Maman d’un jeune garçon autiste, elle porte plainte contre le Dr Ducanda
Le terme « autisme virtuel » a fait l'effet d'une véritable bombe le jour où le Dr Anne-Lise Ducanda a utilisé ce terme pour désigner les enfants qui présentent un retard de développement suite à une surexposition aux écrans.
Tout à commencé par la publication d'une vidéo il y a onze mois sur Youtube où le Dr Ducanda ne cesse d'utiliser les termes « autisme », « autiste », « troubles envahissant du développement »... pour désigner ces enfants. Plus inquiétant encore, elle affirme que « l'augmentation exponentielle des troubles du spectre autistique touche tous les pays riches et uniquement les pays riches ». Encore plus grave, une membre de son collectif COSE, Sabine Duflo, relaye sur son site internet les publications d'une orthophoniste algérienne à l'origine du mouvement « Thérapie Andaloussia – pour anéantir l'autisme » qui n'hésite pas à employer les termes de « privation maternelle » au profit des écrans, pour expliquer tous les cas d'autisme dans le monde.
Relayée par nombreux médias depuis une quinzaine de jours, pas une seule vidéo, pas un seul article ou post Facebook n'échappent à présent à la vigilance des familles concernées qui somment le Dr Ducanda de cesser d'utiliser ces termes. Parmi elle, Estelle Ast, maman d'un jeune garçon autiste âgé de 12 ans. Elle avait déjà fait parler d'elle en mars 2014 en montant au sommet d'une grue en plein centre de Toulouse pour faire respecter le droit à la scolarisation de son fils. Pour cette maman, « l'affaire Ducanda » est le scandale de trop dans le milieu de l'autisme. Elle décide donc de porter plainte contre le Dr Ducanda auprès du Conseil de l'ordre des médecins. Mais pour quelles raisons ?
« Le Dr Ducanda n'imagine pas à quel point elle porte préjudice aux familles en comparant les enfants surexposés aux écrans avec les enfants autistes. Comprenez que la situation de l'autisme en France est catastrophique. Nous avons déjà 50 ans de retard par rapport aux autres pays en matière de scolarisation et de prise en charge. Ce syndrome est méconnu dans notre pays et nous manquons cruellement de professionnels et de structures adaptées. Depuis toujours en France (et encore aujourd'hui pour de nombreuses personnes) l'autisme est considéré comme une affection psychologique ou une maladie psychiatrique et non comme un trouble envahissant du développement pourtant reconnu comme tel par l'Organisation Mondiale de la Santé. Toute la communauté scientifique mondiale est d'accord pour souligner l'importance d'un diagnostic précoce. Hors, en France, il s'agit là d'un véritable parcours du combattant pour les familles. Le Dr Ducanda ne fait qu'aggraver cette difficulté. Car en plus de créer un énorme amalgame, elle se permet de remettre en question des centaines de milliers de diagnostics déjà posés par des professionnels de l'autisme en affirmant qu'il y a parmi eux des « vrais » et des « faux autistes ». Sur quelles études, sur quelles preuves scientifiques se base t-elle pour affirmer une chose pareille ? Aucune. Je suggère à Mme Ducanda de poursuive son combat des écrans (certes honorable) sans y méler l'autisme qui n'a strictement aucun rapport. Les mères sont déjà suffisamment culpabilisées à tort. Il est inacceptable qu'un médecin cherche à faire le buzz au mépris de la vérité scientifique et cette pratique est condamnable de part l'article 13 (article R4127-13 du code de la santé publique) ».
En effet, le Dr Patrick Pelloux n'hésite pas à utiliser le terme de « Fake News ». Le chercheur Yehezhel Ben-Ari en Neurobiologie, spécialiste de l'autisme, affirme qu'il n'y a rien comme données qui peut attester le moindre lien. Quant aux célèbres spécialistes Franck Ramus (directeur de recherche au CNRS et professeur attaché à l'Ecole de l'Ecole Normale Supérieure) et Hugo Peyre (Pédopsychiatre à l'Hôpital Robert Debré et chercheur à l'Ecole Normale Supérieure), tous deux considèrent les propos du Dr Ducanda comme une diabolisation trop générale et pas assez étayée des écrans.
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