Macron vole au secours des écoles de Marseille : à voir...
C'est la suite des tribulations d'un président chez les pauvres. Après avoir fait ramasser les poubelles et couper les mauvaises herbes des quartiers nords de la deuxième ville de France, notre président s'est penché avec bienveillance sur la question scolaire dans des secteurs classés en éducation prioritaire depuis des lustres.
Il était temps. Une directrice d'école maternelle nous apprend qu'un projet de rénovation existe déjà pour son établissement : il date de 1999... Plus de vingt ans après, il suffit de parcourir google images pour trouver des photos du piteuse état des écoles du coin (illustration du haut), qui ressemblent davantage à celles des favelas brésiliennes qu'aux écoles privées où nos princes républicains scolarisent leur progéniture, bien à l'abri des tensions, reproduction sociale assurée oblige.
Donc Macron a réuni des directeurs pour des annonces "chocs". On attendait du lourd, et comme d'habitude depuis trente ans c'est du simple baratin de circonstances qui a été servi aux enseignants, qui ont quitté la réunion avant la fin pour marquer leur mécontentement. A-t-on proposé une augmentation massive des salaires pour les enseignants volontaires pour exercer en REP ? Des classes en petits groupes ? L'embauche massive d'éducateurs spécialisés, de psychologues et d'infirmières scolaires ?
Non, bien entendu. Il s'agit de "laisser plus de liberté pédagogique" (?), la "possibilité pour les directeurs de recruter leur "équipe" (?) et de rénover les locaux. Pour ce dernier point, inutile de développer : à part une couche de crépi, on voit mal l'état reconstruire les écoles pour mettre les enfants à l'abri des cafards et des rats. Les autres axiomes sont plus croustillants...
Macron en remet une couche sur le recrutement des enseignants de l'éducation prioritaire, en omettant le noeud du problème. Les profs ne veulent pas d'une affectation dans ces quartiers difficiles où ils risquent d'y laisser leur santé mentale et physique, le tout pour une modeste prime et le mépris de leurs semblables. D'où le maintien du fonctionnariat dans l'éducation nationale, afin de permettre d'affecter sournoisement par le barême des gens sur des postes non souhaités. Pour que les directeurs puissent "choisir" leurs collègues (ils ne sont pas chefs d'établissement et ne veulent pas devenir des DRH), encore faudrait-il qu'on se bouscule pour aller travailler dans les quartiers nords de Marseille. Ce n'est pas le cas. Notons que ce pipeau sur le mouvement des profs date des réformes libérales de l'ère Allègre.
L'autre ânerie, c'est cette fameuse "liberté pédagogique" dont nous aimerions avoir quelques exemples. Des classes à PAC (projets culturels) ? Des rallyes-lecture ? Des sorties scolaires plus ludiques ? La mise en place d'une belle chorale ? Nous voyons mal en quoi cela améliorera le niveau des élèves en rupture sociale de ces quartiers communautaires et hostiles, du fait justement de la démagogie des politiques menées depuis cinquante ans (construction anarchique de HLM+regroupement familial des immigrés+ délocalisation des entreprises qui employaient la main d'oeuvre ouvrière+liberté des trafics de drogue pour entretenir les lieux). Le pédagogisme fut l'affaire des syndicats pro-PS, le SGEN-CFDT en tête, un groupuscule de planqués donneurs de leçons à leurs collègues de terrain, qui aujourd'hui a l'audace de critiquer un discours qui est pourtant le sien depuis les années 1980.
L'ultra-libéral Gaudin a achevé les écoles marseillaises par ses coupes budgétaires. Comme disait Fernandel , au pays du pastis c'est les copains d'abord, et les parias des quartiers pauvres ne font pas partie de la tribu de l'ex-maire. Ce qui n'a rien d'original à Marseille, qui en a connu d'autres par le passé, de la tutelle administrative dans les années 1930 aux magouilles du fantasque Sabiani.
Alors que presque chaque jour des gosses meurent dans des réglements de compte, il semble urgent de relancer sérieusement les crédits de l'éducation en milieu populaire. C'est la base avec le retour de l'ordre public et l'éradication de la délinquance. Tout est question de volonté politique, que ne peut avoir un monarque libéral, mondialiste, dont la logique est de diviser pour mieux régner.
Quand on laisse les quartiers et les écoles à l'abandon, on justifie la violence, les gilets jaunes, les djihadistes et tous ceux qui encaissent la misère ; il n'y a pas de secret et c'est la leçon du siècle précédent : la misère engendre l'extrêmisme. Entretenir la pauvreté pour se constituer un vivier de main d'oeuvre est également un crime. Un véritable humaniste cherche à élever le niveau de vie de l'ensemble de la population, mais à enrichir seulement ses proches et ses amis.
Renover Marseille n'a donc aucun sens si on ne forme pas des citoyens dans des conditions dignes, tout en jetant en prison les pires délinquants, c'est-à-dire les politiciens corrompus et irresponsables. Mais à priori, ce n'est pas au programme de notre banquier-président...
Ci-dessous : un petit coin de paradis au pays des droits de l'homme, une barre-HLM marseillaise...
Source principale de l'article : http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2021/09/06092021Article637665070740831308.aspx
25 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON