visite délicate sur fond de menace terroriste au Sahel que les troupes françaises installées sur place combattent efficacement mais non sans difficultés et aussi d’un flux migratoire non géré donnant lieu à bien des catastrophes, tant en Méditerranée qu’en Libye. Un récent reportage a permis d’ouvrir les yeux sur un secret de polichinelle : la résurgence de l’esclavage transsaharien.
Le président français risque de croiser quelques manifestants d’organisations appelant à protester contre la tutelle néocoloniale du franc CFA, contre le pillage des ressources naturelles de l’Afrique par les grandes entreprises françaises, mais pas que… Une grenade jetée sur un véhicule militaire français témoigne de la nervosité, voire de l » hostilité dune partie des populations africaines.
Macron va probablement parler d’un plan de développement sur place. Mais un plan de développement efficace doit être débarrassé du racket et de l’exploitation par les multinationales des ressources gigantesques de cet énorme continent.
Dehors Areva ! Où paye. Dehors Bolloré ! Ou paye. Dehors Total ! Ou paye. Dehors Nestlé ! Ou paye. Dehors Bill Gates ! Ou paye.
L’Afrique attire les « investisseurs » internationaux. Mais pour quel développement ? Pour un développement prédateur, néocolonialiste. Ces firmes voyous saccagent les forêts, extraient les arbres les plus rentables, puis déboisent et plantent des palmiers à huile.
Et ça rapporte quoi aux Africains ça ? Rien. Par contre ça les envoie à travers déserts et Méditerranée vers le miroir-aux-alouettes de l’Europe. Le « progrès » des tracteurs a ruiné l’agriculture vivrière en détruisant la mince couche de terre arable patiemment fabriquée par des générations de petits cultivateurs. Oui mais ça engraisse Deutz, McCormick et autres…
Les firmes vautours qui néocolonialisent l’Afrique – françaises, européennes, étasuniennes et maintenant surtout chinoises - extraits les minerais d’uranium, de cuivre, de cobalt, d’or, de diamants, de terres rares et laissent une terre ruinée de latérite stérile et polluée.
Et ça rapporte quoi aux Africains ça ? Rien. Par contre ça les envoie à travers déserts et Méditerranée vers le miroir-aux-alouettes de l’Europe.
À côté des firmes voyous, il y a les États voyous, États voleurs de terre : (Chine, Corée du Sud, Arabie saoudite, Libye, Qatar, etc.) et les investisseurs voyous privés (fonds de pensions, banques, etc.). Ces bandits achètent la terre, le territoire, envoient les bulldozers, saccagent, défrichent, font fuir les paysans avec l’aide musclée des potentats locaux à la patte abondamment graissée, puis plantent des cultures d’exportation (cacao, arachide, café, riz, fleurs).
Et ça rapporte quoi aux Africains ça ? Rien. Par contre ça les envoie à travers déserts et Méditerranée vers le miroir-aux-alouettes de l’Europe.
Et que dire de ce pillage des élites africaines ? ! Il y a plus de médecins béninois en région parisienne que dans tout le Bénin ! Il en est de même pour les ingénieurs et les techniciens pourtant indispensables au développement de ces pays.
Au lieu de cette économie de prédation, ne vaudrait-il pas mieux mettre en place une réforme agraire en expulsant les grands propriétaires terriens pour partager, avec le soutien financier et réglementaire de l’État, les terrains en petites exploitations principalement axées sur les cultures et l’élevage vivriers ? ! Il y aura forcément une faible productivité, mais tant mieux : ça donnera du travail aux populations locales. Mais attention au syndrome « Zimbabwe » ou une réforme agraire de ce type mal menée a ruiné le pays…
Ne vaudrait-il pas mieux mettre en place de petites unités industrielles locales, directement en prise avec les besoins locaux : fabrication d’outils, de vêtements, de biens de consommation, d’habitations préfabriquées, de véhicules bon marché adaptés au pays, etc. ? ! Et même les pousser à exporter mais en assortissant ce développement local d’un indispensable protectionnisme vis-à-vis de la concurrence des grands pays développés qui subventionnent leurs exportations, refilent aux Africains leurs produits de seconde zone et tuent ainsi dans l’œuf toutes les initiatives locales.
Ce modèle de développement, aux antipodes de celui proposé, imposé plutôt par les organisations prédatrices que sont le FMI (Fond Monétaire International), la Banque mondiale, l’OMC (Organisation mondiale du commerce), a réussi il y a quelques décennies en Corée du Sud, en Malaisie, au Vietnam.
Ne serait-il pas plus réaliste, et efficace, de s’inspirer de ce qui a réussi ailleurs plutôt que de laisser la bride sur le cou à toutes ces institutions, multinationales et États nuisibles ? L’acceptation des investissements des états et firmes prédatrices devrait s’assortir d’un accord de ce genre : sur 1 000 que vous investissez, on vous en concède 500 pour vos cultures exportatrices, mais on vous impose d’investir 500 pour le développement de cultures vivrières à travers une aide financière et technique aux petits paysans locaux. Et idem pour les implantations industrielles venant en appui de l’artisanat et à la petite industrie locale. Pour que ça rapporte enfin aux Africains, que ça leur rende la fierté de leurs pays et leur enlève de l’esprit ce mirage qui les envoie, à travers déserts et Méditerranée, vers le miroir-aux-alouettes de l’Europe.
On nous rétorquera que l’argent de l’aide internationale coule à flots en Afrique… Mais il coule dans quelles poches ? Car peut-on envisager un tel développement positif avec des dirigeants et des administrations corrompus jusqu’à la moelle ? Mais qui dit corrompus dit corrupteurs. Et les corrupteurs, qui sont-ils ? Et où sont-ils ? Devinez… En plus, il faut relativiser cette aide financière. Elle est actuellement inférieure au transfert d’argent provenant de la diaspora africaine en Europe…
Enfin, il est une question taboue qu’il faut pourtant bien aborder : les bienfaits de la médecine moderne ont fait chuter heureusement la mortalité infantile. On s’en réjouit. L’espérance de vie s’en est trouvée allongée. Et donc la démographie a explosé tandis que la production restait au niveau d’une agriculture de subsistance, elle-même ruinée par les exportations subventionnées de produits européens.
Conclusion : une aide massive ne s’évaporant pas dans des poches corrompues doit se conjuguer avec une régulation efficace de la surpopulation. Les Chinois l’on fait, les Indiens tentent de le faire. Mais, au-delà de toute coercition, la manière la plus efficace de limiter les naissances, c’est l’éducation. Mais débarrassée des carcans de l’islam et du christianisme avec leur natalisme forcené.
Faute de résoudre ce double défi : développement économique de l’Afrique et limitation des naissances, l’Europe va se trouver confronter, dans les décennies qui viennent, à une gigantesque question migratoire. Qui ne se résoudra pas avec le sourire…
Allez, Monsieur le président, au lieu de la politique de complaisance de ce qui fut la « Françafrique » envers les satrapes et dictateurs locaux, prônez la « bonne gouvernance » si vous voulez, comme Chirac, mais évitez de faire comme Sarko disant que « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire ».
Et méditez sur ce proverbe africain : « Le mensonge donne des fleurs, pas de fruits ».
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