Mali : le double jeu algérien (3)
L'Algérie est au cœur du problème malien, c'est une évidence. Le récent massacre d'otages sur son territoire n'est que l'épiphénomène de quelque chose qui a démarré il y a bien des années, qui s'était traduit par une guerre civile désastreuse ayant entraîné des dizaines de milliers de morts. Le pouvoir algérien, depuis arc-bouté sur ses bases, notamment des services secrets à poigne, a tout fait pour contenir la contagion islamiste, y compris en utilisant l'infiltration ou la manipulation, mais aujourd'hui, les créatures à la Frankenstein qu'il a créées se retournent contre lui, ou plus exactement ces mêmes créatures lui offrent un tapis rouge pour demander davantage d'aide américaine pour contrôler le Sahel, le but des algériens, peu enclins à laisser d'autres pays à dominer la région. S'y ajoutent les profits émanents des divers trafics locaux, dont bénéficie une junte au pouvoir dont le président Bouteflika n'est que le bout de l'iceberg. C'est un pays corrompu à l'extrême qui se dissimule derrière les malheurs des pays du Sahel. Un pays soutenu par les Etats-Unis, qui souhaitent étendre leur emprise sur un continent qu'ils ont trop longtemps délaissé. Des ventes d'armes étant à la clé.
Le 18 juillet 2012, bonne nouvelle (d'apparence) : trois otages européens – deux Espagnols dont une femme et une Italienne – enlevés en octobre 2011 en Algérie dans les camps du Polisario (en Algérie).sont libérés au Mali, annonce Mohamed Ould Hicham, un des responsables du Mujao, auteur de l'enlèvement. Le Mujao avait réclamé 30 millions d'euros de rançon et la libération de prisonniers islamistes.... dont le mouvement ne veut pas révéler le nom ni le pays. Il faudra attendre quelques jours pour qu'un site mauritanen, Alakhbar, relève qu'on vient de libérer un sahraoui des camps de Tindouf qui était détenu en Mauritanie, nommé Memine Ould Oufkir. La sortie de prison est confirmée par l’Agence Nouakchott information (ANI). L'enquête, selon la presse, avait montré que "Memine Ould Oufkir avait un accès direct au lieu de résidence des coopérants européens, ce qui lui a facilité, avec ses compères, la tache de l’enlèvement. Il a ensuite remis les otages à un groupe armé lié au Mujao, le mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest". Il va sans dire que le prisonnier en Mauritanie se retrouvait aussitôt expulsé... direction l'Algérie. Démontrant ainsi les liens étroits entre le Mujao et ce pays, soupçonné depuis longtemps d'être de mèche avec plusieurs groupes terroristes du Sahel. Il n'y avait pas qu'Ansar Dine a bénéficier de sa sollicitude.



L'allié direct des touaregs salafistes, contre toute attente, c'est en effet... l'Algérie. Au printemps dernier, alors que le groupe d'Iyad ag Ghali détruit des monuments historiques dans une furie religieuse sans raisonn son leader n'est pas sur place. Il est à... Alger, reçu par Abdelaziz Bouteflika, comme le précise le MatinDZ. "Le groupe terroriste Ansar Eddine avec lequel Abdelaziz Bouteflika a engagé un dialogue en vue d’une issue politique « négociée » à la crise malienne est donc essentiellement dirigée par des « émirs » algériens issus du GSPC rallié à Ben Laden, jusqu’à son chef, Iyad ag Ghali qui aurait aidé Alger à l’étouffement de la rébellion touareg suite à ces fameux accords dits "d’Alger" conclus entre Alger et Bamako. Ces principaux agents actifs d’Al Gaïda au Maghreb islamique qui contrôlent tout le Nord du Mali ont ainsi à leur tête ce Touareg de Tamanrasset, Iyad ag Ghali." Une bien étrange réunion, qui avait déjà été précédée de deux autres déjà, indique le MatinDZ, peu tendre avec son président : "or, Bouteflika se rend à Tamrasset à deux reprises : la première visite, il l’effectue à Tamanrasset-Illizi, en 2009, alors en campagne électorale pour son troisième mandat faite sous le slogan de "l’approfondissement de la concorde nationale" et d’où, d’ailleurs, il avait annoncé son élargissement en "amnistie générale". La seconde date de 2011, une visite éclair après une longue absence de la scène nationale. A l’issue de cette visite, les médias locaux avaient relevé que l'al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) avait comploté un attentat à la voiture piégée pour assassiner le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, au cours de cette visite." Tamanrasset, ville de naissance de Iyad ag Ghali et selon le journal sa base arrière depuis des années. Le journal précisant que le coup de l'attentat était un coup monté du DRS algérien pour écarter les journalistes trop curieux, désireux de suivre de trop près les déplacements de Bouteflika dans Tamanrasset !
La visite présidentielle avait en effet un but caché, comme la précédente : "Ces deux visites à Tamanrasset, l’une inaugurant un troisième mandat, l’autre confortant l’impunité accordée aux groupes terroristes d’Al Qaïda au Maghreb islamique, ne sont donc pas d’utilité publique (de simples inaugurations de canalisations d’eau…) mais bien négociées à des fins stratégiques politiques : contenir la rébellion Touareg afin d’éviter une contagion berbère en Algérie et mobiliser les Touaregs élus locaux et députés du FLN qui connaissent l’actuel chef d’Ansar Eddine, Iyad ag Ghali alors homme politique influent au Mali et déjà acquis aux thèses d’Al Qaïda au Maghreb islamique, ayant des liens étroits avec ces élus locaux du FLN à Tamanrasset qui y ont fait campagne pour la réélection de Bouteflika en 2009. Est-ce un hasard si c’est le même homme, le « touareg islamiste » d’Ansar Eddine qui est reçu par Bouteflika, en tant qu’émissaire de ce groupe terroriste, le mois de juin dernier (2012) pour, officiellement, trouver une issue "diplomatique" à la crise malienne ?" Il est vrai que le cursus de l'islamiste ancien buveur de whisky prête à confusion, ajoute le journal, en rappelant la trahison de la cause indépendantiste dans les années 90 : "c’est le parfait homme de dialogue dans la mesure où c’est un enfant de Tamanrasset, un dissident de la cause indépendantiste Touareg qui a servi Alger pour la réprimer et, au bout du compte, un "émissaire digne de foi" d’Al Qaïda au Maghreb islamique. D’ailleurs, lors de la dernière réunion de la CEDAO à Dakar, Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des affaires maghrébines et africaines, insistant sur la voie diplomatique choisie par Alger sur la crise malienne avait dit qu’il serait « une erreur » que de ne pas intégrer dans les discussions avec les « parties en conflit », ce même Iyad ag Ghali. Homme de main de Bouteflika ?" Le journal n'y allait donc pas avec le dos de la cuillère, mais il est vrai également que la réunion de juin se tenait au moment où plusieurs pays africains avaient déjà décidé de chasser Iyad ag Ghali du nord du pays. Et cela, Bouteflika le savait pertinemment. Le 15 novembre 2012, il participait à Abuja, au Nigéria, au sommet extraordinaire de la Cédéao réunissant les chefs d’Etat des 15 pays de l’Afrique de l’ouest pour fixer le calendrier de l'intervention au Mali ! "Adversaire déclaré de toute intervention armée, l'Algérie qui vient de voir échapper à son emprise Ansar Dine, devra se faire violence pour assister à une rencontre qui entérine une stratégie opposée à celle qu'elle a soutenue seule depuis le début de a crise" fait alors remarquer la presse algérienne.
Un autre journal, ou plutôt l'association Tamoudre, (touareg) enfonçant le clou : "C’est par la voix de son ministre des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, que cette « négociation » d’Alger avec les terroristes d’Aqmi et de l’un de son groupe Ansar Eddine, a été confirmée. Dans le plus grand secret, au mépris des deux cent mille morts algériens victimes de l’idéologie de ce même groupe terroriste, il a reçu, à Alger, des émissaires d’Ansar Eddine, officiellement, certainement pas pour des « raisons humanitaires » accordées à la famille Kadafi." La position de Bouteflika y était sévèrement condamné là aussi, et montrait surtout toute la duplicité algérienne, les services secrets du DRS étant depuis plus de 40 ans maintenant derrière plusieurs coups fourrés notoires. "Bouteflika a pris langue avec les chefs terroristes de Ansar Eddine non pour sauver des vies humaines, les otages algériens enlevés le 5 Avril dernier, le consul d’Algérie et ses collaborateurs, mais pour trouver une solution politique « négociée » à la crise du Mali. Autrement dit, il s’agira pour lui de se mettre à genoux devant l’AQMi dont plusieurs chefs ont appartenu et appartiennent toujours aux groupes terroristes algériens. Quelle solution de paix « négociée » avec l’Aqmi sinon celle de l’abdication. Que peut bien offrir Bouteflika au groupe terroriste d’Ansar Dine sinon celle de renforcer leur impunité et de leur offrir l’Algérie pieds et poings liés, la soumettre à la chari’a et traiter leur chefs de partenaires honorables comme il l’a fait pour Hattab et compagnie au plus fort de la tragédie terroriste. Bouteflika veut-il élargir sa politique de réconciliation nationale à L’AQMI et être le digne héritier de Ben Laden en Afrique ?" écrit l'association, décidément en verve.
L'Algérie jouerait donc depuis longtemps une partition à elle, consistant à d'un côté (officiel) à déclarer qu'elle s'attaque au terrorisme islamiste et de l'autre (secret) à l'alimenter. Voilà qui n'est pas sans rappeler les coups tordus chers à l'ISI au Pakistan. Une comparaison que n'hésite pas à faire un spécialiste américain, John R. Schindler, professeur au National Security Affairs at the U.S. Naval War College in Newport, et dont l'analyse subtile faite le 16 juillet 2012 rejoint entièrement cet avis. L'article s'intitule "L’affreuse vérité de l’Algérie" et c'est un bilan implacable, en forme plutôt de réquisitoire, du rôle obscur de l'Algérie face aux menaces terroristes islamistes. L'auteur revient tout d'abord sur les dernières décennies, qui ont mené du GIA à AQMI en passant par le GSPC : "Pour le dire simplement, le GIA était la création du DRS ; en utilisant les méthodes soviétiques prouvées de pénétration et de provocation, l’agence l’a assemblé pour discréditer les extrémistes. Beaucoup de dirigeants du GIA étaient des agents du DRS, qui ont conduit le groupe dans l’impasse des tueries, une tactique impitoyable qui a discrédité à fond les Islamistes du GIA parmi presque tous les Algériens. La plupart de ses opérations majeures étaient l’œuvre du DRS, y compris la vague d’attentats à la bombe en France en 1995. Certains des massacres les plus tristement célèbres des civils ont été commis par des unités spéciales militaires se faisant passer comme moudjahiddin, ou par des équipes du GIA sous le contrôle du DRS. Ayant mis le GIA à terre à la fin des années 1990, le DRS a continué à infiltrer et influencer des groupes Islamistes dans le pays. Dans quelle mesure la filiale locale d’Al Qaeda est secrètement contrôlée par l’armée comme le GIA et le GSPC l’étaient – est une question ouverte, mais son rapport récent suggère que l’influence du DRS sur n’importe quel groupe extrémiste algérien est considérable." C'est l'une des rares fois ou un américain reconnaît l'implication de l'Algérie dans les attentats de 1995 en France, et c'est donc à noter d'une pierre blanche. Pour ce qui est des liens entre l'Algérie et les terroristes en Europe, on peut se référer à ma longue enquête sur l'affaire Petraeus (lire les PDFs).
Pour s'en convaincre, il suffit de lire le fabuleux livre d'Abdelkader Tigha, avec Philippe Lobjois " Contre-espionnage algérien : Notre guerre contre les islamistes" pour s'apercevoir de comment tout a été manipulé par le DRS. Extrait assez saisissant : Il [le capitaine Abdelhafidh] m’expliqua comment le DRS, dès le début de la guerre, s’était lancé dans une politique de recrutement d’agents infiltrés au sein de toutes les couches de la population. Beaucoup d’islamistes, après avoir été arrêtés par le DRS, avaient été transférés vers les différents CTRI. C’était là qu’ils étaient « retournés » par le service, puis renvoyés au maquis. Infiltrés au sein de leur groupe, ils permettaient d’en savoir plus sur la stratégie des islamistes sur le terrain. L’objectif affiché du service était de discréditer par tous les moyens la lutte armée des islamistes. J’apprendrai que la campagne de recrutement avait commencée dès 1993. Des équipes du CTRI de Blida s’étaient rendus quotidiennement à la prison civile de la ville afin de mener des interviews sur des détenus islamistes.- Celui que tu as vu en fait partie. C’est moi qui le traite. On l’emmène avec nous la nuit, sort en opération, il est très utile. J’apprendrai que ce même émir assistait aux séances de tortures dans les locaux du Service de police judiciaire. (…) J’ai commencé à demander des renseignements sur lui. Il s’appelait Merdj Abdelkrim. Plus connu sous le nom de « Mike », il avait été l’un des fondateurs du GIA de Boufarik et ami intime de Layada Abdelhak, le tueur de mon frère. C’était le premier chef spirituel du GIA, l’initiateur en quelque sorte. Le capitaine Allouache était devenu son officier traitant. Il l’avait retourné dès 1992. Depuis le terro maison circulait à l’intérieur du CTRI et il entretenait des contacts avec différents groupes armés opérant dans la Mitidja sans que ces derniers sachent qu’il avait été retourné par nos services !"
John R. Schindler précisant que ceux qui ont tenté de tirer la sonnette d'alarme ne sont plus toujours là pour témpoigner : "on sait que des officiels africains laissent tomber des allusions non subtiles qu’AQMI n’est pas tout à fait ce qu’il semble être et doit être vu dans le contexte plus large de la politique étrangère algérienne. Dans un des rares cas où de tels doutes ont été exprimés ouvertement, le chef de la sécurité d’Etat du Mali, qui est chargé de garder les moudjahiddin algériens hors de son pays, a déclaré à la Presse en juin 2009 que « au cœur d’AQMI est le DRS » Peu de temps après, il a été tué par balle à la maison par « des bandits armés inconnus. » L'homme décrit, assassiné à 37ans, c'est Lamana Ould Bou. Ironie du sort, la dernière arrestation qu'il avait faite, avait eu lieu dans ll’arrestation d’un membre d’Al Qaïda, d’origine mauritanienne, opérée dans une mosquée de la citée des 333 saints, à Tombouctou, celle-là même que fera détruire plus tard Ansar Dine.
La thèse du DRS (et ses manies du secret) à la base de la désagrégation du Mali, un autre la partage : c'est Jeremy Keenan. L'homme n'est pas ici un inconnu, puisque je vous en avais déjà parlé, à propos de Pierre Camatte et d'Abderrezak El-Para, ce qu'à fait aussi ici Rue89 : "Anthropologue britannique, spécialiste reconnu de la zone sahélienne, Jeremy Keenan affirme dans cet article que c’est la Sécurité militaire algérienne qui a conduit la France dans le fiasco de son opération militaire du 22 juillet au Mali, destiné à sauver l’otage Michel Germaneau. Selon lui, l’armée algérienne a participé à l’une des deux opérations conduites ce jour-là, tout en sachant que l’otage français ne s’y trouvait pas ou plus. Les accusations portées par Jeremy Keenan contre la Direction du renseignement et de la sécurité (DRS) d’Algérie rejoignent les doutes exprimés par certains responsables français pour qui Al Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) « avance au gré des intérêts du pouvoir algérien ». Ce qui n’a pas empêché, selon l’auteur, le gouvernement français de tomber dans un piège lourd de conséquences." La DGSE, qui surveille les conversations algériennes depuis 1997 maintenant, à St Laurent de la Salenque (photo à droite) devait le savoir, elle aussi. Comme devait le savoir Sarkozy, qui avait manipulé l'affaire à son profit. Et avait ensuite fait le show hanituel lors de l'extraction de Pierre Camatte, négociée selon l'habitude des terroristes contre la libération de leaders islamistes emprisonnés et quelques liasses de billets verts (le franc CFA n'étant pas en odeur de sainteté chez les trafiquants de coke).
Dans un autre texte, "Le bras caché de L'Algérie", du 22 janvier dernier seulement, paru sur The National Interest, John R. Schindler (ici à droite) va plus loin encore en évoquant une relation plutôt malsaine entre américains et algériens (et là encore c'est la première fois qu'on entend ce genre de voix : "Les Etats-Unis sont profondément impliqués avec un partenaire musulman clé dans la lutte contre le terrorisme djihadiste. Bien que la relation entre les deux pays soit d'apparence solide, avec des années de coopération militaire et de renseignement, renforcées par un soutien financier américain, les rouages de la relation sont rarement transparentes à Washington. C'est grâce à la position dominante du puissant service de renseignement militaire, qui est l'épine dorsale du régime. Ce service travaille souvent à contre-courant de la politique déclarée, parfois en s'opposant activement aux objectifs occidentaux. À certains moments, le service semble être hors du contrôle du gouvernement civil et même de la chaîne de commandement militaire. Aux États-Unis, c'est une situation frustrante qui semble irrémédiable." On le voit, la comparaison avec un autre pays et une situation similaire vient vite : "cette description englobe la relation "frenemy" que les Etats-Unis ont longtemps eue avec le Pakistan, grâce à l'Inter-Services Intelligence (ISI), le service d'espionnage connu par les talibans comme étant "le serpent noir." L'ISI a beaucoup fait clandestinement pour contrecarrer les efforts des États-Unis et de l'OTAN en Afghanistan, ainsi que soutenir le terrorisme contre l'Inde. Sa réputation en tant que fabricant de chaos régional, ainsi que le pouvoir réel au Pakistan, a été durement gagnée. Mais la description est également vraie pour l'Algérie, un pays dont l'éminente position dans la lutte mondiale contre Al-Qaïda est à nouveau dans les informations récentes, merci à la guerre dans les pays voisins du Mali et à l'effort désastreux des militaires algériens à sauver des otages occidentaux, qui aurait été faits prisonniers par les djihadistes locaux".
L'auteur n'est pas tendre, en effet avec un DRS assimilé à un ISI bis : "l'Algérie, comme le Pakistan, dispose d'un service de renseignement militaire, le Département du renseignement et de la sécurité (DRS), dont la mission dépasse de loin n'importe quelle agence de sécurité occidentale. Le DRS est à juste titre considéré comme l'épine dorsale du régime, avec un pouvoir fondamental s'étendant au-delà même de l'armée. Dans un sens réel, comme au Pakistan, les espions de l'armée contrôlent une grande partie du système politique, en fonctionnant comme une loi pour eux-mêmes, en commettant des violations des droits de l'homme et en fournissant un soutien clandestin aux groupes terroristes pour servir les intérêts du service. Bien que l'Algérien moyen soit bien au courant des habitudes peu recommandables du DRS, qu'ils sait être la base du régime impopulaire qu'ils appellent « le pouvoir » (en français dans le texte), la plupart des étrangers ne semblent remarquablement pas au courant de la façon dont le pays fonctionne réellement, celui d'inclure de nombreux militaires américains et des agents du renseignement comme partenaires de l'Algérie contre le terrorisme. Malheureusement, le débat sur le rôle réel du DRS dans le Maghreb est polémique, voire manichéen, avec des adversaires du " Pouvoir" qui voient sa main cachée derrière presque tout ce qui se passe au nord du Sahara, alors que la plupart des experts occidentaux semblent se contenter d'éviter toute discussion réelle à propos du DRS, la considérant comme une sorte de mythe ou « théorie du complot » qui ne doit pas être pris en considération. Que le premier groupe soit plus proche de la vérité n'a pas aidé pour la crédibilité à l'Ouest, et ce n'est seulement qu'en France, dans l'ancienne puissance coloniale, que l'offre de presse est axée sur la réalité la couverture des affaires algériennes." A comparer avec les déclarations du général Carter Ham... cela devient passionnant.
Un général US qui déclarait le 28 novembre 2012 combien l'Algérie faisait tout ce qui était en son pouvoir... "M. Ham a considéré, cependant, que « bien que des négociations soient en cours, il est prudent de se préparer à une éventuelle intervention militaire qui pourrait être nécessaire ». Au cours de son intervention, le général Ham a particulièrement salué « les efforts accrus de l'Algérie » pour assurer la sécurité de ses frontières, en particulier avec le Mali, pour empêcher, selon lui, une libre circulation des éléments d’Al-Qaïda et d'autres groupes. A une question sur la présence d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) au nord du Mali, M. Ham a répondu que lors des discussions avec de hauts responsables militaires et civils des pays de la région, il a constaté une « unanimité » autour de deux points, même si, selon lui, il peut y avoir quelques différences dans l'approche de la question. Il s'agit, a-t-il dit, de « la nécessité de préserver l'intégrité territoriale du Mali, excluant tout appui à un mouvement séparatiste » et du refus de « la présence continue de l'AQMI au nord du Mali », qui est « inacceptable pour les Maliens, pour les pays de la région et pour la communauté internationale », a insisté M. Ham"
Bien entendu, l'auteur du texte initial vise lui aussi la situation actuelle du Mali, héritière directe de cette politique de coups tordus perpétuels (il donne le beau rôle aux USA, quand même en parlant des "efforts" faits, alors que l'on a vu qu'ils étaient succints ) : "ceci est particulièrement important en raison des événements qui se déroulent dans les pays du Maghreb. Après des années d'investissements américains dans la région, en particulier les efforts coûteux par le Pentagone pour l'Afrique (AFRICOM) pour constituer les forces de sécurité du Mali,qui ont lamentablement échoué, la France est entrée dans le combat pour sauver une situation désespérée. Bien que les préoccupations qu'une grande partie du Sahel devienne un Jihadistan soient exagérées, Paris a eu raison de s'inquiéter de l'impact que pouvait avoir la prise de contrôle par Al-Qaïda de vastes étendues de l'Afrique occidentale. Après des années de mises en garde de l'AFRICOM comme quoi les djihadistes menaçaient le Sahel, la solution américaine, fondée sur la formation des forces locales pour faire le travail difficile, a été prise en défaut et la menace est maintenant sur nous." Au moins, c'est un beau mea culpa, pourra-t-on au moins dire (*).
Le couperet peut alors tomber. Selon John R. Schindler, Alger est bien derrière les groupes islamistes qui ravagent le nord du Mali : "Washington va être tenté de forger un partenariat plus étroit avec Alger pour améliorer la stabilité régionale, et de laisser les forces de sécurité algériennes faire ce que nous ne ferons pas. Certes, la DRS a travaillé en étroite collaboration avec les services secrets américains depuis les années 1990, et son empressement à tuer des terroristes est sans équivalent dans aucun autre pays du Maghreb. Mais le DRS a fait aussi des choses que Washington semble hésiter à questionner. Pour être clair, ses méthodes comprennent des tactiques sur lesquelles les Etats-Unis doivent porter une attention particulière, comme celles du parrainage des groupes terroristes et les atteintes aux droits humains à l'échelle industrielle. Compte tenu de leur fréquence au cours des vingt dernières années, les drames d'otages occidentaux ont été exploités par le régime algérien -disons par le DRS- à des fins politiques, et il est temps de commencer à poser des questions sur ce qu'Alger fait vraiment à travers la région. Dans quelle mesure le DRS continue-t-il de soutenir le terrorisme dans la clandestinité, comme il l'a fait dans les années 1990, comme une arme pour discréditer l'islam politique ? C'était une tactique qui a marché avec succès, mais qui a coûté des dizaines de milliers de vies civiles. Car il est amplement prouvé que le DRS maintient le contrôle d'au moins une partie des groupes de bandits djihadistes opérant sous la rubrique d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) dans le Sahel."




sur le DRS un excellent document à compulser :
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