Mais qui est réellement Google ?
Vendredi dernier, un reportage d’Arte intitulé “Faut-il avoir peur de Google ?” était consacré à la firme de Mountain View. Il est sûr que lorsqu’on voit la vitesse exponentielle de développement de Google, la question mérite d’être posée. Une occasion de dresser un portait du géant du Web.
Google et sa foi dans l’algorithme :
Sergey Brin et Larry Page
sont deux fils de mathématiciens et d’informaticiens, leurs pères étant
tous deux professeurs dans des universités prestigieuses. Ils ont donc
été élevés avec des équations et sont persuadés que la vie n’est qu’une
grande formule mathématique.
Ils gèrent leur vie privée et professionnelle de façon très
scientifique, leur plus grande peur étant l’inconnu symbolisé par le
facteur humain. Cette croyance du “tout algorithme” est un élément
fondamental de la culture Google.
Brin & Page : deux génies hors normes
Brin et Page sont assurément deux génies de l’informatique et des
mathématiques. Mais on ne peut les limiter à cette description !
On ne peut comprendre ces deux hommes que si on a à l’esprit qu’ils sont
des visionnaires, à la recherche d’un monde meilleur, adoptant une
logique subversive.
D’où le fameux credo “don’t be evil",
Brin et Page étant persuadés de pouvoir changer le monde. C’est là
tout le paradoxe de Google entre un “monde machine” et un monde dans
lequel l’idéologie joue un rôle prépondérant.
Brin et Page sont par exemple des adeptes du rassemblement Burning Man.
Sorte de Woodstock nouvelle génération qui a lieu une semaine par an au
Nevada, prônant le hors norme et l’expression personnelle. On peut y
croiser Brin et Page nus (ou presque) avec de la peinture sur le
corps. Difficile d’imaginer Bill Gates dans de telles situations...
A côté de leur idéologie très marquée et de leur désir d’améliorer le
monde, Brin et Page sont dits aussi très arrogants de par l’extrême
confiance qu’ils ont en eux.
Recrutement façon Google :
L’idéologie de Brin et Page se retrouve dans le Googleplex,
siège de la société à Mountain View. Tout est mis en place pour
augmenter le bien-être donc la créativité des ingénieurs. Le Googleplex
a des airs de Disneyland avec Google en Mickey.
La position dominante de Google est en partie dûe au recrutement : les
meilleurs de la Sillicon Valley (anciens d’IBM, de Microsoft,...) sont
chez Google. Google est la boîte modèle de la Californie. La créativité
et la liberté personnelle (20% du temps d’un membre de Google sont
consacrés à ses projets personnels) sont très appréciés.
Google reçoit plus de mille candidatures par jour et recrute environ dix personnes quotidiennement.
Google a d’ailleurs récemment mis au point une procédure de tri des CV
automatique. La firme a mis au point un algorithme (comme toujours...)
capable de trier les CV et de ne présenter à des humains que les CV de
personnes pouvant réellement intéresser Google.
Culture du secret :
Sous ses airs innocents de grand enfant qui veut faire un monde
meilleur, Google a une réelle culture du secret. C’est pour ne pas
dévoiler ses résultats financiers que Google a attendu 2004 avant
d’entrer en bourse.
Brin et Page adorent qu’on raconte leur aventure et leur succès mais
ils sont très avares avec la presse concernant les objectifs et les
développements de Google.
Dans son reportage, Arte a interviewé Mark Jen, victime de cette culture du secret. Mark Jen est un brillant ingénieur, ancien de Microsoft.
Chez Google, le simple fait d’écrire un blog
sur sa vie quotidienne et entre autres son travail chez Google (sans
donner d’informations concurrentielles), lui a valu d’être viré sans
un mot d’explication.
Recherche locale et génétique : les objectifs de demain
Outre l’expansion incessante de Google dans les domaines des régies publicitaires (bannières publicitaires, publicité TV, radio, journaux,...), Google mise sur deux secteurs :
- Recherche locale : Google est persuadé que les ordinateurs vont progressivement disparaître au profit de terminaux légers tout en un. Les gens seront alors constamment connectés à internet. Google souhaite proposer un tas de services ciblés en fonction de la position géographique de l’utilisateur.
- Génétique : comme nous l’avons dit, Google croit au tout algorithme et ne supporte pas la subjectivité humaine. Google souhaite donc utiliser sa puissance de calcul pour coder le génome humain. Objectif : vérifier la compatibilité génétique avec une personne avant de s’engager dans une relation plus sérieuse...
Les failles de Google : copyright et fraude au click :
Le business model de Google repose sur la vente de publicités ciblées aux annonceurs.
Problème : il n’est pas si difficile de tricher et d’augmenter les coûts de son concurrent en cliquant sur son lien sponsorisé.
Même si Google a annoncé de récentes améliorations, la fraude au click est l’une des plus grandes vulnérabilités de Google.
De par son arrogance et son désir de changer le monde, Google a décidé de rendre disponibles gratuitement livres et journaux. Cette disposition est contraire au copyright mais Google ne semble pas vouloir changer d’avis. Si Google continue à provoquer de cette manière les ayants droit, les réactions pourraient être très violentes...
Autres points en bref :
- To Google, c’est "rentrer" dans le langage courant : To Google someone signifie rechercher des informations sur une personne ;
- Sergey Brin a déclaré avoir douté de son choix concernant la présence de Google en Chine et l’acceptation de la censure gouvernementale ;
- Un des avantages compétitifs est d’avoir une flotte de 450 000 serveurs (en juin 2006). Cela constitue une grande barrière à l’entrée pour qui voudrait lancer un moteur de recherche ;
- Google est la première société à avoir créer une fondation à but lucratif
Youri Regnier
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