Mali : le double jeu algérien (1)
Le suivi des événements du Mali, et ceux survenus dans le Sahel depuis plusieurs années maintenant, amènent à un constat alarmant. Un pays soutient les diverses factions islamistes qui ont failli avoir la peau du Mali. Sans l'intervention française, on l'a vu, le pays aurait en effet sombré dans le chaos, livré à des illuminés prônant des lois barbares d'un autre âge. Des illuminés retors dont le sens reiligieux laisse planer certains doutes, tant leur façon d'imposer leur façon de vivre cherche plutôt à dissimuler des activité lucratives liés à divers trafics, ces mêmes trafics que leur prétendue religion est censée interdir. Des gens sans foi ni loi, plutôt, déguisés en prédicateurs de pacotille ou en fondamentalistes d'opérette coupeurs de mains pour l'exemple, qui ne peuvent exercer leurs divers trafics que grâce aux facilités de circulation obtenues dans leur pays d'origine. A savoir l'Algérie, dont sont issus tous les leaders des trois groupes islamisants sévissant dans le nord Mali. Le fait est en effet à noter. L'Algérie jouerait-elle un jeu de dupes depuis des années dans le secteur, c'est ce que je vous propose de découvrir aujourd'hui.
Commençons si vous le voulez bien par une photo. Deux hommes discutent en plein désert, plus exactement sur un tarmac fait de terre, devant la queue d'un appareil de transport comme on en croise en Algérie, ou au Maroc ou ailleurs encore dans le Sahel. Très vite, en effet, on arrive à déterminer que l'avion est un modèle CASA CN-235, comme celui aperçu à Dijon Longvic le 27 juin 2008 (un appareil marocain). A part que les couleurs et le schéma de camouflage ne semblent pas correspondre. Pour les marquages, c'est encore plus difficile : manifestement, on a retouché la queue de l'appareil où figure toujours une appellation caractéristique en petits lettrages, quel que soit le pays (ici un espagnol de l'armée de terre, ici un garde-côtes). L'engin n'est en tout cas pas marocain, et pas non plus algérien (qui possède 6 CASA CN-295 en revanche, dont un qui s'est récemment écrasé en Lozère). Retouche ou pas, visiblement, on s'est arrangé dans l'angle de la prise de vue pour rester... neutre. Or d'après le camouflage, l'avion est un appareil... du Burkina Faso : c'est en effet le seul exemplaire que possède le pays, un modèle CN-235 220 immatriculé XT-MBE (photographié ici en Espagne). L'avion venait juste de se poser à Kidal, au Mali, le 7 août dernier, date où la photo a été prise. Un deuxième cliché confirme la taille de l'avion, mais on évite encore soigneusement de montrer sa provenance. Quelle provenance secrète y-avait-il à cacher ? Enfin un troisième en champ plus large (de la même photo précédente en fait) révéle enfin sa cocarde ; c'est bien l'exemplaire burkinabé décrit. Nous sommes bien au Mali, et l'homme enturbanné à gauche n'est autre qu'Iyad Ag Ghali, venu rencontrer un émissaire du Burkina Faso, Djibril Bassolé, dépêché par la CEDAO pour négocier avec le leader d'Ansar Dine (ou Anṣār ad-Dīn). L'homme a beau être taxé de terroriste, on tient visiblement à prendre langue avec lui de manière tout ce qu'il y a de plus officielle. Bénéficierait-il du soutien de poids d'un autre pour jouir d'un tel traitement de faveur ? Certainement, mais lequel ? Le Burkina possède-t-il assez de poids en Afrique pour être le seul pays à tenter de résoudre la crise ?
Le Burkina Faso ayant en tout cas joué les facilitateurs, à ce moment-là, pour tenter de convaincre les rebelles de ne pas imposer la charia dans le nord du pays, comme ils l'avaient annoncé le 14 novembre 2011, alors qu'ils renonçaient à vouloir appliquer cette même loi catastrophique et immorale dans l'ensemble du Mali, tout en se réservant le droit d'imposer cette interprétation salafiste de la loi islamique dans leur bastion de Kidal, dans le nord-est du pays. « Nous renonçons à l'application de la charia sur toute l'étendue du territoire malien, sauf dans notre région de Kidal où la charia sera appliquée en tenant compte de nos réalités », a déclaré Hamada Ag Bibi, l'un des membres d'une délégation d'Ansar Eddine présente à Ouagadougou, sans plus de précision. « Nous souhaitons seulement l'application de la charia dans les zones sous notre contrôle, c'est-à-dire dans la région de Kidal. Tout se fera avec pédagogie, et nous allons détailler notre argumentation lors des négociations avec l'autre partie », les autorités maliennes de transition, a expliqué Mohamed Ag Aharib, porte-parole de la délégation", avait-on appris. Une déclaration faite à... Alger. Une indication, très certainement, déjà, de l'allié de poids dont bénéficierait Iyad Ag Ghal, un ancien du GSPC, rappelons-le. Ceux que rencontrait au Canada Ahmed Ressam... bien avant le 11 septembre 2001.
L'annonce avait alors été diversement interprétée. La version qui revenait le plus souvent étant celle du... simple calcul, pour laisser le temps de se retourner, pour Iyad Ag Ghali, dont les jours dans le nord du pays semblaient comptés, comme ceux des leaders des deux autres factions (les jihadistes d'al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (ou Mujao). C'était en tout cas l'avis de la presse béninoise, par exemple : "Cette décision inattendue empêchera-t-elle pour autant l’intervention militaire dans le nord-Mali ? Rien n’est moins sûr. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) a prévu de déployer 3 300 hommes dans la région pour déloger les islamistes. Les chefs d’Etats de l’organisation ouest-africaine se sont réunis dimanche à Abuja, la capitale du Nigeria, pour valider le plan d’intervention militaire. Selon le président de la Commission de la Cedeao, Kadré Désiré Ouedraogo, « la force est tout-à-fait prête. Lorsque l’ONU donnera son feu vert, le déploiement pourra commencer immédiatement ». Jusqu’à présent Ansar Dine s’est prêté au jeu diplomatique de la Cedeao en acceptant de rencontrer les chefs de la médiation burkinabè. L’objectif pour ces derniers était de convaincre le groupe de rompre ses liens avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), auteur de multiples assassinats et d’enlèvements d’Occidentaux, et avec le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao)". Iyad Ag Ghali se savait alors sur le qui-vive, et il savait que la prochaine offensive prévue sera dirigée contre lui et les deux autres groupes terroristes qui se partagent le Nord du pays. Il savait ses jours comptés sur place.
A son retour, cet été encore, l'envoyé burkinabé était pourtant plus que confiant, dans les espoirs de paix, qu'il confiqit à RFI en évoquant les "modalités" pour y arriver : « L'une de ces modalités, c'est la préparation : les mesures concrètes de concertation, les réunions, les congrès, que tiendront ces partis en vue de s'armer pour le dialogue direct. Naturellement, du côté de Bamako aussi nous attendons la mise en place du gouvernement d'union nationale, et la mise en place de cette structure chargée d'engager le dialogue avec les mouvements armés du nord du Mali. Le chemin est balisé pour la paix. Je ne dirais pas qu'il n'y pas de difficulté, qu'il n'y a pas d'obstacles, mais nous prenons tous, je crois, l'engagement de vaincre ces difficultés. Et la visite d'aujourd'hui a pu permettre, en tout cas, d'obtenir cet engagement à aller vers une solution négociée. » Djibril Bassolé explique aussi, qu'avec le chef d'Ansar Dine, il a beaucoup été question de l'idéologie islamiste du mouvement. Le ministre a répété que la médiation tenait à ce que les groupes armés du nord du Mali se démarquent des terroristes : « Il faut espérer qu'à l'issue des consultations, les mouvements armés, en particulier Ansar Dine, va choisir l'option de s'engager dans le processus de paix, donc de se démarquer de tout ce qui peut être action terroriste ou soutien à un groupe terroriste. » Ce que répétait à l'envie le rusé renard qu'est Iyad Ag Ghali, qui affirmait ne rien avoir à en commun avec les deux autres groupes, et leurs chefs respectifs Abuzeid et le sous Ben-Laden Mokhtar Belmokhtar, qualifiés par lui-même de "maffia, de voleurs et de narcotrafiquants".
Une opinion répandue au Nord Mali selon la presse algérienne soutenant le régime : “Ils sont la cause du désordre qui caractérise le nord du Mali”, dit un jeune de Kidal qui a tenu à préciser qu’il s’agit de l’Azawad. Car, dit-il, “ici on ne dit pas le nord du Mali, mais l’Azawad” nous dit "Liberté Algérie", il est vrai tout acquis à la cause d'Iyad Ag Ghali ." Le Mali est évoqué comme un autre pays par les jeunes. Cela se lit dans les graffitis qui ornent les murs des maisons de Kidal. Azawad, MNLA sont apposés sur des murs le long des rues principales de la ville. Et pour ces jeunes rencontrés sur place, le MNLA et Ansar Eddine sont (presque) la même chose. Ils appartiennent à la même origine ethnique et sont les authentiques habitants de la région". C'est en tout cas ce qu'on peut lire en effet dans le journal Liberté Algérie ; qui insiste même en ajoutant :"dehors, Ag Ghali est prêt à discuter. Il accepte de répondre aux questions. Celles-ci tournent autour de la crise malienne. D’emblée, il réfute l’association des Touareg, MNLA et Ansar Eddine avec les autres groupes terroristes. Nous ne sommes pas comme eux, dit-il. Et si les Maliens de l’Azawad ont pris les armes, c’est parce qu’ils en ont été poussés. Ce n’est pas la première rébellion, rappelle-t-il." Cétait oublier un peu rapidement les exactions récentes du mouvement d'Ansar Dine (Ansar Eddine).... Beaucoup trop vite, surtout !
Car c'était bien lui le responsable des exactions à la fin de l'année dernière : "le dernier exemple en date, c'est l'opération de démolition de mausolées du dimanche 23 décembre 2012, dont le top départ a été donné par le chef local d'al-Qaïda et celui de Ansar Dine. Après donc l'amputation des mains de deux personnes, le vendredi 21 décembre, trois mausolées de la cité de Tombouctou dont les fameux « 333 saints » de la ville, inscrits au patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco, ont été ainsi détruits le dimanche à coups de burins et de pioches ; ce n'est malheureusement que le dernier épisode d'une longue série d'exactions face auxquelles on est passé par tous les stades de la colère et de l'indignation". L'Algérie, et sa presse aux ordres, aurait-elle fait du groupe dissident de l'Azawad son champion ? Tout porte à le croire, l'homme effectuant de nombreux séjours discrets dans le pays sans être inquiété, alors qu'on affime qu'il n'y a pas mis les pieds depuis 2006.
Déjà, en cette fin d'année 2012, on ne pouvait plus accorder de crédit au mouvement, explique la journaliste burkinablée Hyacinthe Sanou : "le plus inquiétant reste l'attitude d'Ansar Dine dans cette affaire. En effet, même si on prépare la guerre tout en négociant avec les Maliens, sous l'égide d'abord du médiateur, Blaise Compaoré (le président du Burkina, arrivé au pouvoir à la suite d'un coup d'état sanglant et la mort de Thomas Sankara, cet homme intégre *) et ensuite de l'Algérie, on comprend difficilement que les gens d'Iyad Ag Ghali continuent de s'acoquiner avec AQMI alors que c'était l'une des conditions sine qua non posée avant toute négociation : couper le cordon ombilical et renoncer à la Charia. Visiblement, avec les derniers développements, rien de tout cela n'a été obtenu, et on se demande si l'on peut continuer à faire confiance à ces obscurantistes adeptes d'un islam d'un autre âge. On l'a toujours dit et on le redit, ces gens ne sont pas dignes de confiance, et si l'intervention militaire est une aventure à gros risques, négocier avec des gens qui n'ont pas de paroles l'est tout autan." On ne pouvait être plus clair. Négocier avec Iyad Ag Ghali ce n'était pas loin de discuter avec le diable... ou une girouette, ne cherchant que son seul intérêt. Le sens du vent, il vaut mieux l'avoir en plein désert. Islamiste par intérêt, salafiste par facilité, le sens religieux de l'individu échappe à beaucoup en effet.
Impossible en effet de croire en la paix avec un tel individu. Ce touareg de la confédération des Ifoghas, a en effet un parcours qui n'incite pas vraiment à la confiance. Engagé politiquement et militairement en Libye dans la "Légion islamique" de Kadhafi, on le retrouvera plus tard combattre au Liban, en 1982, avant de revenir chez lui, dans sa région de Kidal, pour vanter les mérites de l'autonomie. Là où il se présente comme un drôle de paroissien : " à l'époque, Iyad arbore une moustache fournie, fume des cigarettes et s'autorise parfois un bon whisky" précise-t-on : on est loin des règles du Coran qu'il prêche aujourd'hui avec tant d'assiduité. Charismatique, il a fondé en 1988 le Mouvement populaire pour la libération de l'Azawad (ou MPLA). Bien trop indépendant, et particulièrement adroit en négociations, il scinde le mouvement après les accords de Tamanrasset de 1991, pour fonder le Mouvement populaire de l'Azawad (MPA), un mouvement à la réputation de "modéré" qui lui vaut de participer à la grande réconciliation gouvernementale de 1992 (le seul mouvement touareg à le faire). Ce n'est en effet que tardivement, vers l'année 2000, qu'il se fera convaincre par le salafisme, par le contact de prédicateurs pakistanais installés à Kidal" selon Pierre Boilley, l'un des meilleurs connaisseurs de la région. Il s'incruste en même temps à partir de là dans les sphères du pouvoir, à Bamako, et finit même par obtenir un poste de conseiller consulaire en Arabie Saoudite en 2007... grâce à sa proximité avec le président Amadou Toumani Touré... qui fermait depuis le début les yeux sur ses divers trafics, qui incluent la circulation des armes et de cocaïne (**).
Selon Boilley, "Iyad Ag Ghaly est quelqu’un qui cherche aussi à se positionner dans cette affaire. Il n’a pas du tout les mêmes buts que le MNLA, puisque le MNLA a toujours prôné ce qu’il appelle la libération de l’Azawad. Donc un côté indépendantiste et, par ailleurs, l’établissement d’une république sur l’Azawad qui serait laïque. Alors que Iyad Ag Ghaly, lui, poursuit d’autres buts très différents qui seraient l’établissement de la charia, l’établissement d’un Etat islamique. Et d’ailleurs, en fait, il dépasse très largement l’Azawad, puisque il l’annonce pour l’ensemble du Mali. Donc s’il parade, c’est pour essayer de montrer qu’il est présent et qu’il a une force importante, qui d’ailleurs finalement lui accorde beaucoup plus d’importance qu’elle n’en a à mon avis, et pour prendre des points par rapport au MNLA. Mais j’ai un peu peur que ça finisse, effectivement, par des affrontements, car évidemment les positions sont malgré tout un petit peu différentes." Le chercheur ne croyait pas si bien dire dans cet interview en date d'avril 2012. Le chercheur ne se trompant que fort peu sur les ambitions réunies des trois mouvements : à la question "Est-ce que les rebelles peuvent descendre plus au sud aujourd’hui ?" il avait alors répondu : "Oui, je pense qu’ils peuvent descendre plus au sud. Ils en ont les capacités, mais je n’ai pas le sentiment qu’ils le veuillent vraiment. Je pense qu’ils tiennent là, maintenant, tout le territoire qui est considéré comme l’Azawad. Ils ont annoncé depuis le début qu’ils n’avaient pas d’ambition territoriale autre que celle de l’Azawad. Il est possible qu’ils dépassent Tombouctou et Gao, pour se créer une espèce de protection au sud du fleuve Niger. Mais une simple attaque de Mopti ne m’apparaît pas évidente, et en tout cas, si au pire ils vont jusque là, ils n’iront certainement pas au-delà. Il n’y a aucun intérêt à le faire. Ils rentrent dans un pays qu’ils considèrent comme différent du leur, et je ne crois pas qu’ils le feront." Voilà qui avait dû alerter la DGSE, toujours prompte à envoyer sur place quelques... "cimentiers".
Ce dont Iyad Ag Ghaly accuse les autres mouvements, il est en effet le premier à le faire, avec une efficacité démultipliée par ses soutiens politiques maliens et... algériens. Des trafics qui ne s'arrêtent pas là. Les prises d'otages rapportent tout autant, à partir des années 2000, et le "renard du désert" (son surnom) touareg va vite comprendre le parti qu'il peut en tirer. Non pas en devenant lui-même preneur d'otages, mais... comme négociateur officiel de l'Etat malien... auprès de ceux qui sont en fait de bons amis, les salafistes du groupe pour la prédication et le combat (GSPC) les véritables preneurs d'otages, qu'il connait très bien depuis toujours. Le manège durerait donc depuis des années, chez lui, ainsi que son double langage constant. Le GSPC se muant ensuite en Aqmi, on le sait. Et entraînait derrière lui toujours l'ombre de l'Algérie... et ses généraux corrompus, tous prêts à prêter une oreille attentive aux trafiquants, pourvu que le bakchich reversé soit conséquent. Ce dont nous en parlerons demain, si vous le voulez bien.
(*) Rarement président africain aura autant incarné la dignité et la volonté d’exister d’un continent meurtri. Assassiné le 15 octobre 1987, le président du Burkina Faso, Thomas Sankara, est devenu un symbole et une référence politique majeure pour toute l’Afrique. Les points cardinaux de son action, durant ses quatre ans au pouvoir, étaient : lutte contre la corruption, développement autocentré, condamnation du néocolonialisme, éducation et santé pour tous, émancipation des femmes. Dans tous ces domaines, il a adopté des mesures concrètes comme la réduction du train de vie de l’Etat (à commencer par le sien propre), interdiction de certaines importations de produits alimentaires et réforme agraire, campagnes de scolarisation et de vaccinations (pour lesquelles il a reçu les félicitations de l’Organisation mondiale de la santé), dénonciation des ingérences françaises, interdiction de la polygamie et lutte contre l’excision, etc.
Les commémorations du vingtième anniversaire du coup d’Etat au cours duquel Sankara a trouvé la mort s’accompagnent de conférences, de débats et de concerts au Burkina Faso mais aussi en Europe et dans le reste du monde. Ces manifestations se déroulent malgré les menaces de mort lancées contre certains de leurs animateurs.
En mai 2006, le Comité des droits de l’homme des Nations unies a fait droit à une demande de la Campagne internationale justice pour Sankara (CIJS), effectuée au nom de la veuve de Thomas Sankara, Mariam. Il a demandé au gouvernement actuel du Burkina Faso, issu du putsch de 1987, de diligenter une enquête indépendante sur les circonstances de la mort de Sankara et de rectifier son certificat de décès (il porte toujours la mention « mort naturelle »). La procédure se poursuit et une pétition de soutien à la CIJS est lancée. La décision du Comité représente une première dans la lutte contre l’impunité concernant les auteurs de coups d’Etat.
Les multiples joint venture entre mafieux, bandits caravaniers, islamistes-trafiquants, hommes d’affaires, militaires, politiciens, libérateurs et autres « révolutionnaires » visent essentiellement au contrôle de ce trafics. Derrière les « Révolutions », les coups d’Etat, les « libérations de territoires » et autres actions armées, se dessine en filigrane des différents, des litiges, des « partages », des contestations et des « contrôles de la route » d’un trafic qui génère annuellement plusieurs milliards de dollars. La présence militaire US et française, excentrée et plutôt côtière, semble parfaitement inefficace, malgré les efforts d’un « patron local » des forces spéciales Christian Rouyer (ancien de la place Beauvau) à Sévaré et toute la technologie américaine. D’autant plus que des barbouzes et hommes d’affaires de ces deux pays jouent souvent sur plusieurs tableaux et ne dédaignent pas la manne venue du ciel latino - américain.
Ainsi, le « jeu » a monté de plusieurs crans. La déstabilisation du Mali en est la preuve la plus flagrante. Il faut certainement ajouter à cette dérive entropique la politique française en Libye. Non seulement le champ opérationnel s’est élargi sur un espace jusque là parfaitement contrôlé et négocié, mais en plus, des centaines de militaires et de combattants de Kadhafi ont rejoint les multiples factions agissant dans la région avec leurs armes, leurs véhicules blindés et autres 4X4. Il s’est ainsi créé un flagrant déséquilibre des forces qui a permis, entre autres, l’occupation du nord Mali par les forces revigorées des fondamentalistes d’Ansar Dine et les Touaregs du MNLA (désormais en conflit).
Les différents sur la partage de la coke entre les acteurs maliens ont abouti à un « coup d’Etat » et l’intervention en Libye a permis la création d’un nouveau glacis saharien, permettant aux groupes fondamentalistes de renforcer leur périmètre opérationnel et à mettre définitivement la main sur le trafic de cocaïne, du moins en ce qui concerne les réseaux et les filières sillonnant l’ancienne route du sel.
Documents joints à cet article
90 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON