Marie Marvingt… Un sacré mec
… Et même bien au dessus. Marie Marvingt, dite « la fiancée du danger », dite « l’amphibie rouge », « Marie casse-cou », détentrice de 17 records mondiaux et de 34 décorations dont la légion d’honneur a vécu une vie qui en compte bien une vingtaine. Faire la liste de ses exploits doit bien prendre deux pages, car c’était une touche à tout, excellente en tout. [i]
Marie Félicie Élisabeth Marvingt - 1875-1963. Née à Aurillac. Après la mort de sa mère et de ses frères, son père l’aide à s’initier à des sports dont il aurait aimé que ses garçons les pratiquassent, comme la natation, l’escrime, le cyclisme, l’équitation et le canoë. Pour prouver à son père qu’elle « en a », dès ses 5 ans elle est capable de nager 4km dans une piscine. A 15 ans, elle parcourt seul en canoë la distance de Nancy à Coblence en Allemagne soit dans les 300km. En 1889 elle est l’une des premières femmes à obtenir le permis de conduire. En 1905 elle est la première à traverser Paris à la nage soit 12,5 km (enterrée la Hidalgo !). Elle est la première à gravir les Alpes suisses et françaises. Elle est la première à boucler le tour de France. Comme les femmes n’avaient pas le droit de participer, elle suivit de 24 heures toutes les étapes et termina la grande boucle. Sur 110 coureurs seulement 32 la terminèrent… Elle devrait donc être classée 33eme… En 1901, elle obtient son brevet de pilote de ballon libre. Elle obtiendra par la suite trois autres brevets de pilotage, en avion, hydravion et hélicoptère. Entre 1908-1910 elle s’illustre en ski, bobsleigh, luge et patinage où elle obtient 17 titres mondiaux. Au début de la première guerre mondiale elle propose ses services comme pilote mais est refusée dû à son genre. Elle passe une licence de lettre tout en devenant infirmière à la Croix Rouge, tout en étant officier médical, tout en étant correspondant de guerre. Malgré toutes ces occupations, par la suite elle passe les Alpes et devient chasseur alpin chez les italiens. En 1915, elle reçoit la Croix de Guerre et devient à être la première femme engagée dans l’armée de l’air. Pendant ce temps elle envisage de transporter les blessés par voies aériennes et avec un ingénieur elle réalise les plans d’un prototype d’avion ambulance qui malheureusement ne verra pas le jour suite au refus des militaires. Toutefois, et grâce à elle, l’aviation sanitaire était née. Arrivé là, je suis déjà ébahi par son parcours de Mozart du tout !
Et la liste n’est pas close : récapitulons. Sportive de haut niveau, alpiniste, lettrée, infirmière, pilote, journaliste et inventrice. Il faut aussi ajouter qu’elle participa à la vie du Cirque Rancy, où elle s’initie aux arts circassiens : la voici funambule, trapéziste, jongleuse et écuyère. Elle ne néglige pas ses études et étudie le droit et les langues vivantes, elle en parlait cinq… En 1904, elle prend le départ de la course cycliste Nancy – Bordeaux. Les femmes n’étant pas autorisées à porter un pantalon, elle invente alors la jupe-culotte qui facilite le pédalage. Pendant la première guerre mondiale, Marie se déguise en homme pour intégrer le 42e bataillon de chasseurs à pied. Démasquée, elle est autorisée par le maréchal Foch à rejoindre le 3e régiment des chasseurs alpins en tant qu'infirmière. Après la guerre, Marie devient journaliste, correspondante de guerre et officier de santé des armées au Maroc. Elle conçoit des skis métalliques pour permettre aux avions de se poser sur le sable. Invention qui sera reprise pour les atterrissages sur la neige. En 1934 elle réalise le film Les Ailes qui sauvent où elle apparaît. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle sert en tant qu’infirmière de l'air et invente un nouveau type de suture chirurgicale qui minimise les risques d’infections. Le 20 février 1955, pour son 80ème anniversaire, le gouvernement américain lui offre un vol à bord d'un chasseur supersonique. A 84 ans, en 1959, elle passe son brevet de pilote d'hélicoptère et pilote le Djinn, premier et seul hélicoptère à réaction du monde. L’année d’après à 85 ans elle effectue à vélo le trajet Nancy - Paris.[ii]
Elle meurt à 88 ans dans un hospice à Laxou dans un relatif anonymat, bien que Le Monde et les journaux américains The New York Times et le Chicago Tribune lui consacrent une rubrique nécrologique. Cette faible reconnaissance dans ses dernières heures peut s'expliquer par plusieurs facteurs : elle est morte à un âge avancé dans des circonstances quelconques, les records féminins étaient peu reconnus à son époque, ou encore parce qu'elle n'a pas gagné beaucoup d'argent, n'étant payée que pour son travail de journaliste. De plus, elle refusera de se marier et d’avoir des enfants, il y eu donc personne dans son entourage proche pour porter sa mémoire et ce sont des années plus tard qu’elle fut redécouverte comme étant une des premières femmes françaises à investir au début du XX e siècle le champ des activités sportives réservées aux hommes (alpinisme, ski, bobsleigh, patinage, cyclisme, natation, aviation). Alors qu’à cette époque le rôle de la femme était exclusivement dévolu à la maternité et à l'entretien du foyer. Elle s’est lancée à la conquête de records et d'exploits qui feront d'elle une héroïne de la Belle époque.[iii]
Elle aura eu un impact énorme sur l’histoire de l’aviation et sur les femmes dans l’aviation. Avec 34 médailles et décorations, Marie Marvingt est à sa mort la femme la plus décorée de France. Heureusement, des rues, de nombreux établissements scolaires et sportifs, portent aujourd’hui son nom. Il y a même eu une journée Marie Marvingt le dimanche 16 juin 2024 à l’aéroport de Nancy.
Total respect à toi Marie Casse-cou qui vola bien plus haut que les nuages. RIP+ et on peut se demander pourquoi une telle femme n’a pas le droit d’être présente au panthéon des grands français ?
Georges ZETER/novembre 2024
Video : No Women, No Fight - Marie Marvingt
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