Macron : naissance d’une étoile et crépuscule des Dieux ?
Battez tambours, sonnez trompettes, il arrive, Macron, le merle blanc prêt à se sacrifier pour sortir la France des ornières qu'il a un peu contribué à creuser dans une autre vie, chez la banque Rothschild où on ne professe pas exagérément le souci de l'intérêt général.
Jeune homme, présentant bien, portant avec une décontraction toute britannique ses élégants habits de ministre, il évite soigneusement d'aller à contre-emploi en prenant ces postures martiales qu'un de ses mentors, Valls, affectionne tant.
Il n'a pas non plus la faconde lisse du notable de province d'un Hollande.
Hollande qui a réchauffé ce serpent en son sein et lui a ouvert les portes du pouvoir au point d'aiguiser aujourd'hui chez ce petit jeune homme un appétit à peine dissimulé pour la mandature suprême car ni la modestie ni la reconnaissance n'étouffent l'arrivisme de celui qui a su se faire un nom et s'imagine maintenant un destin.
Il lui manque ce petit air canaille qui en ferait un Rastignac moderne et son beau sourire dont il use et abuse met parfois mal à l'aise quand il est appuyé par un regard d'acier qui souligne le manque d'empathie pour ceux auxquels il s'adresse.
Macron est ce que l'on appelle chez les Ressources humaines du monde des affaires ou de l'industrie un grand format mais en politique c'est un pur produit de marketing et il a été choisi par le barnum médiatique de prose ou de toc parce qu'il pourrait être l'homme providentiel d'une période donnée, qu'il pourrait représenter la nouvelle clé de voûte ( ou l'étai provisoire ) d'un système ébranlé.
Au moins une chose est sûre : fort du coup de pouce de la médiacratie et n'écoutant que sa petite voix intérieure ou l'appel de la Providence, il s'est propulsé lui-même avec un sens consommé de l'opportunisme à la quête de la bonne fortune.
N'ayant jamais soumis sa distinguée personne au suffrage universel, il ne souffre pas du discrédit qui s'attache comme le fruit de la Bardane ( dite plaque-madame ) aux basques des politiciens de métier.
Il prend le masque de l'homme neuf et recycle, sous couvert de modernisme, des idées vieillottes dont il se contente seulement de changer le flacon.
Il ne paraît donc pas fragilisé par son absence de socle électoral et en effet on peut considérer - comme il doit le penser en son for intérieur - que ce qui, dans un passé récent, était un handicap rédhibitoire, est devenu aujourd'hui un atout majeur et, n'ayant rien eu à promettre, il ne se sent pas engagé par les promesses d'autrui et il ne peut encourir le soupçon de trahison : le champ des promesse est pour Macron une terre vierge qui s'offre à son exploitation.
En outre, il aura finalement beau jeu de décréter – non sans un certain sens de la vérité - que la politicaillerie a sapé son action et n'a eu de cesse de vider de leur substance toutes ses initiatives et poussant le cynisme à son paroxysme, il se pourra poser en victime de machinations plutôt qu'en complice avéré du système.
Aux Français las de toutes les chamailleries politiciennes et désespérant de la grisaille et de l'absence de perspectives, il voudrait qu'on le fît paraître comme un porteur de projet, une manière de délivrance.
Néanmoins ne nous laissons pas non plus abuser par le tapis rouge que lui déroulent les faiseurs d'opinion ou qui se prétendent tels, la route est encore longue pour convaincre le peuple de France et l'excès d'honneurs suffit parfois à crever une bulle médiatique.
De toute manière, Macron prend maintenant grand soin de l'image que lui ont en fait construite Hollande et Valls qui doivent être pour l'heure fort marris de l'indocilité imprévue de leur poulain ; aujourd'hui il cultive sa popularité ( présumée car les sondages aussi savants soient-ils n'équivalent pas au suffrage universel ) en alliant au conformisme économique pourtant le plus éculé quelques petites manifestations de rébellion distillées avec la sagesse de celui qui sait qu'il ne doit pas aller trop loin trop vite ; entre petites phrases et retraites tactiques, il cultive l'ambiguïté des propos et l'équivoque des attitudes.
Face à des Français qui rejettent en masse la particratie, il cultive sa différence et s'adosse à un mouvement, fruit d'une génération « spontanée « qui ne se revendique ni de la Droite ni de la Gauche » ( Ouf, merci ! ), qui n'est pas au Centre non plus mais est ailleurs ( on sait d'expérience historique que le tropisme de l'ailleurs tend vers la Droite ).
Il importe finalement peu à ceux chez qui on a créé l'attente que le financement de son mouvement soit à la charge des puissances d'argent : ils ont le beurre, le sourire de Macron et n'attendent plus que l'argent du beurre.
Son programme ?
On en connaît déjà une partie, celle qu'on l'a empêché de mettre en œuvre et dont la France na pas pu bénéficier. Caliméro Macron aura été en somme victime de sa trop grande délicatesse et de la pusillanimité de ses « chefs », c'est du moins le message que les médias semblent sommés de répercuter à satiété.
Il est remarquable de noter que Macron et Juppé, Juppé et Macron bénéficient d'une couverture médiatique qui tourne parfois au dithyrambe tandis que d'autres impétrants sont soumis à une critique sévère, justifiée ou pas, et parfois dans le cas de Mélenchon malveillante.
Il fut un temps où l'électeur se déterminait en fonction des promesses bien qu'il eût à peu près conscience qu'elles ne seraient pas tenues : on lui vendait du rêve et il se prenait à rêver...
Qui a été dupe de François Hollande en 2012 ?
A-t-il séduit sur son programme ou sur la répulsion qu'inspirait son adversaire ?
Macron séduit parce qu'il prétend nommer les choses sans s'embarrasser de métaphores inutiles et qu'importe si, au fond, son « parler vrai » n'est qu'un habillage, un travestissement de la seule vérité qu'il connaisse, celle du profit.
Ces derniers temps il a donné un coup d'accélérateur à sa mise en jambe en soignant sa publicité et ses airs de feinte modestie ne trompe personne : la Une de Paris Match sur son couple est bienvenue même s'il ne l'a pas sollicitée.
Il cible ses interventions et ce n'est pas un hasard si, à l'occasion d'une visite en Belgique pour une conférence dans une Haute école internationale de Bruges, il a confié au grand quotidien belge « Le Soir » que son mouvement travaillait à l'élaboration d'un programme présidentiel.
Comme on doute fort qu'il pût rouler pour quelqu'un d'autre que sa personne, on peut légitimement s'imaginer qu'il spécule sur un effondrement de Hollande et de ses soutiens et se tient prêt à se précipiter dans la brèche ouverte par un désistement prématuré.
Macron est un homme de chiffres et si l'on est élu sur les chiffres, nul mieux que lui n'est à même de les solliciter au bénéfice de ses thèses, c'est aussi un analyste sec qui sait qu'à partir d'aujourd'hui, un an avant les Présidentielles, il doit être toujours sur le pont, omniprésent dans les médias, faire parler de lui ; il faut qu'il pèse sur les consciences et les imaginations.
A cet égard, Hollande s'inquiétant à l'occasion d'une visite d'entreprise de son absence dans sa suite directe (alors que, quelques longueurs derrière, Macron faisait le beau en sympathisant avec des employés) fut pathétique...
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