Mali : fallait-il y aller ou pas ?
La première difficulté c'est qu'il n'y a pas, dans toutes questions, une réponse binaire. En sociologie on apprend que la solution idéale n'existe pas : il ne peut y avoir que des solutions satisfaisantes, à un instant "T". Donc pas de précepte en sciences humaines ce qui différencie ce champ d'avec les lois scientifiques.
La question de l'intervention française au Mali doit DISSOCIER certains aspects :
1/ la question des otages illégitimement détenus pour marchandages en échange de leurs vies,
2/ la question de l'ingérence humanitaire,
3/ la question de l'ingérence au titre de la guerre contre le terrorisme.
LA QUESTION D'UNE INTERVENTION POUR LIBERER DES OTAGES, des ressortissants, fait partie du lot de l'opération française. Sur cette question l'on ne peut pas céder impunément à une force étrangère, ou intérieure, quelqu'elle soit. Le fait de se réclamer du jihad et de la mise en place de la charia ajoute à la répprobation et à la fermeté et validera d'autorité une réplique ciblée et proportionnée.
En conséquence, la légitimité à une intervention armée pour libérer des otages ne fait aucun doute.
LA QUESTION DE L'INGERENCE HUMANITAIRE, pose problème.
On l'a vu de nombreuses fois : l'intervention de l'OTAN en YOUGOSLAVIE sur Belgrade porte à discussion sur son autorité "morale". En fait il y a avait bien un "parti-pris" des forces Onusiennes en faveur d'un camp, pour promouvoir l'indépendance de la Bosnie puis du Kosovo. Il en était d'une opération de propagande du camp "occidental" contre les crimes de guerre Serbes uniquement. Mais on faisait abstraction des exactions des milices des forces Croates et plus tard des Bosniaques et Kosovars.
L'intervention animée par la françe en COTE D'IVOIRE pour asseoir le régime de Ouattara aurait pu être réglée en bonne intelligence humanitaire par un nouveau vote qui aurait infirmé ou affirmé les désidératas de Laurent Baghbo. Au lieu de cela Nicolas Sarkozy a préfèré prendre la tête d'une intervention musclée parfaitement discutable.
On peut aussi rappeler le cas de la LYBIE qui, sous couvert de protéger la population de Bengazi aura servi au final à mettre en place un régime contestable qui revendique la charia, avec une mainmise islamiste. Et que l'objectif de pont aérien a vite été dépassé (contrat de l'ONU) par des forces de soutien et des armes distribuées. Bien entendu, Khadafi n'était pas fréquentable et il était un autocrate pour son peuple. Mais le peuples lybien relève d'une stratification sociologique complexe car constituée d'organisations territoriales tribales avec des luttes de clans séculaires. La résultante, du précepte du soutien aux insurgés aura nécessité la distribution d'armes qui ont été -pour partie-, récupérer par...AlQaïda au Magheb, laquelle était associée au combat contre le colonel Kadhafi...Et que c'est justement cette organisation qui envahie le Mali actuellement. Cherchez l'erreur !
Alors, que fallait-il faire dans le contexte Lybien restera la question sans bonne solution malheureusement. Il arrive que le choix bînaire soit détestable. Il restera, c'est au choix, que la France est interventionniste ou bien qu'elle a su porter secours. Porter secours oui mais à quel prix ! Les Russes et les Chinois ont promis de ne plus se faire avoir à l'avenir. D'où leur position sur la Syrie de ne pas intervenir sous mandat de l'Onu.
Plus en amont, s'agissant de l'AFGHANISTAN ; la pertinence d'une guerre de dix années pour asseoir le régime "démocratique" du Président Karzaï et éradiquer le camp Taliban est un fiasco. Le mandat initial était une réplique armée pour détruire les camps d' Al Qaïda, objéctif atteint après Tora Bora. Il s'en est suivi un bourbier qui faisait apparaitre les forces de l'Otan comme des troupes d'occupation. L'avenir restera du ressort des composantes tribales et religieuses formant l'Afghanistan, Talibans compris.
Dans ce cadre, le mobile de "la guerre contre le terrorisme" est un packaging américain à la sauce G.W. Busch.
LA QUESTION DE L'INGERENCE AU NOM DE LA DEMOCRATIE, du type guerre du VIETNAM ne fait plus recette à l'affichage depuis longtemps. Même les visées impérialistes des américains sur la deuxième guerre d'IRAK ont été camoufflées. C'était bien la question de la protection préventive d'Israël et du pétrole qui était en question. La fin de la dictature de Sadam Hussein n'était qu'un prétexte dont, pour une fois, la France à su se démarquer.
Pour le cas du MALI, c'est plutôt le label "GUERRE CONTRE LE TERRORISME" dont-il s'agit.
Ce précepte est relativement récent, créé de toutes pièces par les Américains, Israël, la France et la Grande Bretagne (sous couvert de l'U.E.) généralisé à tout và depuis les quinze dernières années.
Ce concept est très dangereux. Noublions jamais que ce sont les Allemands, pendant l'occupation, qui utilisaient déjà cette appellation de propagande pour dérouter les populations occupées, face aux opérations de résistances des Français de De Gaulle et du FTP du parti communiste.
Cette présentation -identique à l'AFGHANISTAN- est un label "hybride" entre la guerre dite "humanitaire" et la guerre pour "la démocratie" en réalité impérialiste. Et dans ce cas, on pourra donc tout se permettre au nom des DROITS DE L'HOMME et de la DEMOCRATIE en oubliant qu'il s'agit d'une intervention d'attaque en terre étrangère, terre qui ne nous appartient pas, pour imposer un modèle parachuter dans des terres de traditions séculaires.
Pour en terminer temporairement avec ce qui précède, les interventions que la France fait en terre d'Afrique est toujours le résultat d'un parti-pris aux conflits inter-ethniques ou religieux. Dans quel contexte ? le contexte des VENTES D'ARMES, des contrats juteux de Dassault et Lagardère, aux équipes au pouvoir à un instant "T". Les contrats induisent la prise en remorque des mafias par un soutien logistique et militaire. Ces mafias sont souvent les équipes dirigeantes, soient les futures équipes dirigeantes (les rebelles). Dans tous les cas, c'est gagnant ! Avec l'un ou avec l'autre tu gagnes. Il faut lire l'excellent livre "La Stratègie du choc" de Néömie Klein pour comprendre ce phénomène. L'important n'est pas spécialement de se trouver indicutablement dans le camp de la raison ou de la morale. L'important est d'être mêlés en tant qu'acteurs aux théatres d'opérations. Et de pouvoir VENDRE ce que l'on aura DETRUIT. Cela fera toujours l'enrichissement du commerce, surtout des armes, mais aussi des infra-structures, du pays interventionniste.
Autrement dit, on viendra éteindre le feu qui aura été provoqué avec...nos allumettes.
Dernier aspect : LA PROTECTION PAR L'ARMEE DE NOS RESSORTISSANTS. Ce prétexte est souvent spécieux, car il occtroit une légitimité d'autorité. Mais ce pur cadre doit rester d'évacuer les ressortissants dès le début des conflits des zones à risque. Ne pas apparaitre comme parti-pris. Les ressortissants sont à même de comprendre que dans le cas de guerre civile, inter-ethnique, religieuse, ils sont tenus de rappatrier le territoire français -après une intervention de dégagement s'il le faut- n'ayant rien à voir avec l'embrasement au jeu de l'armée française dans un parti-pris alléatoire et sanglant. Est-ce qu'on leur dit tout ? Mais cela doit faire partie de la compréhension des risques encourus dans des zones instables.
Ne pas donner prétexte aux gouvernements français de s'inscrirent moralement et politiquement dans un conflit qui ne se déroule pas chez nous, pour lequel nous n'avons pas à décider et d'engendrer des morts de part et d'autre.
LA FRANCE NE PEUT ETRE, NE DOIT PAS ETRE, LE GENDARME DE L'AFRIQUE.
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