MAM, l’affaire qui enfle (du nouveau)

La belle histoire de la coïncidence, du hasard heureux qui place l'avion, non de Miled mais de Trabelsi, beau-frère du président, sur le tarmac quand justement, oh Mon Dieu, la flopée Ollier Alliot Marie posent leur blancs escarpins, vole (adapté hein, dans ses deux sens en plus) en éclat. Car ce voyage était aussi un voyage d'affaire comme l'a découvert le volatile, ici via Le Monde : Cette première affaire avait déjà mis la ministre dans l'embarras. Les nouvelles révélations de l'hebdomadaire pourraient être encore plus gênantes. Selon Le Canard, les parents de la ministre, Bernard et Renée Marie, âgés de 94 et 92 ans, qui étaient du voyage en jet avec la ministre des affaires étrangères, étaient venus pour investir dans une société civile immobilière (SCI).

Ils auraient racheté à Aziz Miled et à son fils Karim la totalité des parts de la SCI Ikram, dans laquelle ils possédaient déjà des parts. Le journal publie des extraits du registre municipal de la ville de Tabarka, où aurait eu lieu la transaction. Déjà propriétaires de 13 % de la SCI, les parents de la ministre auraient acheté la totalité des parts, pour un minimum de 325 000 euros, selon l'hebdomadaire.

C'est vrai que des millions de Français peuvent sortir, comme ça, au minimum 325 000 € quand ils vont en Tunisie dans les jets de leurs amis martyrs du pouvoir, et pour une sci sur place, bien sûr. Au passage on apprend ceci (tout se fait en famille dans ce pouvoir (fils Péchenard, fils Marleix, prince Jean, fils Fillon et fils Bachelot)) (Le NouvelObs) : Sans enfant, Michèle Alliot-Marie a perdu sa soeur en 2004. Sa nièce, Ludivine, travaille avec elle. La ministre l'a choisie "avant tout pour ses compétences"

Ce n'est qu'un petit plus de cette histoire qui s'alourdit. Et elle continue pour nous prendre pour les buses les plus bêtes de la planète : "Leur vie privée leur appartient. Les acquisitions qu'ils effectuent pour eux-mêmes ne concernent qu'eux, et personne d'autre", a déclaré la ministre dans un communiqué. "Je ne peux concevoir que l'on puisse s'attaquer à la famille des politiques, et dans le cas présent à mes parents", a -t-elle observé. "Quand on a fini de passer ma vie, y compris privée, au peigne fin, c'est sur celle de mes parents qu'on enquête."

Le Quai d'Orsay a de son côté refusé de commenter l'affaire, se contentant d'affirmer que cette vente "ne concerne en rien Michèle Alliot-Marie, mais "exclusivement" ses parents.

Pour le hasard, il va falloir maintenant repasser : Une transaction préparée de longue date. Le Canard explique que cette transaction était appelée à rester secrète mais qu'elle était "forcément préparée de longue date" : il fallait l'accord du gouverneur du secteur, lui-même sous tutelle du ministère de l'Intérieur. Ils étaient attendus pour aller signer dans l'hôtel de Tabarka qui appartient à Miled. Vous notez aussi qu'il fallait l'accord du gouverneur, ce qui a dû être un exploit à obtenir pour le martyr ennemi public numéro 1 de Ben Ali, et en plus il est sous la tutelle du ministère de l'intérieur. Je vous laisse imaginer sa latitude dans ce pays à cette époque. Petit rappel (Mediapart) : Loin d'être une « victime » du régime Ben Ali, comme Michèle Alliot Marie ne cesse de le marteler, son « ami » Aziz Miled a été un pion central du système économique du régime déchu. Il a réussi à être associé en affaires avec rien de moins que trois gendres et un beau-frère de l'ancien despote Ben Ali, qui l'a par ailleurs nommé personnellement à un haut poste politique en 2008.

La journaliste du volatile, interrogée par Europe 1 raconte (ci-dessous) comment cette affaire s'est traitée en douce. Une question vient immédiatement à l'esprit : Quel intérêt pour deux personnes de 92 et 94 ans d'acheter en Tunisie les parts d'une SCI ? Oh, peut-être pour leur fifille inoxydable ? Qu'en dites vous ? Et les droits de succession ?

Ele nous prend donc pour des abrutis finis : le hasard d'abord, alors qu'une négociation allait aboutir. Les affaires de ses parents sont privées, ensuite, mais ils voyagent avec elle, mais ont 92 et 94 ans, les âges idéaux pour investir au moins 325 000 €. Pour leurs vieux jours ? Ah merde, ils sont déjà presque derrière eux leurs vieux jours (c'est de mauvais goût peut-être mais moins que celui de cendres que nous avons dans la bouche en découvrant cette rallonge). Et Miled est un martyr quand il a fait fortune au milieu du clan de Ben Ali. Et ceci (Mediapart) : La ministre française des affaires étrangères n'a cessé de taire la vérité sur ses vacances en Tunisie durant les fêtes, sur son ami si généreux, très proche de l'ancien régime, ses excursions ou sa facture. Omettant même sa conversation téléphonique avec Ben Ali en pleine révolution tunisienne. Bien évidemment qu'un ministre des affaires étrangères peut avoir un chef d'état au téléphone, mais tout dépend lequel et quand. Et tout dépend du secret qui l'entoure, ou surtout des raisons objectives de ce secret. En général nous avons droit à un communiqué qui ne révèle pas le contenu, et quoique, mais qui indique que notre diplomatie est en marche. Ici point. Que nenni. Du secret pour camoufler quoi ? Sans doute car cet appel, sa révélation était du kérozène sur un feu mal éteint. Voilà donc que pendant que les sbires de Ben Ali tiraient sur la foule, elle, elle l'appelait bien qu'elle fût avec son pire opposant, le Miled. Quel courage ! Et ses parents faisaient leur petite affaire en toute discrétion. Peut-elle descendre encore plus bas ? Va-t-elle mentir encore plus ? Va-t-elle s'accrocher comme une noyée à un bout de bastingage flottant après le naufrage dont elle est elle-même responsable ?

Toute sa défense s'est écroulée. Aujourd'hui on apprend encore plus grave. Allez dehors et vite !

PS : n'oubliez pas le petit lâche Fillon qui a profité pour la seconde fois des largesses de Moubarak et qui se défausse en accusant jusqu'à Sarkozy d'avoir aussi bénéficié de ces petits privilèges indus et honteux. Rappelons que le niveau de vie des égyptiens est très faible et que c'est sur leur dos que Moubarak et ses alliés se sont enrichis de quelques 45 milliards de dollars au moins, c'est donc avec la laine tondue sur le dos du peuple que Fillon et sa famille ont pu passer de si jolies vacances. Déjà que dire que d'autres l'ont fait n'est qu'une circonstance aggravante car cela veut dire qu'en plus d'un esprit corrompu par les largesses des dictatures, un sacré manque de caractère, une sorte de panurgie lamentable tout autant qu'une très faible intégrité morale. Il faut ajouter que toute acceptation de cadeau rend dépendant celui qui reçoit de celui qui donne. Sous le roi Arthur on appelait cela le contre don, et c'était, le don, une bonne méthode pour piéger son adversaire, le contre don devant être au moins l'égal du don. Fillon n'était plus libre du moment qu'il avait accepté, dès 2008 donc, des libéralités d'un dictateur spoliateur. Enfin une fatuité sans nom que de se considérer comme la France, car à l'entendre ce n'est pas lui qui était invité mais la France ! Cela mérite une bonne douche d'eau glacée, du goudron et des plumes ensuite. Par ailleurs Villepin l'a renvoyé dans ses cordes en disant que lui, pourtant Premier Ministre également, n'a jamais accepté d'invitation (ce qui en soi dément les assertions faciles que tout le monde avant le faisait aussi, tout comme cet argument stupide que les temps ont changé comme si avant la corruption des largesses ne scandalisaient pas aussi son monde, comme les diamants de Bokassa, le prêt de Bérégovoy, le terrain de Ramatuel, c'était il y a plusieurs dizaines d'années), ajoutant qu'à ce niveau de rémunération on peut bien, et c'est la moindre des choses, payer ses vacances.

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