Mais où sont les femmes savantes ?
Réaction à l’article Agoravox : où sont les femmes ?
Ah, cela m’a interpellé et pour la première fois je prends la plume, stoppant net mes activités. Ne préférant pas m’insérer dans les commentaires, pauvre femme esseulée dans la meute, j’écris enfin le premier article ! Attention, une simple futilité d’article en réponse à un article qui fait sourire !
Moi, fervente lectrice d’Agoravox, osant de temps à autre (très très rarement en fait) laisser un commentaire, en général insignifiant et perdu dans la masse, cet article m’a fait réagir. Attention, je ne prétends absolument pas parler au nom des femmes, je parle en tant que moi, être sexuée fémininement, mais être humain avant tout, enfin, il paraît, dans certains pays, c’est pas toujours acquis...
Mais oui, après tout, où sont les femmes sur Agoravox, tiens, je n’y avais jamais pensé ! Je lis, je lis, et je ne me demande pas si c’est une femme ou un homme qui a écrit l’article. Serait-ce une question d’homme ? Puis-je me gausser ?
Et l’auteur, très sympathique, de nous exposer des méthodes pour faire venir des rédactrices sur Agoravox. La meilleure étant d’aider à la rédaction au lieu de refuser l’article !
Ah bon, il y aurait plus d’articles refusés de femmes que d’hommes ? Amis du comité de rédaction, est-ce vrai ? Si oui, faut-il aider ces braves dames à rédiger un article convenablement, est-ce à dire avec la mâle attitude ? Un article sérieux, documenté, faisant preuve de l’instruction de l’auteur ?
Si cet article ne franchit pas la barrière de la censure, j’attends avec impatience les conseils de rédaction. C’est que, désolée, mais je ne sais pas bonimenter, alimenter les articles de sources sérieuses pour faire vrai, poser les questions existentielles nécessaires, faire autorité en la matière, etc.
Bon, un peu de sérieux tout de même, serait-il possible que l’auteur de l’article pointe des faits véridiques ? Dans ce cas, osons alors quelques comparaisons avec des journaux bien connus.
Messieurs, vous qui avez le temps, allez donc repérer le nom des journalistes à Libération, au Figaro, aux Echos, à l’Express, à Marianne, au Nouvel Obs, au Point... (pardon pour les oublis). Il me semble (mais cela reste à prouver, n’oubliez pas, Messieurs, d’aller vérifier), que point trop de femmes n’envahissent les colonnes.
Par contre, la presse magazine féminine pullule de signatures d’auteures.
Alors oui, effectivement, Agoravox, ce n’est pas de la presse femelle, comment maigrir en un jour, comment paraître dix ans de moins en un jour, comment élever son enfant en une leçon ou comment séduire un seul mec (heu, j’ai dit une connerie là ?). Aïe, vais-je m’attirer les foudres des ménagères ?
Récapitulons ! Les sujets sérieux, c’est pour les hommes, les sujets futiles, c’est pour les femmes ! Que ce soit bien clair, comme ça on ne se prend pas la tête. Mais que ce serait bien si tout était ainsi cloisonné. Comme on était tranquille avant, au temps béni des femmes savantes moquées par Molière ! Notez que je mets en avant ici ma culture, oui, oui, j’ai lu Molière, je le jure, Monsieur le président, mais j’en suis restée à la première interprétation pour ne pas vous offenser, Monsieur le président, allons, vous savez bien que je sais que Molière ne se moquait pas que des femmes mal lettrées mais aussi des mâles pédants, comme vous Monsieur le président.
Le problème est que, parfois, j’ai l’impression de faire partie d’un autre monde. Déjà, je vous avoue mon âge, 40 ans, histoire de me situer historiquement, dans le contexte, quoi. J’ai été élevée dans le "tous égaux", pas de différence homme-femme, et fermement convaincu, disons, jusqu’à la trentaine que cela était vrai. Et puis, et puis, il a fallu ouvrir tristement les yeux. Ce n’était pas vrai ! Non, ce n’était pas vrai ! Mince, alors, ça fout un coup, ça vous vieillit de dix ans... ( C’est pourquoi j’utilise aujourd’hui la formidable crème pour enlever ces dix ans de pris trop tôt.)
C’est qu’en fait, je me comportais en homme et que maintenant je suis plus femme. Cela vous dit quelque chose ? "On ne naît pas femme, on le devient" de Simone de Beauvoir. Ah, on fait sa savante, on met des sources, on prouve qu’on a lu ! Ne vous inquiétez pas, c’est uniquement pour que l’article puisse paraître.
Donc, disais-je, j’écrivais beaucoup plus avant, croyant que c’était important.
Au secours, Henriette, Clitandre, revenez nous dire que c’est l’amour le plus important et que le reste n’est que pitrerie pour se rendre intéressant, et que toutes les affaires du monde, dont on peut bien discourir des heures et des heures, sont à la solde des puissants, hommes et femmes confondus. On ne peut que se gouailler de ces discours et parfois s’y mêler pour un temps, histoire de penser que l’on est là sur Terre, intéressant, auteur de grands articles importants, que l’on a fait avancer le schmilblick, mais comme dit princesse Erika : que du bla bla, me dit cet homme-là...
Et l’amour n’a pas de place dans les articles sérieux, l’amour c’est pas sérieux, c’est pas ça qui fait avancer le monde. Mais si amour du prochain, il y avait, famines comme par enchantement enlevées ! Et si femmes on écoutait, amour on entendrait, enfin, je pense aux femmes qui se taisent, pas celles qui jactent comme moi pour écrire un article sur Agoravox, pour tenter de montrer qu’un article de femme et non pas de femme en mâle élevé, n’a peut-être que peu de valeur dans le cœur des hommes.
Amitiés à tous ceux qui parlent trop et ne font rien et à tous ceux qui parlent aussi et font !
PS1 : j’adore lire Agoravox, ça me distrait !
PS2 : pardon à tous les mâles (hommes et femmes confondues) de vous avoir si maltraités
PS3 : les auteures et lectrices de presse féminines sont des femmes déguisées en mâle et re-déguisées en femelles. Chut, je lis Marie-Claire de temps en temps !
PS4 : si on pouvait tous enlever nos oripeaux pour devenir des humains accomplis, ce serait chouette, non ?
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