Petite histoire qui m’est arrivée samedi en fin d’après-midi. J’habite Lyon et comptais traverser la gare de Perrache en venant de la place Carnot pour rejoindre les quais de Saône un peu plus au sud. La police (un groupe de 5-6 dont plusieurs militaires armés en treillis) était en train d’effectuer un contrôle d’identité sur une personne visiblement éméchée, juste avant les portes de la gare, contrôle qui se passait aussi normalement que possible, c’est-à-dire dans le calme, sans cepedant aller jusqu’à la courtoisie.
Pour information, j’ai 47 ans, était habillé d’une manière tout à fait standard, genre père de famille respectable, et portait même jeans et Raybans ce qui paraît-il se fait même au plus haut niveau de l’état, et ne différait donc pas du promeneur moyen prenant le soleil en cette fin d’après-midi.
Je me suis arrété et ai ostensiblement regardé ce qui se passait, d’une part pour vérifier le bon usage de mes impôts, et aussi surveiller la ’qualité’ du comportement de la police dans une telle situation.
Après quelques minutes, un des policiers m’a demandé de circuler, m’a informé que je devais respecter un périmètre de sécurité. Je lui ai dit que je regardais comment s’effectuait le contrôle, et me suis renseigné sur la dimension du périmètre en questions. La réponse fut que le périmètre était laissé à l’estimation du policier, en fonction du danger évalué.... et que comme je souhaitais savoir ce qu’était un contrôle d’identité, j’allais avoir l’occasion de passer aux travaux pratiques.
Ensuite , ce qui est en train de devenir la routine, j’imagine : vidage de poches, palpation très sommaire de sécurité au corps, je dois ouvrir mon sac, sans toutefois que le contenu en soit contrôlé.
Je fournis ma carte d’identité, on me demande mon adresse que je fournis, et qui n’est pas celle inscrite sur la carte, car j’ai déménagé depuis l’émission du document. Un coup de téléphone quelquepart pour vérification de quelquechose, pendant lequel je glisse que je dois être dans le fichier Edvige, car j’avais été candidat aux dernières élections municipales.
Ensuite, l’attitude à mon égard s’améliore un peu, le contrôle se termine, et on me demande de circuler, sinon c’est une ’entrave à la circulation’. Comme si un piéton est fait pour marcher, et non pour être simplement debout. Le passage fait une quinzaine de mètres à cet endroit, donc la circulation y est assez difficiler à entraver.... Et de plus, je n’ai pas le droit de rester derrière les policiers, dans leur dos, pour des raisons encore de sécurité.
L’histoire s’est donc bien terminée, et le traumatisme pour moi reste heureusement limité. Le seul résutat palpable (à part moi...) en est ce premier article dans Agoravox.
Les points que je voudrais souligner :
- le contrôle de mon identité était vraisemblablement légal, car à proximité d’une gare intenationale, même si c’était à l’extérieur de la gare.
- j’imagine que regarder les policiers exercer leur fonction dans un lieu public, ce qui est me semble-t-il permis par la loi, a été considéré comme un trouble à l’ordre public, ou une tentative de trouble. J’étais pourtant simplement arrété (tout seul, pas par la police), en train de regarder.
- la manière dont j’ai été contrôlé montre que le seul but était de m’intimider, et donc me montrer qui est le plus fort, et que le plus fort en question a fatalement toujours raison. Pour quelle utilité ? Un regard curieux et je l’avoue un peu inquisiteur serait-il le début de la culpabilité ?
- l’interprétation des textes semble laissée pour partie à l’estimation des policiers, qui profitent de fait de l’ignorance en ce domaine du citoyen lambda.
- Le plus symptomatique me semble être que la police s’est visiblement sentie génée de mon regard, comme si elle avait honte, et a eu besoin de réagir et de faire cesser et baisser ce regard, en me plaçant dans la situation du contrôlé, donc en situation d’infériorité.
Dans une démocratie digne de ce nom, la police devrait remplir des tâches qui ont un sens, la police devrait être fière de ce qu’elle fait, et les citoyens devraient être fiers de leur police.
Ma petite expérience d’aujourd’hui me pousse malheureusement à penser la contraire.