Mariano Beuve, producteur, par son artiste Princess Erika
Ce lundi soir, j’ai refusé d’aller au concert de Sizzla Kalonji. J’ai envoyé Julien, mon grand, à ma place. Ce lundi soir 26 octobre 2009, c’est officiel : j’ai vieilli. Ou plutôt je me suis rendue compte que je vieillissais. Première et unique cause : la mort d’un proche.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L419xH280/Erika-Mariano-Lavoine-groucho-ebdda.jpg)
Je me suis dit aussi que son chat Rahan devait tourner partout dans la maison à se demander où il était passé. Puis qu’il avait dû se résigner.
Je ne pensais pas que les héros mourraient avant la fin de l’histoire…
Quand Mariano est venu me trouver chez moi dans mon petit pav de Montreuil, j’étais dans une phase assez désabusée, j’avoue. J’aimais toujours la musique mais aller m’exposer avec des chansons, vu l’expérience douloureuse que je venais de traverser et qui portait bien son nom (À l’épreuve du temps), j’étais pas vraiment pour. Lui, il cherchait une artiste à la hauteur de ses ambitions (sic) et me répétait tout au long de notre rendez-vous :
- Non Princess, ce que je veux, c’est une bête d’album, un truc qu’on a jamais fait pour toi !
Au début, il me parle comme un homme qui veut séduire une femme. Puis après, comme à un bonhomme avec qui il doit bosser sans se formaliser. Mariano en studio, c’est souvent très cru : il me recommande les « sacs de frappe », c’est-à-dire des mecs pour baiser et s’amuser, mais surtout pas d’histoires d’amour qui prennent la tête et du temps. Un vrai producteur qui sait être stimulant et protecteur. Je suis son artiste et j’aime ça.
Mariano Beuve, fin 2008
Parfois, il m’énerve à critiquer les gens autour de moi, comme si rien n’était jamais assez bien, ou à être épais avec une choriste, amie de surcroît, à qui il envisage un instant de mettre le jack du micro dans le … !!! Vieilles habitudes de son époque Ministère, même si je sais qu’aujourd’hui c’est plus une posture, un statut à honorer. J’en ai entendu tellement sur leurs frasques et leurs exploits, les tentatives de meurtres, les cavalcades sur les toits, les locks arrachées, les tromperies… j’entendais surtout qu’il a dû beaucoup les aimer. Trop même. Je me dis que Stomy, mon préféré, Kenzy, Passi et Bruno doivent pleurer.
La photo, je l’ai prise au petit café du coin de l’avenue Gambetta tout près de chez lui. On se retrouvait là avant de commencer le travail, ou pour faire une pause, sortir de l’antre, manger un bout (lui commande toujours un Schweppes agrumes), parler… Il sait être réconfortant quand je suis chiante aussi.
Oudima et le chat Rahan
J’emmenais souvent Oudima (le petit dernier), au studio quand on mixait avec Groucho à Marnes la Coquette. C’était cool, il y avait un lac avec des cygnes, on faisait des concours de bouffe : qui cuisine le meilleur plat ce soir ?
Quand je lui ai annoncé la nouvelle, Oudima m’a attrapée par le bras, choqué : « Qu’est-ce que tu me racontes ? » Ben je te raconte la fin de l’histoire, mon fils.
Gabrielle Beuve, la maman de Mariano, le jour de son enterrement
Texte - Princess Erika - Photos - Princess Erika - Ma Solange Oussou
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