Macron, le grand liquidateur « quoi qu’il en coûte »
Voici un essai percutant et bien argumenté sur la Macronie. L'auteur Alain Le Bihan, est professeur de sciences économiques, il a travaillé dans diverses strustures de par le monde, notamment en Asie du sud-est. Votre narrateur l'a rencontré dans l'excellente librairie Vincent (située face à l'école militaire à Paris) où il exposait et dédicaçait son nouvel essai.
Dans cet ouvrage sans concession, Alain Le Bihan dresse un bilan sans concession de la présidence Macron. Voici un livre qu’on aimerait voir quitter la section « politique/affaires courantes » pour aller dans les rayons « histoire ». Cela ne dépendra que des électeurs français au prochain second tour, si le pays ne s'est pas écroulé d'ici là.
Notre essayiste dresse dans ce bilan de la macronie un constat affligeant du premier quinquennat de celui qui se donne des proportions jupitériennes. Macron est conscient de son bilan calamiteux, ce qui explique son empressement à s’occuper des affaires ukrainiennes plutôt que de défendre son actif lors de la campagne électorale. Plus facile de parler de paix à l’autre bout de l’Europe que de justifier ses décisions passées. Donner trois cents millions d'euros à Zélensky, des chars Leclerc, de l'outillage pour embêter les soldats russes plutôt que de financer nos hôpitaux, nos écoles, ainsi que nos retraites... Le peuple français n'est pas sa priorité.
Mais qu’il est difficile en démocratie de défendre une approche dictatoriale du pouvoir... Depuis son accession à la présidence, il a tout fait pour éliminer les corps intermédiaires, centraliser les pouvoirs, personnifier l’État pour le mettre au service du CAC 40, tout en bafouant les libertés. À ce sujet, il convient de citer l’analyse de Le Bihan in extenso (extrait) :
« L’autoritarisme constaté se trouve renforcé avec un glissement vers un totalitarisme. La neutralisation voire la suppression des contrepouvoirs ; la multiplication des instruments de contrôle de la population et des structures de contraintes de la vie sociale : la censure sur les réseaux sociaux et les organes d’expression collective ; les atteintes aux libertés fondamentales ; liberté d’expression bafouée ; répression féroce des manifestations ; emprisonnement d’opposants ; non-respect du suffrage universel ; utilisation de la pandémie comme accélérateur de la limitation des libertés publiques. La pandémie a apporté un lot supplémentaire de contraintes par exemple pour tous les exploitants accueillant du public. Devrons nous présenter un passe sanitaire pour nous rendre à l’hôpital nous faire soigner ou au commissariat pour aller déposer plainte ?
À l’insécurité qui règne dans beaucoup de nos grandes villes, s’ajoute une insécurité juridique permanente. “A-t-on le droit de…” devient la formule la plus employée par les Français.
Certes, on peut penser à la covid, période “exceptionnelle”, mais il convient de se souvenir qu’un an et demi après son élection, le mouvement pacifique des Gilets jaunes était réprimé avec une telle violence qu’Amnesty International intervint. (Souvenez-vous des mains arrachées et des yeux éborgnés). Son caractère mégalomaniaque, alors que cet adjectif était médiatiquement réservé à Trump et jamais à Macron ou à Trudeau, est spectaculaire. Méprisant le peuple et sa culture, son histoire et sa nation, le financier froid n’a jamais tenu compte des désirs ou besoins de la population, ayant ses propres objectifs pour l’établissement de sa “start-up nation”. »
En fait, est-ce que ce sont vraiment ses objectifs ?
« Transformé en monarque, le président représente les intérêts de l’oligarchie au sein de l’État. Tout le reste des institutions ne constitue que les oripeaux d’une France qu’il faut noyer dans la mondialisation d’une fédération européenne mieux adaptée aux désirs oligarchiques cosmopolites. »
L’homme de la Goldman Sachs n’a jamais été un idéaliste. Bien que Le Bihan mette trop d’emphase sur la gestion de la pandémie et sur les traitements alternatifs pour la covid, ce qui rejoint une minorité de l’électorat seulement, il ne s’y cantonne pas, fort heureusement, et porte un regard d’ensemble sur le quinquennat et même sur les tendances lourdes entamées bien avant lui, mais exacerbées durant les cinq dernières années.
Il convient donc de le faire lire immédiatement à tous ces indécis, à ceux qui pour mille et une raisons ne savent pas encore s'ils iront manifester contre la réforme des retraites jeudi prochain.
En 2017, lorsqu’il fut élu, ce fut une « machination », un « coup d’État », puisqu’on nous le vendait comme un changement. Mais aujourd’hui on ne peut plus se leurrer, Macron n’est pas un changement, c’est la politique de ses prédécesseurs, en puissance accélérée. Plus de mondialisme, plus de précarisation, plus d’atteintes aux libertés… « Emmanuel Macron issu du mélange incestueux d’une partie de la haute administration et de la finance mondialisée ne pouvait véritablement assumer la Révolution évoquée dans son livre », explique Le Bihan. PLus inquiétant, il profite de la division des oppositions, de l'abstention électorale et du repli sur soi compréhensible en période de crise.
La question des retraites avec le report de l'âge de départ est une énième provocation, que notre banquier-président espère validée en misant sur ces divisions. Au peuple de réagir en descendant massivement dans les rues, en utilisant les syndicats (et non l'inverse !). Jamais depuis la seconde guerre mondiale nos droits n'ont été remis en cause aussi brutalement. La réponse passe par l'union, le collectif, l'action, mais aussi le vote quand l'occasion se présentera.
Alain Le Bihan, Macron le grand liquidateur, éditions des cîmes, 2021
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