Mais Papa, l’Euro ça existe pas !
Confortablement perché du haut de ma naïveté comptable et financière, je m'amuse avec la candeur d'un enfant regardant une fourmilière paniquée.
Ça grouille parce que leur "Euro" risque de (voir même "va" pour certains) se casser la gueule. C'est rigolo. C'est rigolo de les voir courir comme ça, d'autant plus frénétiquement qu'ils réalisent qu'ils ne savent plus où aller.
Comment leur dire ? Et pourquoi le ferais-je d'ailleurs : le spectacle est trop drôle. Mais le fait est que quand-bien même je le voudrait, je ne pourrais pas leur dire que leur Euro n'existe pas car je ne suis qu'un gosse extérieur à leur monde et non une introduite de cette fourmilière.
Comment leur faire comprendre ne serait-ce que quand le sage montre la lune, seul l'imbécile regarde le doigt ?
- La sagesse est une notion qui leur est inconnue. Déjà, ça part mal ...
- A leur niveau, la lune est la partie anatomique ciblée sur l'adversaire.
- Imbécile : si les fourmis sont réputées pour les ardeurs, elles ne le sont en revanche pas pour leur haut niveau de conscience, tel que le corbeau, le dauphin ou l'être humain, eut-il cinq ans (c'est à dire même pas l'âge de raison).
- Le seul doigt qu'il connaisse est l'index boursier, pointé vers le haut ou vers le bas tel le pouce d'un empereur.
Mouais ... Pas gagné de vouloir leur faire comprendre quoi que ce soit !
Mais avec la candeur et la vaillance d'un môme je vais tout de même essayer. La solution me vient du film "Philadelphia" : "Expliquez moi comme vous si parliez à un enfant de cinq ans."
Mais revenons en arrière : qu'est-ce que la monnaie ?
Rappelons qu'avant l'argent, le commerce existait déjà, sous forme de troc. De cet héritage qui est à la fois la seule vraie forme de commerce et donc le fondement de toute autre forme de commerce, il nous reste deux expressions explicites : 'Donnant donnant" et "De la main à la main".
Dans sa forme la plus basique, le commerce consiste à échanger une valeur concrête (objet ou service) contre une autre en s'étant bien entendu mis au préalable d'accord sur les valeurs que l'on reconnaissait à ces marchandises.
Par nature, le commerce est donc relatif ! N'en déplaise à certains économistes (comme Bernard Guerrien) qui affirment que la loi de l'offre et de la demande n'existe pas. Bien sûr, reste encore à s'entendre sur la formulation de cette notion mais là n'est pas le sujet.
Bien vite, cette forme basique de commerce évolue pour intégrer la notion de temps : le troc en différé. Ce troc en différé peut exister sous deux formes. La plus simple est "l'avance" (ou "prêt"), simple décalage ponctuel de la transaction : "Je te file une peau de bête, tu me filera une poterie quand tu l'auras finie".
La plus évoluée, le "crédit", intègre une transaction échelonnée dans le temps : "Je te file une peau de bête et tu me donneras des patates douces pendant un mois."
Mais pour en arriver là, le commerce doit nécessairement en passer par une notion éminemment humaine et relative : la confiance. (Rhôoo... Mais vous avez fini de rire, oui !?)
Mais cette forme pure et dure de commerce se heurte à un gros soucis : la balance des besoins ! Celle ci dépendant fondamentalement du temps et de la distance. Que faire quand tous le village a son compte de poteries ? Comment fait un menuisier pour troquer de la bou... -nourriture !- pendant les 10 jours qu'il lui faut pour fabriquer un meuble bancale. (Ben oui, avant l'apparition de la monnaie l'artisanat était approximatif ...)
La solution est simple : décréter, étalonner et respecter une "valeur" universelle : la monnaie.
Dès lors, le commerce ne se fait plus d'une valeur concrète contre une autre mais d'une valeur concrète contre une valeur abstraite. C'est justement là que ça part en c... -vrille !-.
Du commerce et de la monnaie à l'économie et à la finance ...
L'argent n'est pas qu'un chiffre. Intrinsèquement la monnaie n'est que la représentation purement conventionnelle et valorisée d'un AVOIR. Rien que là, on comprend qu'il s'agit déjà d'une vue de l'esprit.
En effet, de par cette virtualité de l'argent, un tel système est doublement quasi-voué à l'échec, ou en tout cas à deux dangereuses imperfections : c'est la porte ouverte au vol et à la spéculation. Car peut importe à quoi correspond cet argent puisqu'il est lui même une valeur !
Le vol est (grandement) facilité car quand je vends ma peau de bête, peut importe d'où provient l'argent que je reçoit et encore moins le fait qu'il soit mérité ou non.
La spéculation, forme discutable de vol selon le cas, constitue néanmoins une dérive abyssale (profonde et n'entraînant que vers le bas) car elle consiste à obtenir des avoirs sous leur forme d'argent sans avoir produit de valeurs réelle (bien ou service) en contre-partie. (Seul 1/4 de l'or 'papier' vendu existe concrètement, et seuls 10% des devises existent sous forme papier imprimées ! Sink of it ...)
Apparaissent alors les dérives sans limites du mercantilisme ...
" ECONOMIE : Trop de gens dépensent de l'argent qu'ils n'ont pas pour acheter des choses dont ils ne veulent pas afin d'impressionner des gens qu'ils n'aiment pas. " [Auteur inconnu.]
Enfin, à la fois par nécessite de gestion et par cette dérive inhérente de la spéculation naît la "finance". De part son industrialisation de la monnaie, la finance "nous la joue à l'envers" : l'argent n'est plus un moyen, un outils mais devient bel et bien LA fin en soi, sans autre forme de considération. Et le commerce, lui devient donc, a contrario, la matière première de cette industrie.
Le cas le plus flagrant est ce que l'on appel des "produits" : des services non plus basées sur des valeurs marchandes (biens ou services) mais sur d'autres services, donc du 100% virtuel.
Question de môme : dès lors que seul le virtuel compte, c'est à dire quelque chose qui par définition et nature n'existe pas réellement, qu'est-ce qui existe réellement ?
Aussi, toujours avec ce regard d'enfant de cinq ans ...
L'euro ne chutera ni ne disparaîtra jamais pour la simple et bonne raison que l'Euro n'existe pas. Je re-précise bien : d'un point de vue réel ! En revanche, en ce qui concerne les cours (de récré) de la bourses, oui, il est plus que probable que cette convention arbitraire qu'est l'Euro disparaisse bientôt comme il est apparu. L'Euro n'est qu'un artifice, une vue de l'esprit ou pour être plus exact, une tournure comptable, fixe. Or les valeurs, richesses, avoirs et pouvoir d'achat sont extrêmement variable à toutes les échelles !
La notion de monnaie unique revient à parler tous la même langue financière. Si l'idée est séduisante elle est néanmoins fausse et donc casse gueule car sur quel étalon est indéxée cette monnaie unique et quelles sont la validité et la pertinence (conformité avec la réalité) de cet étalon.
Chaque marché, tant géographiquement que par secteur d'activité, EST en soi un "patois" ! Il a ses propres rouages et besoins spécifiques.
Autrefois, et encore maintenant hors zone Euro, des taux de changes permettaient d'ajuster la valeur d'une monnaie par rapport à une autre ce qui en soit est déjà et une erreur et une illusion. Je développe ...
Un taux de change est un ratio entre deux monnaies. Mais en quoi ce ratio est-il pertinent ? Il n'est qu'une globalisation, une moyenne qui masque des variations (illusion) qui, précisément, sont le moteur du commerce (erreur) !
Rien qu'entre deux pays, il est impossible d'indexer communément une valeur quelconque sur une autre (par exemple exprimer le prix du KW/h en "baguette de pain"). Alors certes une moyenne rends les lectures plus aisées mais également tellement moins précises qu'elle en deviennent fausses. "La tête dans le four et les pieds dans le congélo, en moyenne on est à 20°C ; tout va bien !".
Autrement dit, si sur le papier un Euro vaut un Euro (La Palice, sors de mon corps !), d'une transaction à une autre la valeur réelle d'un Euro diffère totalement !
Aussi l'Euro ne comble en rien les écarts mais en globalisant encore plus cette moyenne, il n'a fait que masquer les taux de change. Or on sait bien ce qu'a donné la fermeture des maisons closes ( Gné ? o_O ) en France. Loin de faire disparaître la prostitution, cela en provoqua au contraire l'explosion anarchique. Sans compter que parallèlement à ça cela la question alors engendrée "Que vaut réellement mon Euro ?" rend les mécanismes d'offres et de demande encore plus flou et donc étouffe le dynamismes des échanges commerciaux (eux même, pour ne rien arranger, logiquement dénaturés par une mondialisation de l'industrie ...).
Le seul "intérêt" que je vois à une monétarisation unique et plus globalement encore dans une mondialisation des bourses et de la finance, réside précisément dans ce nivelage apparent qui constitue l'outil idéal pour ... la spéculation.
Qui je le rappelle consiste à gagner une valeur virtuelle sur un marché lui-même virtuel.
Pour conclure ...
Question de môme : ou est le problème réel ?
Hormis, bien sûr, la grande gamelle universelle d'une finance tellement virtualisée que l'argent lui-même n'aura plus de sens car le seul semblant de pseudo-réalité qu'il avait, la confiance, ne sera même plus possible ...
( En revanche, oui, crise humaine il y a ! Et pas qu'un peu. Mais ça ON s'en fou : je vous l'ai dit, de nos jours seul les "bénéfices" et le virtuel sur lesquels ils sont basés comptent ... :/-).
Et je dis bien "ON" car celui qui dénigre la finance en regardant les infos sur son écran plat acheté à crédit ferait bien de balayer devant sa porte. Les terrasses des fast-foods sont pleines de gens dénonçant par ailleurs la malbouffe ! A un moment donné, il faut bien savoir ce que l'ON veut vraiment et s'y tenir, c'est à dire AGIR EN CONSEQUENCE. Car au final, on ne récolte que ce que l'on a semé.
Et qu'est-ce qui nous empêche réellement de vivre dans le meilleur des mondes ?
Les limites n'existent que dans notre esprit ; il ne faut pas confondre 'impossible' avec 'impensable' (qui d'ailleurs n'est souvent en réalité qu'un simple "Je n'ose pas imaginer." !).
Et qui est le "plus fort" : celui qui possède tout ou celui qui n'a plus rien à perdre ? ;-) )
De fait, il n'y a pas de crise financière, il y a juste une dichotomie entre ceux qui parviennent encore à jouer ce jeu de dupes et ceux qui n'y parviennent plus. A prendre des vessies pour des lanternes, il ne faut pas s'étonner de finir par se cogner dans le noir ...
Alors si j'ai loupé quelque chose ou mal compris... Eclairez moi !
Bizatouss !
PS : Mon "compte en banque" :
Pillage, échange, partage, don ... Mon miroir est mon relevé de compte.
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