Mariage... de saison
Ma mie, de grâce, ne mettons
Pas sous la gorge à Cupidon
Sa propre flèche
Tant d'amoureux l'ont essayé
Qui, de leur bonheur, ont payé
Ce sacrilège...
J'ai l'honneur de ne pas te demander ta main
Ne gravons pas nos noms au bas d'un parchemin
(Georges Brassens)
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Ils font chier, les curés ! De quoi j’me mêle ?
Si le mariage ressemble tellement au paradis terrestre, que ne le réclament-t-ils pas pour leur propre calotte ?
Car si les forcenés de la conjugalité représentaient la panacée du bonheur satisfait, l’exaltation de l’amour abouti, la quintessence de la béatitude suprême, quand même, ça se saurait depuis longtemps !
Le problème du « mariage gay », et que personne en semble relever, tellement les disputes enflammées et stupides occultent toute possibilité d’élévation du débat, n’est pas dans le second terme de la locution nominale honnie, mais bel et bien dans le premier !
Y a-t-il une seule référence de mariage réussi et épanoui dans la littérature, l’histoire ou la mythologie ? Que nenni… Si l’on excepte peut-être Philémon et Baucis, les vieux mariés de l’Empire inventés par Ovide pour lécher les pompes croisées d’Auguste dans sa grande croisade de conservatisme moral crachant sur les mœurs prétendument dissolue de la République écrasée (et ça ne l’empêchera pas, pauvre poète, d’être exilé de Rome à tout jamais après avoir commis un petit manuel de l’Art d’Aimer pour les nuls – et sans doute aussi pour avoir surpris l’Immense Empereur en très galante compagnie du jeune éphèbe Heinsius …). Sans commentaire !
Sauf à appeler au secours l’oncle Georges qui revendiquait en musique sa détermination à ne pas épouser sa Pupchen : « Sa Déclaration » vous a quand même une autre allure que le classique « Vous permettez Monsieur que j’épouse votre fille/fils ? »…
C’est ça que vous voulez, vous les gays qui étiez si gais, vous les Sapho qui fûtes si libres ? Un fil à la patte, des accordailles de pacotille, un con-cubinage officialisé, un hymen exposé devant Monsieur le maire et le monde entier avant qu’il ne soit explosé par des lois incertaines dans les turpitudes d’un tribunal minable ?
Beurkkk !
Au secours Tadzio ! Que serait devenue votre grâce éthérée d’éphèbe en fleurs au milieu des casseroles de la conjugalité assumée ? Et vous, Alcibiade, figure idéale du démonique ébloui, auriez-vous inspiré tous les élans de l’Eros Socratique dans les odeurs quotidiennes de la cuisine de Xanthippe ?
On n’ose imaginer l’inspiration jaillissante d’ Arthur et Paul empêtrée dans les liens délétères d’accordailles programmées, l’extase langoureuse et la fatigue amoureuse brisées net par un trait de plume sur un contrat de dupes, « Une saison en enfer » transformée d’un coup de balai ménager en mille saisons en ennui…
Ô Virginia, votre folle passion pour Vita/Orlando se fût-elle transformée en « la plus longue et la plus charmante lettre d’amour de la littérature » si elle avait dû affronter les soucis sordides de la cohabitation nuptiale ?
N’en jetons plus, la coupe est pleine de la mortelle cigüe du mariage réclamé.
Reste que, s’il est légitime et démocratique de se battre pour demander un droit, il est totalement stupide et anti-démocratique de manifester à grands cris contre le vote d’un droit annoncé et fiévreusement attendu par certains. Cette loi apportant à ceux qui la demandent mais ne retirant rien aux autres, où peut donc se situer le problème, si ce n’est dans une jalousie morbide ou une pusillanimité rétrograde ?
Depuis quand descend-on dans la rue pour refuser aux autres ce dont on bénéficie soi-même ?
Il semble que ce soit la première fois dans l’histoire de la République, et ça n’est pas à notre honneur ! Moi, j’ai mon hochet mais je ne veux pas que toi, tu aies le même, alors je crie, je hurle, je proteste de toute la force de mon égoïsme forcené. Que diable, on ne parle même pas ici de solidarité, personne ne demandant quoi que ce soit à personne, personne ne prenant quoi que ce soit à personne… Cherchez l’erreur !
Voici venir le trépignement compulsif d’une société malade de ses prérogatives, la stigmatisation facile des « bons » contre les « mauvais », le retour au manichéisme triomphant.
Le mariage est la plus grande illusion de la société, l’un de ses plus grands échecs, la plus stupides des transformations de l’amour et sûrement pas son aboutissement ni son accomplissement. Soit, mais la liberté étant inscrite au fronton des maisons communes, au nom de quoi refuserait-on à certains le choix de s’y précipiter ? A chacun de décider et de prendre ses responsabilités. S’ils courent à la catastrophe, c’est leur problème, pas celui de leurs voisins…
Ca s’appelle l’autodétermination, non ?
Petite parenthèse. J’ai assistée, horrifiée devant ma télé, à la demande impensable d’un haut dignitaire ecclésiastique, et je n’ai lu ni entendu aucune réaction à ce sujet : il a demandé, texto, à ce que « dorénavant na puisque c’est comme ça le mariage religieux soit reconnu par l’état pour faire la différence au moins maintenant puisque tout le monde va pouvoir bénéficier du même droit qu’il reste une sorte de mariage supérieur à l’autre et qu’on ne soit pas tous mis dans le même sac quand même on tient à notre dignité etc etc… »
Hé, Monsieur le prélat de l’Eglise Apostolique et Romaine, revoyez votre Histoire de France : la séparation de l’Eglise et de l’Etat, c’était en 1905 et c’était Briand ! On ne retombe pas dans l’obscurantisme 108 ans après, c’est la crise économique, pas la récession historique !!!
Marions-les, marions-les
Je crois qu'ils se ressemblent
Marions-les, marions-les
Ils seront très heureux ensemble !
Bon, pour le bonheur, c’est loin d’être gagné… mais s’ils y tiennent vraiment ???
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