Il est jean-jean Monsieur Guéant.
Il est périlleux Monsieur Mourad.
Dieudonné dit merci.
Monsieur Guéant est jean-jean. Je devrais mettre des guillemets. Car nous sommes quand même en face d’un homme certes de « l’ombre », mais d’un serviteur de l’état, d’un haut fonctionnaire, passé et formé, pour ne pas dire formaté, par l’Ena et Sciences-Po, celle d’avant Descoing…
Du haut de sa science l’autre jour M. Guéant a eu le vertige sur Radio J (la radio communautaire juive) et il est tombé. N’écoutant que … la bêtise qui sommeillait en lui, il s’est proposé de voir si dans l’arrière boutique de la République il n’y avait pas une loi oubliée (y compris de lui-même) de n’avoir pas servie, qui permettrait de faire taire Dieudonné…
Les remerciements de celui-ci pour le lancement de sa campagne avec fanfare élyséenne sont allés certainement droit au cœur de Monsieur Guéant n’en doutons pas.
Rendez-vous compte, « l’humoriste » antisioniste déclaré, expert en spécialités lyonnaises autoproclamé [1], a eu en effet l’outrecuidance de se laisser aller dans l’arène politique des élections européennes alors que personne ne l’y avait convié. A la tête d’une bande aussi hétéroclite et qu’improbable, en compagnie de l’opni [2] Soral, d’un affable président de PAF [3] qui n’a rien à voir avec la petite lucarne, d’un rabbin antisioniste (ça existe, ils ont tout en magasin), Dieudonné pense que cet « anti » là pourrait être un faux nez présentable de l’antisémitisme et un sujet structurant d’une campagne électorale fut elle européenne. Il croit pouvoir recevoir les voix de ceux qui ont défilé récemment aux cris de « mort à Israël » ou de « nous sommes tous des palestiniens ». Cet ancien comique poursuit une revanche personnelle que l’on peut comprendre quand on voit quel est son talent et son parcours professionnel depuis le 1er décembre 2003 et ce fameux sketch lors d’une émission de MOF dont il aurait du se méfier.
Mais Dieudonné est breton par sa mère et ceux qui l’ont dézingué auraient bien fait d’y penser avant. Le breton est têtu c’est bien connu et il ne lâchera pas « l’affaire ». (Pardonnez-moi pour cette échappée identitaro-essentialisatrice.)
En effet, de fin 2003 à aujourd’hui, Dieudonné a découvert sur le tard que tout ne se vaut pas. Bienvenu au Klub.
Le film de Costa Gavras « Amen » peut laisser planer plus qu’une ambiguité sur les liens entre le crucifix et la croix gammée [4], ça ne dérange pas vraiment les associations petites ou grandes de défense de tel ou tel droit universel et fondamental.
Les « Guignols » de Canal+ peuvent manipuler un pape en latex s’effondrant dans la cocaïne, ou un autre affublé d’un subtil brassard nazi, l’indignation ne sortira pas beaucoup des salons des derniers croyants cathos du coin.
Et je dirais tant mieux. Ce qui est excessif est insignifiant et mieux vaut le traiter par un mépris même pas poli.
En revanche dénoncer dans un raccourci caricatural le terrorisme islamique, ou la dérive à laquelle le sionisme peut mener, là achtung, attention, e pericoloso !!! Ecoutez Stéphane Guillon sur une partie du sujet [5], c’est provoquant de vérité, et chacun ici l’a bien intégré.
Mais revenons à Messieurs Guénant et Mourad.
D’un côté donc nous avons un supposé républicain et démocrate, en réalité un secrétaire très spécial quant à sa conception de la liberté d’expression et qui aimerait bien réduire au silence le triste histrion, même si ce faisant c’est précisément l’expression libre qu’il remet en cause.
De l’autre Monsieur Mourad, chroniqueur sur Oumma Tv, qui lui est trop content de la perche tendue. Il la saisit et nous avoue qu’il en profiterait bien lui aussi pour interdire le vicomte de Vendée, Philippe le joliment nommé de Villiers, suspect, que dis-je coupable, forcément coupable d’islamophobie, puisqu’il ose tenter d’alerter à sa manière très peu « tendance » ses compatriotes des éventuelles petites complications que pourraient produire un islam en France, si celui-ci devenait dominant… Il est pas fin Monsieur Mourad il pourrait au moins attendre les conditions requises pour se laisser aller lui aussi à nous donner un aperçu de sa conception de la liberté d’expression en terre d’Islam. Il reproche au vicomte de ne pas avoir couper le « cordon ombilical » avec sa religion… C’est savoureux à entendre sur une télévision communautaire musulmane.
J’écris ces mots sur un ton badin… mais c’est sérieux tout cela.
Et que faire ? Toujours le même dilemme. Ne rien dire. Ne pas s’exprimer. Pour ne pas être amalgamé. Pour ne pas jeter de l’huile sur le feu. Faire le pari d’un avenir riche de sa « diversité », comme une bonne mousse l’est en chocolat, les pâtes le sont en œufs frais. Je ne suis pas certain que nos « cuistos », chef marmiton compris, soient retenus chez Mc Do.
Après l’école qui a été le premier terrain d’expérimentation de la « diversité » tant vanter, avec les résultats enviables que l’on constate, c’est le champs politique qui commence donc à son tour son enrichissement avec des discours très éloignés des principes républicains et des intérêts de la cohésion nationale. Et l’on risque dans les prochaines années de comprendre ce que changement d’époque veut dire. Les enfants « rebelles » et « sauvageons » des banlieues, leurs frères et sœurs moins agités sont l’avenir du pays. C’est pas moi qui le dit c’est Borloo [6]. Lorsqu’un Monsieur Mourad, puis deux, puis trois, puis autant qu’en proportion de la population, seront élus, ou auront leurs sièges dans les médias, discrimination positive et représentativité obligent, lorsque Monsieur Guénant leur aura ouvert les portes des petites magouilles d’arrière boutique pour s’arranger raisonnablement avec les principes démocratiques et bien ce jour là qui s’approche…
Je ne suis pas assez égoïste pour me dire que je suis trop vieux pour le voir et si tel était mon point de vue je ferais bien d’être attentif car la médecine fait plus de progrès que le débat politique ces derniers temps.
Ce débat politique s’enrichit donc petit à petit, un PMF, un PAF, un MIR, un CRAN, un CRIF, des listes anti-sionistes [7]… mais rassurez-vous, comme les émeutes de banlieues tout cela est social, et tous les bons sociologues formés à l’EHESS, tous les frais diplômés de Sciences Po (fussent-ils fagotés comme des bourgeois) [8] vous le répèteront, jusqu’à ce que vous n’en doutiez plus…
Guéant, Mourad, même combat ?
Non évidemment, l’un est l’idiot utile de l’autre. Devinez lequel.
Réveillez-vous et méfiez vous au moins des accommodements « positifs » [9] d’où qu’ils viennent.
[1] Dieudonné rêve de « glisser des quenelles ». C’est « charmant ». Je rappellerais simplement à Dieudonné que les quenelles c’est très mou…
[2] Faites un effort de déduction.
Soral est cet « intellectuel » français qui se verrait peut-être bien en ministre de la diversité dans une Républislamique… Je plaisante. Mais le garçon est un peu instable et nul ne sait encore quel direction il prendra demain. Peut-être se convertira-t-il au judaïsme… Je plaisante encore. Quoique.
[3] Parti antisioniste français.
[7] PMF = parti des musulmans de France, PAF = parti antisioniste français, un MIR = mouvement des indigènes de la République, un CRAN = conseil représentatif des associations noires, CRIF = conseil représentatif des institutions juives de France. Soyez patients la liste va « s’enrichir ».
[8] Référence à l’interview de l’étudiant de Sciences Po victime d’une agression dans un bus parisien et qui regrettait d’apparaître sous les habits d’un « bourgeois », ce qu’il juge sans doute comme étant une « circonstance incitative », qui pourrait expliquer, sinon justifier sa mésaventure… Sociologie quand tu les tiens.
[9] Expression canadienne pour qualifier les concessions faites à l’islam pour « l’intégrer », je pense que chez nous en France le système optera plutôt pour l’expression « dispositif positif ». Tous les malheurs doivent être « positifs ». La discrimination sera « positive », les statistiques seront « positives », et la laïcité sera « positive ». Le jour ou vous entendez parler de démocratie « positive »…