Manuel Valls, sans parti politique fixe
C’est le psychodrame d’un quinquennat finissant et d’un autre commençant. Un épisode qui vient « polluer une semaine extrêmement importante, qui est regardé dans le monde entier et qui fait la fierté de la France » selon Ségolène Royal. La décision de l’ancien Premier ministre de claquer la porte du PS pour demander l’investiture de La République en marche pour les législatives ne passe pas. Et voilà un ancien Premier ministre socialiste relégué dans un no mans’s land politique. Trop de haines et de rancœurs. La bienveillance promise elle, attendra.

Thérapie de groupe, liquidation d’un mandat confus, règlement de compte par rapport à des accrocs supposés à la doxa de la gauche ? Emmanuel Valls est devenue l’homme à abattre, celui dont on ne veut plus, qu’on ne veut plus voir pour tenter, peut-être d’oublier ses propres errements.
Les rapports avec Manuel Valls ressemblent à ceux qu’on peut avoir avec les forces de l’ordre. On est content de les trouver dans la difficulté mais on préfère les voir de loin, lorsque tout va bien. Car tout de même, il est bien singulier de voir aujourd’hui un ancien Premier ministre qui a fidèlement servi son pays ravalé au rang de pestiféré.
L’opération de lapidation offre surtout l’occasion à quelques uns de se refaire une virginité sur son dos. Les frondeurs tout d’abord dont la déloyauté à l’égard de l’exécutif a conduit au recours au 49-3 et au naufrage du quinquennat. Le PS ensuite qui a été incapable d’appuyer l’action du gouvernement et de créer des conditions de dialogue en son sein. Ces ministres également, contraints après la pagaille sous JM Ayrault de se plier à l’autorité de Matignon et qui viennent sans pudeur cracher leur venin à la face de celui qui fût leur chef. Les Français, enfin qui ont voté Hollande et veulent faire payer le prix de leurs regrets à un Premier ministre appelé pour sauver les meubles.
A chacun son droit d’inventaire face au bilan de Manuel Valls et ses appréciations sur la personne. Là où Benoît Hamon voit un « opportunisme compulsif« , on peut à l’inverse discerner une continuité dans la ligne politique réformatrice, libérale et sociale-démocrate que l’ancien Maire d’Evry a toujours défendue.
Peu importe le carrossage du véhicule, ce qui compte c’est ce qu’il y a sous le capot. Or côté moteur, celui d’En Marche est dans sa conception fondamentale le jumeau de celui qu’a toujours esquissé Valls, ce qui l’avait conduit à ne recueillir que 5% lors de la primaire citoyenne de 2011.
Manuel Valls se rêvait en fondateur d’une Maison des Progressistes, celle-ci risque de se transformer en simple cabine téléphonique. Ce serait une singulière erreur pour le nouveau Président de la République et ses amis de se priver de bonnes volontés car les empêcheurs de réformer en rond, les professionnels du blocage et les rentiers de la colère sociale sont déjà à l’affût.
Crédit photo : Lorenz Böck
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