Malaise dans la société française, meilleurs vœux pour 2009
Aujourd’hui, le Président livre ses vœux aux enseignants, l’occasion d’annoncer ses réformes avec une pédagogie citoyenne mêlant l’humour à la Bigard et le bon sens populaire. Une surprise en vue ? Qui sait, l’année dernière, nous avons eu droit à la suppression de la pub à la télé. Peut-être aurons nous la suppression de la terminale et le bac passé en première. Blague à part, les enseignants s’apprêtent à boycotter les vœux. Ce qui traduit le malaise dans la profession

Mais le malaise, nous l’avons aussi dans le système hospitalier, surtout que la presse en rajoute, médiatisant quelques erreurs médicales, y compris quand elles ne sont pas avérées. Bientôt, chaque fois qu’un individu décèdera, les proches iront voir s’il n’y a pas soupçon et procès en vue. Pas plus tard que la semaine dernière, des citadins d’une localité enneigée ont porté plainte contre le maire parce que des rues n’étaient pas salées et que les malheureux automobilistes ont embouti leur auto. Avec le malus et la franchise, ce n’est pas sympa pour le pouvoir d’achat. Et à Marseille, la neige a énervé les esprits. Tout le monde s’énerve dès que le système s’enrhume ou qu’un élément déraille. Il faut que tous les trains arrivent à l’heure. Ce souhait exprimé naguère par Mussolini est devenu l’apanage du peuple. Mais le peuple n’est pas fasciste, simplement tyrannique au sens de Tocqueville. Alors, quand en plus le dirigisme de l’Etat s’en mêle, avec un Président qui veut tout réformer et une récession qui limite les moyens, et une société de plus en plus demandeuse, eh bien c’est l’inquiétude et l’énervement.
Les hôpitaux, les maisons de retraite, les écoles, les lycées, les collégiens, les lycéens, les parents d’élèves, les chercheurs du CNRS, les enseignants du supérieur, les étudiants, les instits, les jeunes sans diplôme, les vieux sans retraite suffisante, les précaires, les intérimaires, les intermittents, les chauffeurs de bus, les employés du rail, les internautes, les travailleurs de Ford à Blanquefort, les employés des sous-traitants de l’automobile, les postiers, les usagers, les journalistes, les cafetiers, les buralistes, les magistrats… j’en oublie sans doute mais quel tableau d’une France à l’inquiétude plurielle. De mémoire de Français qui n’a pas connu l’Occupation ni la Quatrième République, c’est la première fois qu’un tel rassemblement de gens inquiets et mécontents se fait jour dans ce pays qui a connu la Révolution. La situation internationale n’offre pas matière à une espérance et Obama ne résoudra certainement pas les problèmes des Français. L’Europe, il ne faut pas y compter, car elle aussi, suscite quelque inquiétude avec des réformes pas faites dans le sens social mais au service de l’efficacité économique rationalisée.
Mais il y a quand même des gens optimistes. Ceux qui vivent du séjour à la neige, les restaurateurs étoilés, les concessionnaires de chez Ferrari, les médecins installés en ville du côté de Neuilly, les hauts fonctionnaires, les professeurs de lycée à Henri IV… oui, ça fait cliché.
En 1780, les aristocrates étaient heureux, avec une vie riche et fastueuse. Ah que n’ont-ils regretté cette période agréable mais tout a recommencé, les aristos des livres de Proust vivaient dans la tranquillité avant les grands bouleversements de 1910. En 2009, beaucoup regrettent les années 1970 et même, 1980. Françoise Giroud a parlé d’une parenthèse enchantée. Patrick Sébastien en a profité pour faire des émissions consacrées aux années bonheur. Ne nous plaignons pas, grâce au Président, nous pouvons regarder l’émission à 20 heures 35 au lieu d’attendre presque 21 heures.
Toujours est-il que l’année 2009 commence sur un fort malaise et vu la continuité temporelle doublée de la puissance de la tendance, ce malaise risque de s’accentuer. Certes, les gauchistes croient au grand soir et se plaisent à penser qu’il faut résister mais à quoi au juste. Si Sarkozy ne fait rien, ça ira plus mal, et si Sarkozy fait des réformes, ça ira plus mal aussi. Est-ce que gouvernement pratique les bonnes opérations ? Imaginez un chirurgien qui pour une appendicite, pratique un pontage, et après un infarctus, décide d’opérer la rate. Et puis n’imaginez rien, ne soyez pas hypocondriaques du social. La résistance se mue en résilience. Il n’y aura pas de crise convulsive, enfin, pas d’ici quinze jours. Restez calme, tout va se passer.
4 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON