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Malhonnêteté démagogique

 Le 1er mars, sur France Inter, monsieur Sarkozy est revenu sur sa proposition consistant à engager les profs volontaires à assurer six heures de présence supplémentaire dans les collèges et les lycées moyennant une rémunération de 500 euros par mois. Il a suggéré que cette proposition était d'autant plus naturelle que les profs de lycées et collèges ne "font" que 18 H de présence dans l'établissement contrairement aux professeurs des écoles qui en assurent 26 . En outre ils n'assurent ces heures -a dit monsieur Sarkozy- que sept mois et demi par an. Autrement dit, les profs vont enfin commencer à se mettre au boulot ! 

 Voilà qui va incontestablement faire plaisir à un grand nombre d'électeurs qui pensent que les profs sont des fumistes.

 J'ai été professeur agrégé de lettres classiques pendant 37 ans. Je travaillais en moyenne 50 heures par semaine pendant les périodes scolaires et vingt-cinq heures pendant toutes les "petites vacances". Je passais une demi- heure pour corriger une copie, autrement dit 18 heures pour un paquet . Je passais en moyenne deux heures pour préparer un cours de français d'une heure . Mon horaire hebdomadaire était donc de 15 H (de cours) + 18 H de correction (au minimum) + 20 H de préparation (en moyenne car les préparations en langues anciennes étaient moins longues).

 Je ne pense pas que monsieur Sarkozy ait fait des ménages chez des couples de profs. Notre femme de ménage aurait pu lui expliquer quelle quantité de travail était la nôtre et pour les week-ends nos enfants pourraient témoigner qu'il y avait fort peu de sorties le dimanche.

 Monsieur Sarkozy croit que la principale préoccupation des profs est de gagner plus. Il est incapable de comprendre que ce qu'ils souhaitent en général, c'est de pouvoir bien faire leur travail et qu'ils ne le pourront certainement pas si on leur rajoute des heures de présence dans leur établissement. Bien corriger une copie, c'est du suivi personnalisé ; bien préparer un cours, c'est permettre à des adolescents sollicités par de nombreux divertissements plus ou moins formateurs de découvrir le charme merveilleux des romans de Marivaux, de Giono, le théâtre de Giraudoux ou de Beckett , les poèmes de Rimbaud, Apollinaire... et même parfois des pages difficiles de La Princesse de Clèves... Cela n'empêche d'ailleurs pas de passer une heure à relire une copie avec un élève en difficulté ! Tous les profs que j'ai connus le faisaient .

 Monsieur Sarkozy ne sait pas cela : il ne sait donc pas de quoi il parle... ou alors il le sait mais il ment délibérément.

 Pour moi, ses propos de ce matin sont une véritable insulte pour ce qui a représenté à peu près toute ma vie et je ne l'en remercie pas.


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13 réactions à cet article    


  • non667 3 mars 2012 11:16

    plus de temps pour les profs à passer dans l’établissement  ? bizarre ! vous avez dis bizarre ! il me semble avoir déjà entendu ça ? ah ! j’y suis  !c’est pas la candidate ségolène en 2007  ?
    bizarre que ce serpent de mer ressorte à chaque présidentielle dans des partis opposés !
     sachant que les idées politiques ne viennent pas des candidats mais de conseillés experts ne serait -ce pas le même  ?
    un de ces anciens profs incapable de tenir une classe ,chahuté qui s’est réfugié/planqué dansle syndicalisme ? ,l’inspection ?la direction d’établissement ? et qui vient maintenant se venger de ses échecs sur les profs qui peuvent encore tenir ?
    à fouiller !
     


    • Fontaube 3 mars 2012 17:17

       Tout à fait d’accord avec la réaction de non 667 : les propos de Ségolène sur les profs étaient vraiment choquants et c’est la principale raison pour laquelle je n’avais pas voté pour elle . Ce qui m’attriste, d’autre part, c’est que les profs ne réagissent pas davantage à toutes ces attaques ... en tout cas je n’ai pas entendu la moindre réaction syndicale . En son temps Monique Vuaillat du SNES m’avait particulièrement déçu par son absence de riposte face à Madelin sur le temps de travail des profs .
       Courage les profs, battez-vous !
       Fontaube


    • Christian Labrune Christian Labrune 3 mars 2012 22:11

      Sans l’appui du SNES, aucune des « réformes » destructives qui ont été mises en place après la loi d’orientation du 10 juillet 89 n’aurait jamais pu être appliquée. Tout le travail de cette organisation (« syndicale » serait vraiment de trop) a consisté à empêcher les profs de se mobiliser. On faisait semblant d’être en désaccord avec le ministère mais on empêchait toute contestation organisée à la base ; ou bien, lorsqu’elle se développait un peu, on en prenait le contrôle pour la conduire sur des chemins qui ne menaient nulle part. Qu’ils soient de droite ou de gauche, les ministres savent qu’en toutes circonstances, lorsqu’il s’agit de détruire le système d’instruction publique, ils peuvent conter sur la FEN ; elle connaît la voix de son maître et ne le trahira jamais.


    • barbapapa barbapapa 3 mars 2012 11:19

      En Allemagne, l’absentéisme des professeurs est identique au salariés du privé (6%). En France plus du double. (14%)
      Pour les enseignant du secondaire la présence obligatoire est de 43H par semaine dans l’établissement, et travaillent 5 semaines de plus.
      Présent dans l’établissement, les enseignants assurent aussi les taches de surveillance et des absences que refusent les Francais qui se font remplacer.
      La durée obligatoire à l’école en France est de 15H obligatoires pour les agrégés et 18H pour les autres. Compte tenu de l’absentéisme, 32000 enseignants sont « sans classes et activités pédagogiques ». source (rapport OCDE).
      Absentéisme abusif d’heures de délégation syndicales prises sur le temps de travail.
      Les résultats Allemands scolaires sont meilleurs. source (rapport test internationaux PISA)
      Le cout de fonctionnement du système est de 1,8 fois supérieur en France.

      Il n’y a aucune démagogie dans ce que dit Sarkosy. C’est basé sur le règlement et prouvé. Quand à vos dires ils n’engagent que vous et une individualité ne fait pas un ensemble collectif. Vous dires sont Invérifiables, puisque non effectués dans l’établissement. Vos heures sont « déclaratives ». La solution plutot que de jouer les "Calimero effarouché" serait de travailler dans l’établissement, mais quand on a gouté aux privilèges, il est impossible d’y renoncer.

      Un benchmark avec les autres pays serait utile à la profession qui devant la réalité de la compétition internationale se remettrait en cause !


      • focalix focalix 3 mars 2012 14:33

        Ah oui, l’absentéisme des profs.

        Déjà Claude Allègre, ministre de gauche (défense de rire), usait de cette antienne démagogique, en confondant... allègrement absence et absentéisme.
        http://membres.multimania.fr/grvegard/systemeeducatif/absences.htm

        Comme tout le monde mais certainement pas plus, il arrive aux profs d’être malades malgré des risques spécifiques.
        Quand une mauvaise grippe s’invite dans un établissement, les profs sont aux premières loges.
        Quand un prof a eu dans la semaine trois insultes ordurières et un pneu crevé, il a besoin d’un peu de repos.
        La majorité des profs retournent à leurs classes dès qu’ils s’en sentent capables, avant la fin de leur arrêt de travail.

        Entre l’absence et l’absentéisme, il y a :
        - Les arrêts pour maladie.
        - Les congés de maternité, dont le taux est plus élevé dans l’Education nationale. Il y a là un grand mystère. L’explication, c’est que les trois quarts environ des enseignants sont des enseignantes, et que certaines de ces feignasses poussent le vice jusqu’à faire leurs enfants pendant les heures de service.
        - Les stages (on passe moins de temps en formation continue à l’Education Nationale que dans les entreprises privées).
        - Les surveillances, épreuves orales et corrections d’examens.
        - Les sorties et voyages scolaires.
        - Sans oublier, mon cher barbapapa, l’absence scandaleuse de tous ceux qui ne remplaceront pas un prof retraité sur deux et seront admis, à défaut de l’Education Nationale, au Pôle emploi...


      • non667 3 mars 2012 15:02

        à barbe
        serait de travailler dans l’établissement,

        pas de problème : dans un collège moyen 60profs /120 dans une salle de profs de 100m2 pour corriger les copie ,préparer les cours ,recevoir les élèves et parents ?


      • barbapapa barbapapa 3 mars 2012 15:36
        Donc, à vous lire, à l’éducation nationale française, c’est le pays de Oui-Oui, tout le monde il est gentil et personne n’abuse. Il n’y a pas d’abus d’absentéisme.
        Au pays de l’éducation nationale, se sachant impunis, sans sanctions, pourquoi se priver de faire l’école buissonnière ?
        L’éducation nationale Française est le second employeur européen (derrière la sante en GB). 
        Le troisième employeur du monde  derrière l’armée chinoise. 

        Il est temps de se poser des question sur le pourquoi ça marche moins bien, ça donne de moins bons résultats et pourquoi ça coûte si cher.

      • focalix focalix 3 mars 2012 12:47

        Sarkozy devrait dès maintenant préparer les fonds pour donner les 25% de mieux à tous les profs (enfin ceux qui restent). Il devrait savoir que la plupart des profs du secondaire sont d’ores et déjà présents plus de 26 heures dans leur établissements, et pas pour faire du tricot.
        Ce qui n’empêche pas les nombreuses heures où ils travaillent chez eux, près de leurs bouquins et aujourd’hui devant leurs écrans.

        Eh oui, Monsieur le Candidat, comme toute chose sérieuse les cours, cela ne s’improvise pas.
        L’impréparation et l’amateurisme sont le plus sûr moyen de se faire chahuter.
        Ne l’avez-vous pas vous même constaté lors de cette joyeuse virée à Bayonne qui s’est terminée au bistrot ?


        • tanguy 3 mars 2012 15:33

          « ou alors il le sait mais il ment délibérément. »

          Voici une compilation des mensonges de N.S. (il faudrait la compléter, mais c’est déjà excellent !!)


          • JPhilippe 5 mars 2012 18:14

            Que peut-on attendre d’un cancre ?


          • Richard Schneider Richard Schneider 3 mars 2012 17:49

            Quand Sarkozy parle de l’EN, dirait entendre un Martien commenter une partie de baseball ! Il n’y connaît rien ! (cf. Effectifs de l’éducation nationale : les mauvais calculs de M. Sarkozy Le Monde du 28/02/2012).

            Ce qu’il sait, c’est comment détruire tous les services publics et tout particulièrement « étouffé » notre École Républicaine ...
            Ce qu’il sait aussi bien faire, c’est opposer les Français les uns contres les autres !
            Pour ces raisons, il ne faut pas que lui et sa clique soient réélus en avril-mai 2012 ! 
            Juste une remarque à barbapapa : La situation de l’éducation en Allemagne est loin d’être aussi glorieuse que celle que vous décrivez ; faites un tour à Berlin, vous constaterez qu’elle est catastrophique !

            • Christian Labrune Christian Labrune 3 mars 2012 22:44

               J’ai aussi enseigné les lettres et je peux confirmer, pour ceux qui paraissent en douter, que c’est un métier particulièrement éprouvant, surtout lorsqu’il faut affronter les paquets de copies : ce sont des journées entières d’exaspération et je me suis souvent entendu dire que j’aurais préféré être passé à tabac pendant un bon quart d’heure plutôt que de subir aussi longuement une pareille torture intellectuelle. Quand ce qu’on lit est à peu près cohérent, on parvient encore à s’intéresser à ce qu’on fait, mais à partir du milieu des années 80, la situation s’est terriblement dégradée et j’ai lu des milliers de pages où on aurait en vain cherché une phrase correcte et qui eût un sens. L’illettrisme, même au niveau du bac, est devenu tout à fait banal. Dans ces conditions, les corrections ne servent plus à rien : l’ignorance de beaucoup d’élèves est telle qu’ils ne voient pas même en quoi leur discours pourrait être fautif ; l’effort qu’il leur faudrait faire pour améliorer quelque peu la situation serait si exorbitant qu’ils préfèrent capituler. Dans ces conditions, on n’enseigne plus, on fait semblant, et devant des classes qui, dans le meilleur des cas, font semblant d’écouter. Et que penser, ensuite, des diplômes que la plupart finiront quand même par obtenir !


              • rosemar rosemar 3 mars 2012 23:33

                J’ai publié un article à ce sujet paru le 2 mars sur agora vox, intituléEducation:le mépris.Effectivement N. Sarkozy en proposant ces mesures d’heures supplémentaires se moque purement et simplement des profs,de leur métier et fait semblant d’ignorer ce qu’est le travail d’un prof.:c’est ce qui s’appelle du mépris !

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