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Marché de l’art : les prédictions du commissaire-priseur Marc-Arthur Kohn

Prédire ce qui attend le marché mondial de l'art en 2020 est une pure folie. Une chose est sûre, 2020 verra l’avènement de l’intelligence artificielle (IA) et un retour certain de la place de Paris, selon Marc-Arthur Kohn, commissaire-priseur à Paris.

Dans un secteur ou les belles pièces se raréfient, on note un aspect positif : d'autres œuvres d'art - non moins intéressantes mais certainement moins chères - sont apparues et ont suscité l'intérêt de véritables collectionneurs plutôt que de spéculateurs. La diminution du nombre d'œuvres de catégorie d'actifs sur le marché a également entraîné une diminution du nombre de garants - une force pour le bien ou le mal. A vous de voir.

Il est néanmoins essentiel de toujours valoriser les - trop rares - œuvres de premier plan en leur trouvant les meilleurs acquéreurs possibles. Le fait que des stratégies de plus en plus sophistiquées en matière d'IA et de numérique poussent les enchérisseurs à agir ne peut qu'aider. Christie's, par exemple, est déjà en mesure d'indiquer que 60 % de ses acheteurs s'engagent uniquement par le biais de canaux numériques, et que les 12 millions de visiteurs uniques de son site Web sont en hausse de 21 % par rapport à l'année dernière. L'activité de navigation déclenche quelque 30 000 courriels chaque semaine. L'acquisition par Sotheby's, annoncée en janvier 2018, de la start-up américaine Thread Genius, qui a travaillé sur la fonctionnalité de recommandation musicale de Spotify, témoigne de sa confiance dans les algorithmes et la technologie de reconnaissance d'images comme outils pour prédire les goûts des utilisateurs et leur présenter d'autres œuvres qu'ils pourraient aimer. Il semble que nous devrions nous attendre à ce que de plus en plus de ventes aux enchères se fassent uniquement en ligne (la dernière victime pour ceux qui aiment regarder l'art avant de l'acheter est la vente d'art érotique de Sotheby's en février).

Bien que l'on ne sache pas encore très bien quelle sera l'efficacité de l'IA dans la commercialisation d'œuvres d'art uniques, notamment dans le haut de gamme du marché, l'investissement dans la technologie numérique par les maisons de vente aux enchères et les marchands d'art contemporain reflète la force croissante du marché intermédiaire. Après s'être concentré pendant des années sur un petit nombre de collectionneurs, le commerce de l'art semble, en ces temps plus difficiles, encourager un éventail plus large de clients internationaux. En 2019, les ventes d'art du XXe siècle en particulier ont atteint leur plus haut total dans l'histoire des ventes aux enchères, et il n'y a aucune raison de croire que cela va changer...

Ainsi, alors que Christie’s et Sotheby's cherchent à développer leurs activités vers les nouveaux marchés asiatiques, le développement le plus frappant a peut-être été la confiance et les investissements croissants à Paris. Fait inhabituel, cela ne s'est pas limité au commerce de l'art contemporain et à nous, commissaires-priseurs, mais aussi aux "antiquaires" qui rassemblent leurs forces pour transformer Fine Art Paris en une foire d'art phare qui rivalisera avec la Biennale de Paris, qui est en plein essor. Tout cela semblait inévitable, peut-être, à la lumière de la perspective de Brexit et du fait que les deux grandes maisons de vente aux enchères appartiennent désormais à des propriétaires français. Sotheby's, certainement, sera le lieu à suivre cette année. L'entrepreneur Patrick Drahi n'a pas perdu de temps pour transformer la direction de l'entreprise, réorganiser ses structures de reporting et chercher à capitaliser sur ses actifs. L'entreprise de 275 ans est prête à se développer et à diversifier ses services, peut-être par le biais de nouvelles acquisitions.

La seule certitude sur le marché de l'art est qu'on ne sait jamais ce qui va se passer. Qui, après tout, aurait imaginé qu'un Léonard de Vinci - le désormais célèbre Salvator Mundi - puisse être proposé dans une vente aux enchères d'art contemporain et vendu pour 382 millions d'euros ?


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3 réactions à cet article    


  • popov 31 décembre 2019 16:25

    Le peuple s’en fout de vos tableaux qui valent des millions et qui ne valent rien.

    Ils ont tous été photographié et reproduits sur des calendriers que n’importe qui peut se procurer.


    • Emile Mourey Emile Mourey 2 janvier 2020 18:32

      Bonjour, Maître.

      Vous avez exercé à Bourg-en-Bresse de 1974 à 1993. C’est donc vous qui avez vendu à mon épouse, aujourd’hui décédée, un psyché de forme ovale, Italie, XIX ème siècle pour la somme de 3 700 francs HTVA. Ce psyché provenait du château de Cormartin dont vous vous rappelez certainement, et, depuis cette date, il n’a pas quitté le haut de l’escalier intérieur de notre château historique de Taisey/Saint-Rémy, en Bourgogne.

      Vous avez fait l’école du Louvre. Vous êtes un passionné d’art. Félicitations ! Oubliez les commentaires idiots qu’on vient de faire à votre article. Ils sont l’expression parfaite de la « décadence » dont parle le philosophe Michel Onfray. Rejoignez-moi pour célébrer les grands peintres de notre Histoire. https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/leonard-de-vinci-a-t-il-mis-des-220358


      • tobor tobor 2 janvier 2020 23:08

        Heureusement, le marché de l’art n’est pas l’art ! Il se contente d’en être la part la plus marchande, liée à l’agenda politique et idéologique prescrit par la franc-maçonnerie, avec droit de cité dans les médias officiels, etc...

        Les histoires de gros sous investis dans des collections sont écœurantes au même titre que les détournements d’argent publique et augmentations de salaires déjà faramineux. Là-dedans, fantasmer sur les apports que l’I.A (forme d’« intelligence » qui intéresse le capitalisme) peut amener apparaît à sa façon, lamentable, sorry.

        Et donc, heureusement que l’art se passe du marché de l’art, continue à produire du contenu accessible à qui s’y intéresse et du concept qui aiguise l’esprit au lieu de l’anesthésier.

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