Malaise dans la société des loisirs
Au plus haut sommet du pouvoir politique, et, ou économique on voudrait nous faire croire que nous entrons dans la société dite des loisirs, une société postindustrielle enfin libérée des chaînes de la survie quotidienne (avoir à manger, un toit, de quoi se chauffer etc...) et de l'obligation de travailler. Pourquoi après tout ne pas revendiquer ce droit à la paresse déjà prôné par Jules Lafargue ? Ou du moins ce que la société bourgeoise positiviste appelait la paresse à savoir l'art et la littérature entre autres. Cependant, ces loisirs célébrés par notre société sont surtout des "passions tristes" exacerbant l'aliénation de l'individu moderne.
Ce passage à une nouvelle société est sans doute vrai pour une infime minorité de la population et utopique pour une bonne majorité. Il suffit d'observer un peu les personnes autour de soi dans la rue, les transports en commun, les magasins.
Le mal-être est palpable, il est tangible. Certes, la plupart essaie de donner le change comme il peut en travaillant ses attitudes, en achetant le dernier gadget électronique à la mode qu'il convient de posséder pour être considéré, un temps du moins. L'entourage a beau prendre la pose, se coiffer de la même manière que telle vedette, s'habiller comme telle autre, personne ne parvient à donner réellement le change. Quand d'aventure, le regard croise celui d'un autre être humain c'est tout de suite l'affolement, la peur, on sent les gens complètement perdus.
Pour se donner une contenance, l'un chercher son Smartphone, l'autre fixe obstinément un point vague à l'horizon ou le plan de la ligne de métro (bus, train...). Avoir une interaction sociale réelle, tangible, concrète est de plus en plus insupportable alors que la planète est censée devenir un tout petit village global, alors que les moyens de communiquer n'ont jamais été aussi performants et répandus.
On ne sait plus trop quelles sont les valeurs nous liant. On ne sait plus trop comment définir réellement ce qui fait que notre société fait société, ce qui fait lien, ce qui nous relie, chacun ne voulant conserver que ce qui l'arrange, piocher un peu de tout sur les étagères du consumérisme. Il faut dire que les parents se sont méthodiquement abstenus de transmettre quoi que ce soit de signifiant à leurs enfants, à quelques exceptions près. Se souvenir de l'histoire commune, des quelques traces de culture collective est perçu comme des efforts insurmontables, des lubies poussiéreuses et fatigantes.
L'auteur de ces lignes a beaucoup de pitié quand il voit ces jeunes gens et ces jeunes filles l'air tellement mal dans leur peau quand la pose ne prend plus, quand le Smartphone ne capte plus, ils sont tellement désemparés, tels pris au piège. Ils ne savent plus trop comment faire quand ils se retrouvent seuls avec eux-mêmes. Il faut dire que personne ne leur a rien dit à ce sujet. Comment pourraient-ils faire quoi que ce soit d'eux-mêmes ? Plus tard il est permis de croire que face à la crise majeure qui se prépare et qu'ils subiront qu'ils haïront hélas leurs parents.
A moins que ceux-ci ne se reprennent, on peut rêver...
Sic Transit Gloria Mundi, Amen
Amaury - Grandgil
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON