Mai 68 a « tuer » l’école de la République
Mai 1968 : une révolte typiquement française
Si mai 68 a eu autant de retentissements et de conséquences sur la société française (et toute son offre politique) c'est d'abord parce que lnotre société fut plus lente et pusillanime à intégrer le changement et le progrès économique et social d'après-guerre
- La société française a mis beaucoup de temps pour se mettre à niveau (songeons qu'en 1970 nous avions un des plus mauvais réseau téléphonique d'Europe) et surtout elle a été constamment bloquée par ses corporations, ses habitudes et ses conformismes sociaux et politiques
- Mai 68 aura constitué une gigantesque et brutale remise à niveau : les moeurs (la contraception interdite jusqu'en 1967, l'avortement punissable de prison), les rapports sociaux (un chef d'Etat tout puissant, une bipolarisation héritière de la lutte des classes et de la guerre froide) ou de l'école (une école élitiste où il s'agissait de distinguer une élite tout en assurant un service éducatif basique pour tous les autres).
Mai 68 a permis de libérer (en partie) les entraves qui corsetaient les Français mais il est aussi responsable du naufrage de notre école
Si aujourd'hui les événements de 68 avec leurs barricades, leur gestes révolutionnaires, leurs discours ou les "références" politiques (Mao, Lénine ou le Che) semblent datés et passés de mode, l'école de la République a malheureusement subi 68 au point qu'elle est devenue aujourd'hui une vaste maison des jeunes (sans la culture), un asile pour le plus grand nombre, chargée de garder au chaud des millions de jeunes abusés sur leurs connaissances, leurs compétences et souvent leur avenir social et professionnel (un "master" pour devenir caissier en supermarché)
Il aura fallu, 40 ans, deux générations pour casser l'école
Après 68 la société française procéda (sans le dire) à un partage insidieux des tâches entre ses deux composantes principales de droite et de gauche
la Droite politique se vit attribuer la responsabilité de affaires économiques, financières et militaires.
Pour la Gauche il lui fut attribué la culture, le social (évidemment) et aussi l'éducation (dont la formation fait partie).
L'école est conçue pour transmettre et instruire pas pour déconstruire ou faire plaisir à des apprentis sorciers
Les anciens "soixante-huitard" se rabattirent donc sur l'éducation pour déconstruire la société (ou lutter contre les "inégalités")
N'ayant réussi qu'à ébranler la société française (ou tout au moins à la sortir du consumérisme et du matérialisme) les soixante-huitard prirent l'école d'assaut et entreprirent de mener leurs expérimentations sociales avec un laboratoire de 15 millions d'élèves et 100 milliards de budget (facs comprises).
Successivement il s'est agi (sous prétexte de libérer)
- de déconstruire l'école de Jules Ferry,
- de diaboliser la hiérarchie (mais aussi l'entreprise) pour rétablir une supposée égalité des chances (qui en fait se retourne totalement aujourd'hui contre le pauvres en favorisant les seuls enfants bénéficiant d'un environnement familial structurant et éduqué)
- de casser le mérite, les examens et la valeur travail.
Les réformes qui ont "tuer" l'école
- le collège unique (1977, une réforme de Gauche réalisée par la Droite et entreprise sous prétexte d'égalité des chances et de mixité social et qui consista à mélanger tous les élèves dans une marmite scolaire en imaginant ainsi donner une chance à tous
- la lecture globale : plutôt qu'apprendre la lecture marche après marche on s'est ingénié à faire de l'enfant un innovateur qui reconnaîtrait les mots dans leur globalité (on lit sans connaître les lettres ni les syllabes)
- les maths modernes : la théorie des ensembles et les bases de numération percutèrent les compétences des enseignants et surtout laissèrent sur la touche les familles.
- le bac pour tous (80% de bacheliers) : s'appuyant sur les résultats de l'industrie japonaise (Toyota notamment) on imagina le lycée pour tous (après avoir bâti à la va-vite le collège unique)
l'école est à terre mais les gauchistes refusent la responsabilité de ce désastre
Le travail manuel dévalorisé, l'apprentissage et les entreprises diabolisées, l'effort vilipendé... ont contribué à faire de l'école ce qu'elle est devenue aujourd'hui : une institution qui compte ses jours de vacances, dépassée par la société de la connaissance, ressassant des leçons datant de Jules Ferry alors que l'information, la connaissance et la compétence envahissent le monde mais désertent notre pays.
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