Marine Le Pen en meeting, propagande subliminale ?
Au constat du score du FN au premier tour de cette présidentielle, l'avancée des partis d'extrême droite en Europe ne cesse d'augmenter comme pour la Suisse, la Norvège, la Finlande où le Vrai Finlandais est devenu la troisième force politique de ce pays. J'ai suivi tous les meetings des candidats à Marseille. Voici celui de Marine Le Pen, impressionnant.
L'avancée des partis d'extrême droite en Europe ne cesse d'augmenter comme pour la Suisse, la Norvège, la Finlande où le Vrai Finlandais est devenu la troisième force politique de ce pays. J'ai suivi tous les meetings des candidats à Marseille. Voici celui de Marine Le Pen, impressionnant.
Dimanche 4 mars, à 14h, les portes du Palais de l'Europe au parc Chanot s'ouvraient. Environ trois cent cinquante personnes attendaient. Ambiance neutre, pas du tout excitée, presque bon enfant. Quelques-uns parlaient entre eux au sujet d'une centaine de manifestants issus pour la plupart du Maghreb, défilant dans les rues marseillaises pour dénoncer la venue de Marine Le Pen à Marseille, bafouant les lois de l'intégration. Le mot "gris" circulait beaucoup, repris par beaucoup de personnes. Gris ? Pourquoi gris ?
Après avoir payé cinq euros, de jeunes hôtesses tamponnaient le dessus de la main d'un rond dans lequel figuraient deux initiales indéchiffrables. Elles donnaient un pin's (clignotant) que tous les militants agrafaient sur leur revers ou décolleté en se précipitant pour avoir les meilleures places dans l'immense salle. La scène entourée de spots tricolores dégageait un brouillard de fumigène. La salle, très vaste, sans gradins, était parsemée de drapeaux. Chaque chaise était couverte de prospectus de parrainages et de propagande de réservation pour le grand meeting du 17 avril à venir au Zénith de Paris.
Une heure plus tard, trois mille militants, pour la plupart Marseillais, affolaient la température sans l'aide d'aucun chauffeur de salle. Rien à voir avec le meeting de Sarkozy où les personnes présentes venues de la région (très peu de Marseillais) ne réagissaient que mollement à la claque des jeunes militants UMP.
Ici, dans le Palais de l'Europe, la grande majorité des militants venait visiblement de milieux très populaires mais, à côté de moi, une pharmacienne et une commerçante aixoise...
Ils agitaient leurs petits drapeaux en criant avec force le prénom forcément sublime, "Ma-ri-ne !" "Ma-ri-ne !". Revenaient les mêmes conversations qu'au meeting de Sarkozy, à croire que les seuls problèmes dans ce pays ne peuvent venir que de la communauté musulmane donc maghrébine, qui, à Marseille, représente 13% de la population où plus de 53% des jeunes de moins de 18 ans sont d'ascendance étrangère dont 40% d'origine maghrébine, subsaharienne ou turque.
Sans être vu par l'ensemble de la salle et par une entrée près de la scène, Jean-Marie Le Pen a gagné le premier rang dans un remous assez canalisé rejoignant l'avocat Gilbert Collard très entouré par les médias.
Dans une obscurité ciblée, sur le Boléro de Ravel, comme une cocotte minute en attente de l'explosion, tous les regards des militants se tendaient vers l'arrière de la salle où la garde de leur star s'était déjà placée en haie de sécurité.
Quand Marine Le Pen est arrivée dans son cordon en plein milieu de la salle, j'ai pu mesurer son incroyable popularité. Tous les gens sont montés spontanément sur leur chaise et hurlaient La Marseillaise. Grande, environ 1m75, tout de noir vêtue, assez belle, elle a vraiment fait une entrée à la Sarkozy, une sombre madone blonde, rieuse et vénéneuse.
Dans son discours axé en grand majorité sur l'immigration et sa nostalgie de l'autorité des profs, des instituteurs "dont on n'ose plus prononcer le mot instituteur", ou l'autorité parentale fusillée par "mai 68", elle a fait un copié-collé du discours de Nicolas Sarkozy sur les cantines scolaires, a ironisé sur "et où il est le karcher !" à qui une militante a répondu en criant, "en Nollande !
Elle a d'ailleurs traité plusieurs fois Hollande de "siamois" de Sarkozy. Le nom du premier a été beaucoup plus hué que celui du second pendant tout le meeting. A l'applaudimètre, au FN, on a visiblement moins d'affinités avec le PS qu'avec l'UMP... Elle n'a pas abordé le retour de la peine de mort qu'elle préconise et le refus de rembourser l'avortement à celles qui s'en servent de moyen de contraception, c'est déjà ça, je ne sais pas si je l'aurais supporté.
Dans la salle, les invectives fusaient sans arrêt dans une bonne ambiance fêtarde, une sorte de loto de fin d'année où tout le monde se retrouve et se comprend. "Rends-nous la France !", "Marine on t'aime !", "débarrasse nous de cochonnet !" (Hollande), "on veut plus de gris !", beaucoup de militants avaient dans les yeux une véritable soumission béate devant la belle au pupitre, de vrais disciples. Surtout les hommes d'une génération plus ancienne, pieds-noirs, criant sans pudeur leur haine de "l'arabe".Revenait souvent le mot "Ca-yen-ne !" "Ca-yen-ne !", qui était scandé dès que Marine Le Pen retournait sur ses terres de prédilection racistes. Il y a quand même eu un "Débarrasse-nous des Guérini !".
Une heure et demie de discours. Dès le dernier mot prononcé, le père, Jean-Marie, est alors monté sur la scène sous une colossale ovation de mutants en transes. Incroyable popularité !
Un canon de paillettes aux couleurs nationales a arrosé le duo mythique pendant que tous entonnaient La Marseillaise à se décoller la plèvre. J'ai vraiment cru que Le Pen ne fasse en direct un malaise tant il a mis du cœur à chanter.
Et puis tout le monde est parti en se congratulant. Dehors, la foule attendait en une haie d'honneur les voitures du père et de la fille. Les gardes du corps, totalement caricaturaux, en faisaient des tonnes et pavanaient leur charnier mental devant les militants prêts à lancer un dernier "Marine je t'aime !" à la vitre noire blindée. Ah ! J'oubliais, peut-être le principal…
Dans le premier quart d'heure, sur le problème grec et après avoir menacé de sa voix métallique, "la pente qui pourrait nous entraîner vers un lent et violent chaos social, la Grèce pour horizon !", montrant une pseudo ligne d'horizon de l'affiche de Nicolas Sarkozy, lentement, une posture étudiée, elle se met de profil, lève le bras droit, main à plat et tient la pose plusieurs secondes..., un temps de stupeur et le public qui s'électrise, qui interprète comment ?, petit sourire de Marine Le Pen.
Elle a fait exprès ou pas ? Climat subliminal ? A ce stade-là, chaque geste est étudié comme dans un show et ce sera d'ailleurs la seule longue posture de son meeting car elle restera derrière son pupitre jusqu'à la fin.
Capture d'écran sur la chaine parlementaire LCP
Voici le lien, mettez sur 3'07'' jusqu'à 3'12'', soit presque 10 secondes de geste fixe : Cliquez ici (LCP Public Sénat)
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