Mais le libéralisme va-t-il durer encore ?
Quand on a interrogé Samir Amin, l'un des grands penseurs modernes d'économie, sur la longévité du capitalisme, il a vite répondu, en ironisant : quarante à cinquante ans et pas plus ! Et nous voilà à quatre-vingt ans et le système est encore en marche, mais à quel prix ? C'en est trop ! Le système libéral est valable pour un certain temps, pas pour tout le temps. Après le Brexit, les Anglais se sont rendus compte qu'ils étaient en fausse route, mais c'est trop tard ! Maintenant, ils nagent en pleine crise, la couche moyenne n'arrive plus à résister parce qu'il y a un effet inflationniste qui tire le pouvoir d'achat des ménages vers le bas. En plus, il n'y a plus d'économie de production comme avant, mais simplement une économie de services, sorte d'économie rentière sans impact réel sur la croissance. Résultat : la rue est en ébullition et le "scapegoat", c'est toujours le migrant, l'étranger, le noir, etc, venu d'ailleurs voler le pain des "vrais" citoyens de l'intérieur. A l'occasion, on prépare des lois anti-migratoires, populisme oblige, pour cacher le soleil avec un tamis. Or, le problème est ailleurs ! Pareil pour l'Italie, la France, l'Espagne, etc. Les masses veulent garder les avantages des acquis sociaux gagnés de haute lutte et les pouvoirs en place, dans l'impasse, n'arrivent même pas à boucher les trous de sécurité sociale, faute croissance économique nécessaire. Comment pouvoir garder le confort "relatif" de l'Européen moyen pour longtemps, alors que tout le système est en naufrage, précédé par des faillites bancaires ?
D'où prendre l'argent pour financer tout ça ? Quand on va chez les militants de la gauche radicale italienne ou française, on vous dit ceci : " d'où a-t-on pris les sous pour financer la guerre contre Irak et celle de l'Ukraine contre la Russie ?" Personnellement, je trouve cette question très bête, parce que, logiquement, à présent, les Occidentaux n'aident pas l'Ukraine pour faire la guerre, mais lui "prêtent" de l'argent, sous forme d'armements et de logistiques, afin qu'elle mène sa guerre et s'autodétruise pour "soi-disant" se défendre contre "l'envahisseur" Poutine. Cela dit, c'est un marché gagnant-gagnant. D'une part, ils (les Européens) vendent leurs armes, les testent sur le terrain et en gagnent de quoi financer d'autres guerres à court et moyen terme, et pourquoi pas de l'argent pour leurs économies quasiment déficitaires. De l'autre, ils tentent d'affirmer leur suprématie dans le monde, par le pare-choc des pays-tiers, -ici l'Ukraine-, dans l'intention de faire face à la Russie et la Chine en particulier. En ce sens, les Européens donnent un œuf et ils en prennent dix en retour ! Ils ne sont pas là à faire de la charité chrétienne ni à jouer les petits frères d’Évangile. C'est drôle de dire, à mon sens, que les pays de l'union Européenne mènent des guerres alors qu'ils sont incapables de financer à temps leurs systèmes de retraite ! Dans les relations internationales, il n'y a ni droits de l'homme ni droits d'enfant ni moins encore ceux des minorités ni plus rien du tout, il n'y a que les intérêts. Sinon, comment peut-on expliquer le soutien affiché des Etats occidentaux à de nombreuses dictatures dans le monde dont celles du monde arabe en particulier ? Pour conclure, disons que tout est lié et tout est interdépendant dans la logique du système libéral mondial lequel, quoiqu'on en dise, est capable de durer encore pour très longtemps !
Kamal Guerroua.
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