Mais peu importe...
J'ai pensé à ceci : L'immersion de l'esprit humain est dorénavant totale, irrécupérable. Lier la nature vivante restante avec ce que l'Homme à construit jusqu'ici me semble se dissiper, à moins abuser de mes propres mots, à décéder sous le rapport forcé avec l'espoir d'un monde de demain censé être internisé par ce "confort de vie" abusif, inique, vexant et inopportun avec ce qui reste en âmes données à la subjectivité du vivant, quelque chose de non-instrumentalisé, machinique. En rendant aveugle le néant, la mort elle-même me semble devoir devenir créative, de prévenir quelque chose de pas du tout concevable, ici bas, où on observe, distance de sécurité oblige, des ours polaires affamés "terroriser les habitants de notre ville champêtre"... Flottant pareillement à craindre la nature, on se dirige machinalement vers l'hybris de humanité à tout pouvoir résoudre. Notre fosse d'aisance contient ce qui ne nous freine en aucun sens ; aucunement, jamais enrayé. Calibre ! Maîtriser ce qui ne peut être contrôlé par la mégamachine qui a fait naître la bombe nucléaire, la guerre totale ou la conversation par téléphonie mobile dans un metro souterrain. Je me suis souvenu d'un incident documenté au plus large d'un ours polaire qui, érrant sur du béton glacé, qui s'enrayât devant les bennes d'ordures de la ville en essayant d'y chercher quelque chose de comestible, quelque chose qui, éradié de son espace naturel ; le froid ne suffisait même plus à faire grelotter une âme humaine. On y a donné des cours particuliers aux personnes censées les abattre. On y a parlé d'expérience et de routine, de l'inanité des êtres qu'ils sont... On y a montré des organes mutilés au calibre douze sur des photographies prises qui étaient accrochées sur un tableau. Il y a ces moments qu'ils aiment, qu'ils préfèrent à en perforer le restant de leur esprit en état hypnagogique. "Il faut te planquer pour être sûr que l'affâmé de t'attaque pas" se rejouit-il, cet aliéné ayant déjà dilacéré une douzaines de ces "saletés". Tout le monde a droit à son infamie en metal qui va lui arracher la moitié du corps à cet intrus. J'ai pensé qu'il fallait mieux y installer un trompe-oeil à la place, une sorte d'avant-plan mouvant avec des roues derrière afin d'envisager éventuellement qu'il n'est jamais trop tard pour renoncer face à tant d'intraitables habitants de la modernité. Bien entendu, la bête n'a pas la moindre correspondance à échanger avec l'écrasant tourment qu'il faut absolument tout justifier comme si la médiocrité marchande ne suffait pas...
& puis j'ai pensé qui je suis pour décrire le fait qu'on se soumet en épectase à la supériorité de tous les consommables disponibles dans les rayons des supermarchés, de la visiophonie au jambon en croûte de façon tellement évidente qu'on n'a plus rien à fabriquer que soi-même, mais le produit a comme synonyme la perfection, alors me suis-je dis quelle est la véritable perfection, la rationalité la plus objective, la plus coruscantes des vagues de bien être futile hors de toutes les diversités fantaisistes qui font de ce genre bumain ce qu'il est réellement par temps de détresse : élaborer l'architecture d'une nouvelle beauté sur un fond de canevas ; peut-être aussi la pulsion à s'entasser par ennui dans une salle d'attente pour se refaire le nez ou la joue ou la jambe ou un remeublement complet au forfait plutôt alléchant, que sais-je... On y accomplit de merveilleux thaumaturges ces derniers temps, des miracles gonflés qui scintillent, nos fils de dilection possédant la nescience du mal propre, utile si on y insiste ; une engeance à soi-même, au corpus humain, à son anatomie malpropre et crétine à vouloir même se sensibilier à la présence de ses vibrisses ou que sais-je.
Ce matin, je m'éfforce d'oublier l'humanité vieilotte qui se traîne comme par réflexe en s'incendiant sur fond de ce qui les dérange en attendant le passage au vert près d'une voie express avec ses camions frigorifiques accompagnés de son tonnage automobile qui s'accumule derrière. Des géants qui se précipiteraient sur le seuil de leur balcon en quelque sorte et je me suis dit que ce sont peut être toutes ces journées manquées qui s'utilisent en guise d'un refus de conscience, ignorant pleinement que ce monde ne débouche sur plus rien enfermé dans ce cocon pollué parmi tant d'autres qui font exactement la même chose dans une endroit différent en silence quelque part, sans personne, ni rien ; reste encore à survivre face à tout cet amas de jours inutiles à passer son temps à effacer ses souvenirs à cultiver son regard sans la voix propre de la ville immense qui engloutit tout avec la convenable promesse que tout est désormais possible tout en étant obligé à engager des publicitaires dispercés dans les sous-sols censés enjoliver à la télévision ou dans les transports en commun un numéro spécial "qui aide", facile à retenir qui finira tout compte fait par dégager des symptômes d'une montée toujours plus préoccupante et malcommode des cas de suicides ou psychiatriques s'avérant graves intrigués sous la fatigue jaunissant toute la partie visible de leur mobilier en chair, ramant en face de ce tintamarre se précipitant comme pour leur rappeler les mises plus haut encore à la prochaine réunion avec les cadres ou ça chante tout en avalant des benzodiazépines dans le coin d'une cuisine d'entreprise ; et il y avait cet autrefois auquel nous tenions sans trop réfléchir à ces grondements des échangeurs d'autoroutes, de pénombres d'une crépuscule pollué à l'oxyde de carbone, aux chambres désarticulés des centres-ville où on installe des grillages aux fenêtres devant des corps détruits qu'on attaque à la ramassette en fin d'année ; reste encore les légumes en boîte pour le soucis de facilité.
Je me souviens plus des anciens figurants publicitaires de jadis se barguignant dans un tube cathodique un peu amputés de quelques fonctions cérébrales sous ordre d'une régie à faire comprendre aux internautes qu'il est temps de reprendre goût à la vie sur terre sans revenir en arrière et sa friperie du progrès guerrier parmi nos réservations de voyage en avion à destination de je ne sais quel ressort touristique avec ses pelouses tondues et ses instructions mortes censés guidés les serveurs au bar, etc... Je me souviens assis dans un living-room poussièreux en chérissant tant les soirs d'oisiveté sans instruction, sans caméra de surveillance, sans audace à me faire circuler entre les objets démocratiques qui me serviraient de vitamines, etc...
Mais peu importe...
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