Marie Dubois : la nouvelle vague n’est plus, elle non plus
L'actrice française Claudine Lucie Pauline Huzé dite Marie Dubois est née le 12 janvier 1937 à Paris et est morte le 15 octobre 2014 à Lescar (Pyrénées-Atlantiques), atteinte de la sclérose en plaques.
C'était une belle blonde aux yeux bleus, avec un air vif et gourmand de la vie qui la rendait sympathique.
Père comptable, mère secrétaire, elle veut devenir actrice, bien que les mœurs de ce métier soient déconsidérées par sa famille.
Après des cours de la rue Blanche, elle débute au théâtre sous son vrai nom, continue à la télévision dans Les Cinq Dernières minutes (1959) et au cinéma avec Eric Rohmer dans Le Signe du lion (1959).
Elle jouera avec les plus grands, à la télévision, au théâtre, au cinéma, et mènera une vie privée à l'opposé des stars et starlettes, dans la discrétion, en restant mariée plus de quarante ans avec Serge Rousseau (13 mars 1930, 2 novembre 2007), acteur puis agent de comédien, jusqu'à ce qu'il la quitte victime d’un cancer. D'origine modeste, il passait pour un homme d’une grande qualité et d’une grande gentillesse.
Ils auront une fille en 1963, Dominique, qui deviendra aussi comédienne et avec qui elle a dit entretenir des rapports passionnels et passionnés.
C'est François Truffaut qui récolte l'auréole de l'avoir découverte en la prenant dans « Tirez sur le pianiste ». En fait il a été le premier à l'appeler par le pseudonyme de Marie Dubois en hommage à une héroïne d'un roman de Jacques Audiberti.
A peine dans la vie active, elle apprend pour la première fois à 23 ans que la sclérose en plaques l'a prise pour cible. Débord anéantie, elle réagit, se jette dans la vie de plus belle et tourne avec la nouvelle vague, en préférant mettre en avant son talent et offrir sa beauté en bonus.
Elle alterne les films d'auteurs et les films populaires avec entre autres « Jules et Jim » de Truffaut, « Une femme est une femme » de Jean-Luc Godard, « Les Fêtes galantes » de René Clair, « Le Voleur » de Louis Malle, « Vincent, François, Paul » et « Garçon ! » de Claude Sautet, « L'Innocent » de Luchino Visconti, « La Menace » d'Alain Corneau, « Rien ne va plus » de Claude Chabrol et « La Grande Vadrouille » de Gérard Oury.
Mais à la fin des années '70 la maladie réapparaît et la contraint à quitter progressivement les plateaux, sous l'oeil de l'aréopage auto-désigné du cinéma qui lui attribue le César du meilleur second rôle en 1977, juste avant que sa carrière s'arrête.
Le monde politique est davantage à la traîne. Ce n'est qu'en 2013 qu'il s'aperçoit qu'il est passé à côté d'une grande dame et que le ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, lui délivre les insignes de chevalier de la Légion d'honneur.
La sclérose en plaques est une maladie complexe qui apparaît de façon souvent inexpliquée et qui évolue par poussées de façon imprévisible. Elle entraîne la destruction de la myéline, cette gaine qui entoure les fibres nerveuses et les protège. L'influx nerveux n'arrive plus à destination et le malade a de plus en plus de mal à bouger son corps.
« A 23 ans, on ne peut pas croire que la sclérose en plaques puisse vous frapper. C'est pourtant ce qui m'est arrivé »
« Avec elle, chaque geste de la vie quotidienne est un véritable combat »
« Si je n'avais pas eu ma famille et mes proches, je ne sais pas comment j'aurais tenu »
A la fin de sa vie, Marie Dubois avait besoin d'un fauteil roulant.
Elle est partie, veillée par sa fille.
Elle était belle, mais ce qu'on retient d'elle c'est avant tout son humanité, sa gentillesse, sa vitalité.
11 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON