Mais à quoi sert Benoît Hamon ?
Selon l'ancien dirigeant de la gauche du PS, Jean-Luc Mélenchon "ne servirait pas à grand chose" en dehors de la majorité. La docilité de Benoît Hamon est-elle il est vrai très utile... à François Hollande ! Mais on peine à trouver trace de l'influence des idées naguère défendues par le sous-ministre dans l'action du gouvernement...
Benoît Hamon est un expert dans l'art d'avaler des couleuvres. Ce difficile exercice peut laisser quelques aigreurs d'estomac. C'est ce qui explique, sans doute les propos d'une violence inédite de l'intéressé envers Jean-Luc Mélenchon, qui selon lui "ne servirait pas à grand chose".
Et toi, d'où parles-tu, camarade ? Benoît Hamon, pour ceux qui l'auraient oublié, c'est ce jeune apparatchik rocardien devenu confondateur du courant de gauche "Un monde d'avance". Le même homme qui présida dernièrement à la dissolution de la gauche du PS dans le hollandisme triomphant. Un sous-ministre qui poussa la docilité jusqu'à se rallier au dernier congrès du PS au texte à prétention hégémonique du fan club du président et de la coalition des éléphants. Un petit groupe autour d'Emmanuel Maurel reprit le flambeau de la gauche du parti, pour un résultat forcément modeste (13% des voix).
L'action courageuse de ces francs-tireurs ne saurait occulter la réalité. La gauche du PS est en déclin constant, et son influence est aujourd'hui quasi nulle. Les plans d'austérité "d'une ampleur inégalée", la capitulation face à Mittal, le chèque de 20 milliards d'euros aux actionnaires aux frais des ménages... elle n'a rien su empêcher ni même atténuer ou tempérer. Certains, telle Marie-Noëlle Lienneman, ont pu à l'occasion faire entendre leur petite musique. Cela ne s'est jamais traduit dans les votes émis par les parlementaires de cette mouvance, à l'exception notable de l'opposition au traité d'austérité. Pis encore, en bon ministre astreint à la solidarité gouvernementale, Hamon cautionne la dérive libérale du gouvernement.
Avant de faire ainsi la leçon à l'homme aux 4 millions de voix, ce petit ministre serait bien inspiré de dresser son propre bilan. Mélenchon peut piétiner. Mélenchon peut se tromper. Mélenchon peut échouer. La pertinence de la stratégie du Front de Gauche peut être discutée. Mais lui au moins ne renonce pas, tant il est vrai que les seules batailles qu'on sûr de perdre sont celles qu'on renonce à mener.
En attendant le jour hypothétique où Hamon sera prêt à reprendre le combat, je présente aux lecteurs d'Agora Vox mes meilleurs voeux pour 2013... et aux derniers militants sincèrement à gauche du PS, qui méritent décidément meilleur cadre à leur action et dirigeants plus estimables, les sincères condoléances d'un ancien camarade.
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