Mais pourquoi diable suis-je là à défendre DSK ?! …
… moi qui ne suis politiquement ni pro ni anti-DSK et ne suis intéressé que très indirectement à ce qui se passe au PS. Et qui n’ai pas son comportement … social …
Cela m’a pris dès le début. Plus précisément pas le 14, mais le 15 mai ; dès le perpwalk ; pour la défense de la présomption d'innocence, malmenée dans les médias et dans les réseaux sociaux, la confusion qui ressortait des "contributions" mélangeant les aspects juridiques, politiques et souvent moraux, donc de sa propre morale.
Notre société doit être laïque - par rapport aux religions - , la Justice doit alors être "laïque" par rapport à la morale, et ne se référer qu’à ce que traduit la loi : le dénominateur commun des morales individuelles ou communautaires qui permet le vivre-ensemble.
Je croyais être débarrassé de cette affaire le 23 août quand le juge Obus suivait les recommandations de Cyrus Vance et m'y revoici, pourquoi ?
Parce que deux autres principes essentiels de la justice, donc de la garantie du bon fonctionnement de notre société, sont encore malmenés : d'une part le respect de la chose jugée et d'autre part un principe de droit : le doute doit toujours profiter à l'accusé. Principe d’ailleurs lié à celui de la présomption d’innocence ; l’un et l’autre se répondent et se renforcent. Ainsi le « non-lieu » de Cyrus Vance ne signifie pas que DSK soit innocent, on est d’accord, au moins renforce-t-il énormément la présomption d’innocence, qu’on lui devait déjà au départ ; il est curieux de voir que pour certains ce « non-lieu » soit prétexte à encore plus d'attaques, malmenant encore au passage le principe du respect de la chose jugée. Des Julien Dray et des Alain Marécaux étaient pour les medias aussi évidemment coupables qu’aujourd’hui DSK, comment les médias ont-ils réparé après qu’ils eurent bénéficié d’un non-lieu ?
Je suis tout à fait sensible à la mobilisation des associations féminines, et de ceux qui les soutiennent, homme ou femme, sur cette affaire et en comprend l'enjeu.
Mais les principes de notre Justice ne sont pas moins importants ; l'enjeu est également immense ; combien nous perdrions et quel recul, si nous tendions à favoriser une justice plus expéditive ! Essayons de prendre un peu de hauteur, le véritable enjeu de nos débats devrait peut-être être là : comment traiter les affaires qui sont compliquées à juger car elles mélangent du pénal, de la morale et une difficulté des preuves. Dans ce domaine, il y a bien sûr les violences sexuelles mais pas seulement, il y a par exemple également la corruption.
Voila ce à quoi je pense qu'il faudrait réfléchir plutôt que de traiter ce sujet à la remorque des medias. Plutôt que de se focaliser sur la culpabilité décrétée de DSK, les associations féminines et ceux qui les soutiennent auraient fait et feraient beaucoup mieux de ne pas courir le risque de voir DSK blanchi dans quelques mois et de focaliser leur communication et leur réflexion sur la difficulté d’ester dans les affaires de violences sexuelles et de promouvoir des solutions à ce problème dans le respect des principes fondamentaux de notre Justice.
Alors j’en viens maintenant au dernier épisode, le plus récent : l’interview de DSK que beaucoup jugent … inappropriée. Si on accepte les principes de Justice que j’ai rappelés plus haut, alors le seul filtre avec lequel on ait le droit, juridique et moral, de regarder cette interview est l’hypothèse où DSK est innocent. Me suivez-vous ? Et si on se met sincérement dans cette optique, on imagine alors le calvaire qu’il aurait parcouru, et une fois sa situation judiciaire réglée, comprendre qu’il veuille redresser son image que les medias ont massacrée, à tort dans notre hypothèse. Plutôt que de faire l’exégèse de ses déclarations, de ses froncements de sourcil et de ses soupirs, on a alors de l’empathie à le voir tenter de retourner en sa faveur l’outil des medias.
Bien sûr et c’est important, même si on s’astreint à respecter la présomption d’innocence, on ne peut pas exclure de sa pensée l’hypothèse inverse où DSK serait coupable. Quel calvaire injuste, alors que celui que traverse Madame Diallo.
Heureusement, il reste la deuxième manche, au civil, où je suis persuadé que la Vérité sera faite, dans un sens ou dans l’autre ; si la culpabilité de DSK était alors avérée toute sa communication se retournerait contre lui et le jugement n’en serait que plus sévère, car aux souffrances qu’elle aurait subi pendant 6 minutes dans la suite Sofitel s’ajouterait alors les souffrances qu’elle aurait subies pendant les 8 mois suivants.
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