Maintenant, Israël a une dent contre Obama ou comment passer à Trump la patate chaude !
Les commentateurs politiques n’avaient pas de superlatifs assez forts pour qualifier le résultat du référendum anglais sur le départ de l’UE puis, dans la foulée, l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis, mais le journaux francophones n’ont pratiquement pas fait état d’une petite tornade diplomatique déclenchée par Theresa May vendredi dernier, quand elle s’est déclarée en désaccord avec le gouvernement américain sur une question majeure. Depuis quand un Premier ministre britannique prend-il ses distances avec un gouvernement américain ? Ce changement d’habitude cache peut-être un malaise plus profond qu’un simple agacement.
En reprochant à John Kerry de dégrader ses relations avec Benjamin Netanyahu, Mme May veut impressionner Trump et montrer une volonté d’indépendance du Royaume-Uni vis-à-vis de l’oncle Sam, ce que la vacance de fait du pouvoir en France ne permet pas de faire, phénomène d’autant plus dommageable pour notre pays que son chef de la diplomatie s’est figé dans l’attitude hiératique du génie de la Bastille au sommet de sa colonne, une main en avant, un pied en arrière, mais toujours immobile, inutile même pour son maître de l’Elysée, lui-même sclérosé dans le rôle de caniche de la Maison Blanche. L’administration Obama a déjà dépassé la date limite de consommation, mais nos dirigeants ne le savent pas. Ils croient toujours que l’avenir est en Irak !
La décision d'Obama d'ordonner l'abstention pour la dernière résolution de l'ONU critique vis-à-vis d’Israël et d’envoyer Kerry prédire l’avenir à Netanyahu en affirmant que « si le choix était celui d’un seul État, Israël pourrait être soit Juif, soit démocratique, mais qu’il ne pouvait pas être les deux, et que le pays ne connaîtrait jamais véritablement la paix », cette décision, donc, reflète la frustration et l’humiliation que le président « démocrate » a vécues alors que le congrès américain lui imposait une politique étrangère contraire à ses déclarations antérieures.
Netanyahu a qualifié les propos du chef de la diplomatie américaine de « coup de poignard dans le dos d'Israël ».
Or, la pire erreur serait d’interpréter les commentaires du secrétaire d'Etat américain comme pro-palestiniens ou anti-israéliens. Sa priorité est de défendre ce qu'il considère comme les intérêts à long terme d'Israël, qu'il considère comme devant être une solution à deux États dans laquelle Israël conserverait les terres qu'il occupait en 1967 et jouirait d'une supériorité militaire, diplomatique et économique lui permettant de dicter sa conduite à son voisin un état palestinien "souverain".
Netanyahou est tellement enivré par les prouesses militaires d'Israël, soutenus jusqu’ici par les Etats-Unis, qu'il ne veut entendre parler d’aucune limite à l'expansion des colonies en Cisjordanie, aux résidences et et aux routes réservées aux juifs, à la monopolisation des ressources en eau et au nettoyage ethnique des Palestiniens par la sécheresse, les maladies, la pauvreté, les démolitions et les expulsions.
Le crime de Kerry a été de montrer que « le roi était nu », que ni les Palestiniens ni le reste du monde ne pourraient supporter ce scénario à perpétuité.
Il a simplement mis en évidence le fait qu'accepter une solution à deux États maintenant, tandis que l'« autorité palestinienne » est faible et sans autorité, était le meilleur choix pour Israël plutôt que de rechercher vainement une solution à un seul État dans lequel les juifs deviendraient inéluctablement une minorité et refuseraient tous les droits aux Palestiniens en laissant s’installer un apartheid suicidaire. C'était cela le sens de la déclaration de Kerry à Israël : « choisir entre être juif ou démocratique ».
Si la « communauté internationale » est sincère dans ses assertions selon lesquelles les colonies israéliennes de Cisjordanie sont illégales, elle devra rapidement imposer à Tel-Aviv de se retirer des « nouveaux territoires » ?
Le peuple palestinien mérite mieux en 2017 que de commémorer le 50e anniversaire de la guerre des six jours.
42 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON